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Lee Hae-jun et Kim Byung-seo : tandem inattendu

2020-01-08

Séoul au jour le jour


Le réalisateur Lee Hae-jun est de retour pour « Ashfall » en duo avec Kim Byung-seo, chef opérateur bien connu. Ce tandem d'un réalisateur scénariste et d'un chef opérateur lui aussi scénariste peut intriguer. C'est assez rare, en Corée du Sud, pour ne pas y voir un signe de l'évolution du milieu du cinéma et un signe de la concentration autour de quelques personnalités de la blockbustérisation des films actuels.


* Lee Hae-jun et les premiers succès

Lee Hae-jun a connu une carrière ascendante très rapide d'abord comme scénariste puis comme réalisateur. En 2000, à 27 ans, il co-signe le scénario de « Coming Out », un moyen-métrage de 40 minutes tourné par Kim Jee-woon. Cette histoire de vampirettes, tournée en vidéo, fait le tour des festivals. Lee continue sur sa lancée avec des scénarios de long-métrages comme « Conduct Zero », « Au revoir UFO » et « Antartic Journal », un thriller psychologique de Yim Pil-sung, un autre collaborateur de Kim Jee-woon. Mais Lee veut réaliser et il le fait avec « Like a Virgin » en 2006. Cette histoire de teenager travelo obèse adoratrice de Madonna et cherchant à changer de sexe détonne dans le paysage aseptisé des films de l'époque. Le film fait le tour des festivals et le célèbre producteur en vogue à l'époque Cha Seung-jae le prend sous son aile.


* Castaway On The Moon et première collaboration

C'est sur « Castaway On The Moon » que Lee Hae-jun et le chef opérateur Kim Byung-seo collaborent pour la première fois. Cha Seung-jae, en difficulté a laissé la production, plus commerciale, à Cinema Service de Kang Woo-seok. Lee y peaufine ses personnages de marginaux avec un homme d'affaire au bord du suicide qui décide de s'isoler sur une petite île du fleuve Han, au beau milieu de Séoul. On perçoit les hésitations de Lee entre film comico-romantique (demandé par sa production) et sa propre inspiration sur l'aliénation moderne. Le faible succès de ses deux premiers films vont freiner une carrière qui pourtant démarrait sur les chapeaux de roues.


Du côté de Kim Byeong-seo, l'ascension est aussi rapide et perdure. Avant « Castaway... », il avait connu les succès de « Shiny » puis de « Go Go 70's ». Et il va enchaîner avec « Season of Good Rain », « Hindsight » et surtout le blockbuster sino-coréen « Dangerous Liaisons ». Ce sera une étape, pour lui, vers les gros budgets et les films d'action où la pression sur le chef opérateur est énorme.


* Un retour en demi-teinte

Kim Byeong-seo est au top des cameraman de Corée du Sud après les blockbusters « Dangerous Liaisons » et « Cold Eyes », thriller d'action dont il est aussi le réalisateur, il va pourtant aider au retour de son compère Lee Hae-jun dont la carrière stagne. Il a fallu cinq ans à Lee pour retrouver un petit budget pour « My Dictator » en 2014. On y retrouve son goût des personnages hors norme avec un acteur paumé à qui on a proposer de jouer les doubles du dictateur nord-coréen Kim Il-sung, et qui n'arrive plus à ce débarrasser de ce qui était son meilleur rôle. Folie douce et relation père-fils repensée dans le cadre de la société autocratique coréenne sont au rendez-vous d'un film porté par les stars Park Hae-il et Sol Kyung-gu. Malgré le scénario original et la participation de Kim Byung-seo, le film ne trouve pas son public. Lee retourne alors à l'écriture de scénario pour « Golden Slumber » qui est en fait une adaptation poussive d'un best-seller nippon. Le film fonctionne moyennement, et c'est encore Kim Byung-seo qui va revenir épauler le difficile retour d'un Lee Hae-jun incorruptible, du moins jusque-là.


* Kim Byung-seo et la caméra des blockbusters

Le blockbuster « Ashfall » est donc bien plus dans la trajectoire de Kim Byung-seo que dans celle de Lee Hae-jun. Après s'être fait remarqué pour avoir diriger et filmer ce qui est rare en Corée du Sud - « Cold Eyes », premier blockbuster – très moyen - signé après un chef opérateur, Kim est de tous les gros projets : « Memories of Sword » en 2015 où il tente de faire merveille en inventivité filmique avec un mauvais scénario. Puis « Love, Lies » et ses beaux costumes, et « The Priests » avec ses références aux films d'horreur 70's.


Mais ce sont les deux super budgets de « Along with the Gods » qui orientent clairement la carrière et le style de Kim vers l'action bodybuildée. Juste avant « Ashfall » il est déjà à la caméra derrière Ha Jung-woo pour l'étrange « Take Point » et son histoire rocambolesque de dictateur nordiste à sauver des méchants Américains.


Pour « Ashfall » Kim veut être à la réalisation et laisse sa caméra à Kim Ji-yong un autre cameraman proche de Kim Jee-woon (avec A Bittersweet Life, Doomsday Book, The Last Stand, The Age of The Shadows, etc) et comme lui, de plus en plus demandé pour les blockbusters (comme « Fortress » par exemple). Pour le scénario, c'est donc Lee Hae-jun qui est chargé de le pimenter à sa façon. Revoilà donc le tandem reformé et chargé à bloc avec un budget de 17 millions de dollars.

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