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« Ashfall » réchauffe la tradition au nucléaire

2020-01-15

Séoul au jour le jour


Le blockbuster « Ashfall » alias « Baekdusan » marque la blockbustérisaton croissante des films sud-coréens à coup de milliards de won et de superstars bankables. Au passage, il dispense quelques tropes autour de la réunification des deux Corées, mont Baekdu oblige, et de l'arme nucléaire made in North Korea.


* La voie hollywoodienne

Même si les Américains en prennent pour leur grade dans l'histoire, le modèle du film est le film catastrophe 70's hollywoodien voire le modèle des années Bush père et fils. Notons au passage que le genre du film catastrophe se répand sur la péninsule depuis « Haeundae » et le plus percutant « Pandora » qui voyait le nucléaire, très présent en Corée du Sud, comme un danger immédiat plus réel que symbolique comme dans ce film. Ici, nos héros du Nord (Lee Byung-hun) et du Sud (Ha Jung-woo) doivent atomiser à la bombe H le fondement du volcan redevenu actif du mont Baekdu à la frontière sino-nord-coréenne. Pyongyang possède l'arme nucléaire en kit, c'est connu. Sacrifice pour sauver le monde, épouse éplorée enceinte, amitiés viriles : toute la panoplie du film catastrophe hollywoodien atomise les yeux des spectateurs distraits.


* Le contexte explosif coréen

C'est connu : c'est en entretenant l'altérité, en gardant l'image des autres à distances qu'on resserre les rangs chez soi. C'est donc autour de la montagne sacrée coréenne – celle du père fondateur Dangun et celle dont descendrait la dynastie Kim nordiste - que les héros du Nord et du Sud maintiennent à distance les sournoises menées chinoises et américaines. La Corée - réunifiées ou non - sous influences étrangères est un thème classique, ici réchauffé au nucléaire. Rappelons le sous-texte nucléaire local : au Nord, on se vante d’avoir de toutes sortes de missiles à dimensions variables ; et au Sud, il y a presque plus de centrales nucléaires au mètre carré qu'en France, c'est dire. Ce qui stresse énormément les dirigeants toujours à guetter le moindre tremblement de terre qui mettrait la péninsule à feu et à sang. Rappelons aussi le désastre nippon de Fukushima, dont les eaux contaminées, un temps retenues sur place par les petites mains magiques des dirigeants japonais, sont en passe de se rependre librement dans la mer aux abords des côtes de pays du Matin clair. Il y a donc de quoi faire des films sur le sujet (voir l'excellent « Stop » de Kim Ki-duk sur ce thème). Finalement, « Ashfall », rassure le chaland sur le nucléaire à la manière des films catastrophes de l'ère Bush aux USA, comme « Armageddon », par exemple. Le nucléaire, jusqu'ici, a aussi du bon, disent-ils à l'abri de leur bunker souterrain.


* L'âge du blockbuster

Au final, derrière du déjà-vu à foison, « Ashfall » est une célébration de la puissance de l'industrie sud-coréenne du film. On a peu de nouvelles de celle du Nord, mais on imagine qu'ils doivent bien rire de la façon dont ils sont dépeints dans le film qui, au passage, détruit en images quelques unes de leurs villes. Les 18 millions de dollars du film sont surtout partis en fumées volcaniques dans les retouches dessinées sur ordinateurs de Dexter Studios, structure incontournable depuis les succès des « Along With the Gods ». Quant au tandem de réalisateurs, Lee Hae-jun supposé être un « pimenteur » de scénario, et Kim Byung-seo supposé être un ninja de la caméra, on cherche encore leur influence sur un film qui a toutes les saveurs douces-amères des productions CJ Entertainment.

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