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Space sweepers : blockbusters et Netflix

2021-01-13

Séoul au jour le jour


Le film « Space Sweepers » de Jo Sung-hee avec Song Joong-ki et Kim Tae-ri est un marqueur à plusieurs niveaux de la situation actuelle du cinéma sud-coréen. Il est le plus gros budget du cinéma local, le premier film à s'aventurer dans le « space opera », le premier film dont la version web-toon est sortie avant la diffusion et un nouveau blockbuster local à sortir sur la plate-forme américaine Netflix. Que se passe-t-il dans l'espace ? C'est ce que nous allons voir.


* The Expanse version sud coréenne

L'intrigue du film est bien connue du fait des délais multiples qui ont forcé les distributeurs à différer sa sortie. Du coup, beaucoup ont déjà lu le web-toon que le film a inspiré et qui a été publié sur kakaotoon. En 2092, un groupe de chasseurs de débris spatiaux embarqué sur le « Victory » piloté par Song Joong-ki s'en donne à coeur-joie pour faire de l'argent. En effet, malgré la technologie de pointe de l'humanité de cette époque, la Terre est presque détruite par la pollution, rien de vert n'y pousse plus. Malgré la technologie ou plutôt grâce à elle, les nantis internationaux se sont fait construire un monde habitable dans l'espace. Les chasseurs du vaisseau sont des sortes de migrants, etc. Ceux qui ont vu des séries comme « The Expanse » ne seront pas surpris. Bien sûr, il y a un robot joué par l'excellent Yoo Hai-jin et bien sûr il y a une superwoman, « Metoo » oblige, interprétée par Kim Tae-ri qui est la capitaine du vaisseau spatial.


*Gros budget et effets spéciaux

Ceux qui voulaient voir des effets spéciaux ne seront pas déçus. Le budget de 22 millions de dollars, est supérieur à des films à 10 millions de dollars comme « Parasite » et « Train to Busan » et même à « Train to Busan 2 : Peninsula » avec ses « petits » 16 millions de dollars. Bref, il s'agit d'un film budgétisé au moment des succès internationaux de « Burning » de Lee Chang-dong, de « Train to Busan » de Yeon Sang-ho et de « Parasite » de Bong Joon-ho. Et ceci, dans l'euphorie d'une conquête de l'espace non pas interstellaire mais de l'espace du marché américain par CJ entertainment. Las, le corona virus est passé par là et a rincé les ambitions des distributeurs sud-coréens. Est-ce que cela veut dire que « Space Sweepers » est le premier et le dernier film de space opera sud-coréen ? Rien n'est moins sûr. En attendant, une nouvelle frontière esthétique a été franchie.


*Space opera

Une nouvelle frontière a donc été franchie dans le cinéma sud-coréen grâce à ce film. Ce n'est pourtant pas le premier film de SF, loin de là, ni même le premier film à se dérouler dans l'espace. Citons simplement le célèbre « Natural City » adapté du célèbre « Blade Runner » et dont l'action se passe souvent dans un vaisseau spatial. Mais « Space Sweepers » va plus loin dans l'espace en ajoutant toute les techniques mises au point dans les films comme « Interstellar » ou « Gravity », et dans les séries comme « The Expanse » et « Lost in Space » voire « The Mandalorian ». Ce petit pas en avant est nouveau pour l'industrie du film locale. Le sous-genre de la SF qu'est le space opera a déjà une longue histoire au cinéma. Sans remonter au « Voyage dans la Lune » de Mèlies, on peut citer les avancées cruciales que sont « 2001 Space Odyssey » de Kubrick ou encore « Star Wars » de Lucas. L'évolution dans laquelle s'inscrit le nouveau sous-genre sud-coréen est aussi celui du post-moderne avec la critique de la techno-science et la recherche d'un retour aux racines naturelles. L'apport récent au genre vient de l’introduction de la lutte des classes qui s'étend à tous le cosmos et devient un enjeu non seulement économique et social mais aussi naturel et écologique lié à la survie d'une grande partie de l'humanité.


*Plate-forme

Enfin, il faut à nouveau signaler que la sortie directement sur Netflix de « Space Sweepers » vient après d'autres blockbusters sud-coréens : celle de « Time to Hunt » d'abord, puis celle de « The Call ». Une comédie est aussi sorti le 1er janvier : « What Happened to Mr Cha ? ». Les séries sud-coréennes ne sont pas en reste avec « Sweet Home », un thriller en 10 épisodes et « The Uncanny Counter » adapté d'un web-toon de super héros. Il faut rappeler que si la pandémie a accéléré le processus, déjà Bong Joon-ho avait ouvert la porte en réalisant « Okja » directement pour Netflix. Bref, le nouvel espace traversé par le vaisseau « Victory » n'est pas seulement dans le cosmos mais aussi dans la globalisation des marchés interconnectés des films à venir.

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