Aller au menu Aller à la page
Go Top

La génération Y dans le gukak

#Aux sources de la musique coréenne l 2020-12-09

Aux sources de la musique coréenne

La génération Y dans le gukak

Ils appartiennent aux milléniaux, ou génération Y, et sont donc nés dans une Corée du Sud fortement occidentalisée au niveau culturel. Aucun d’entre eux ne compte parmi leurs aïeux un musicien de gukak, joueur de gayageum ou chanteur de pansori par exemple. Et pourtant, ils adoraient, dès leur jeunesse sans doute, le rythme particulier de la musique traditionnelle de leur pays, au point de faire carrière finalement dans ce domaine. Etait-ce par envie d’être différents des autres, de s’affirmer par leur originalité ? Un désir communément partagé justement, semble-t-il, par les milléniaux.

 Parmi ces originaux d’une certaine manière, il y a Torys, un groupe de chanteurs crée en 2003. Le groupe a-t-il été baptisé de la sorte pour exprimer un attachement à la particularité, voire originalité ? « Tory », un nom commun, désigne une variante régionale d’un chant folklorique. En fait, rappelons que la Corée est un pays montagneux. S’agissant de certaines régions séparées les unes des autres par une chaîne de montagne, la langue coréenne parlée dans chacune d’elles est marquée par un accent qui lui est propre. D’où les versions légèrement différentes du même chant folklorique selon les régions. Le groupe Torys, « tory » avec un « s » indiquant le pluriel, s’est intéressé à cette particularité régionale et chante essentiellement les variantes relativement peu connues d’une chanson traditionnelle. Une autre manière de marquer leur originalité : les 5 membres de Torys les chantent sans accompagnement instrumental. C’est effectivement le seul et unique groupe de chanteurs « a cappella » en gukak.

Quant aux deux chanteuses appartenant à la génération Y, certains ont sans doute découvert l’une d’elles, Chu Da-hye, au sein de la bande Singsing, un groupe de musiciens de gukak, mais qui, par leurs costumes extravagants et par une performance ultra-moderne sur scène, risquait de déstabiliser le public habitué au spectacle traditionnel. La bande Singsing ayant été dissolue, la chanteuse a réuni autour d’elle trois garçons, deux guitaristes et un batteur, pour créer un groupe musical portant son nom : Chudahye Chagis. Le répertoire de celui-ci est inspiré essentiellement de la musique chamanique qui est, selon certains, à l’origine du gukak.

 Quant à l’autre chanteuse, Yi Na-rae, membre du groupe InalJ Band, elle s’est intéressée à un numéro de pansori perdu : « Le Chant de Byeongangsoe ». On connaît l’histoire raconté dans ce récit chanté, une histoire assez populaire par ailleurs qui met en scène un effronté éponyme, un homme sans aucun scrupule donc. Mais comment a-t-elle été chantée ? On l’ignore. Peut-être que ce numéro de pansori a fini par ne plus être chanté du fait d’une autocensure. Il comporte effectivement plusieurs épisodes choquants pour les bien-pensants, celui qui raconte une profanation par exemple. Byengangsoe a osé arracher des « jangseung », des totems en bois protecteurs de son village. L’a-t-il fait pour lutter contre la superstition ? Non, il avait tout simplement besoin de fagots pour chauffer sa maison, pour satisfaire sa femme Yongnyeo qui se plaignait du froid, à chaque fois que son mari la quittait au lit. Vous imaginez par-là de quelle histoire il s’agit dans ce numéro de pansori. Le profanateur devra payer cher le sacrilège. Il se trouve entouré des « jangseung » qui sont venus des quatre coins du pays pour se venger. La chanteuse Yi Na-rae a fait appel à son génie musical pour chanter cette scène à la manière d’une chanteuse de pansori. 

Goreyah, voilà encore un groupe de gukak composé de musiciens de la génération Y et qui est en activité depuis 10 ans. Que signifie son nom ? Notons d’abord que les sud-Coréens appartenant aux milléniaux comme ces musiciens semblent être intéressés en particulier par les jeux de langue. Ils ne cessent effectivement d’inventer des néologismes, histoire de chercher à s’affirmer face à leurs ainés par leur propre langage sans doute. Leurs inventions langagières relèvent assez souvent, il faut bien le dire, du barbarisme. Quant au nom de notre groupe de musiciens, qui est un néologisme justement, il peut être admiré, même par les puristes, pour la finesse d’esprit dont il fait preuve. « Go » en caractère chinois veut dire « ancien » ; « rae » également en sinogramme « venir » ou « être originaire de » ; et « yah » «attirer ». Le tout, un terme inventé conformément à la grammaire du chinois classique, diraient les sinologues, se fait entendre : « quelque chose d’ancien qui est redevenu attractif ». Cela exprime bien la volonté du groupe Goraeyah qui envisage de remettre le gukak au goût du jour. A-t-il pensé aussi que « goreyah » peut sonner comme « korea » ? Ce serait alors génial. En réalité, le répertoire de notre groupe est une musique fusion, orchestrée par des instruments de musique coréens et occidentaux.


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Le Chant des oiseaux » par Torys.

2. « Aehepri songeoya » par Chudahye Chagis.

3. « Le Chant de Byeongangsoe » par Yi Na-rae. 

4. « Tu es mon destin » par Goreyah.

Contenus recommandés

Close

Notre site utilise des cookies et d'autres techniques pour offrir une meilleure qualité de services. En continuant à visiter le site, vous acceptez l'usage de ces techniques et notre politique. Voir en détail >