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Mort de Kang Soo-yeon, égérie du cinéma en Corée du Sud

2022-05-25

Séoul au jour le jour

ⓒYONHAP News

Nous ne sommes pas habitués aux nécrologies. Mais c'est une bien triste nouvelle que la mort subite de l'actrice Kang Soo-yeon, égérie du cinéma local des années 1980-90. Elle avait à peine 55 ans. Même si depuis quelques années, on ne la voyait pas souvent sur les écrans petits ou grands, on savait qu'elle avait rejoins le tournage du nouveau film de science-fiction de Yeon Sang-ho après la série « Hellbound ». En attendant de la retrouver dans ce film, repassons les grands moments de la carrière de l'actrice.



* Années 1980

Kang Soo-yeon est pratiquement née dans le cinéma. Elle jouait des petits rôles d'enfant dès son plus jeune âge, au cinéma et à la télé. Sur le petit écran, elle a engrangé sept « dramas » avant de percer au cinéma et de quitter le petit écran pour longtemps. En effet, c'est en 1987 dans le film « La Mère porteuse » de Im Kwon-taek que Kang Soo-yeon obtient un premier vrai succès alors qu'elle n'a que 18 ans. Elle reçoit le prix de la meilleure actrice au festival de Venise, dans l'une des premières sélections en festival international de films coréens (avec « Chilsu et Mansu » de Park Kwang-su au festival de Locarno). La première vague du cinéma sud-coréen est en marche, et Kang Soo-yeon va devenir son égérie avec ses traits fins, sa nonchalance sensuelle et son regard intelligent. Pourtant, les temps sont encore durs pour les actrices locales, après une série de films sans envergures, il lui faut attendre 1989 et encore Im Kwon-taek pour obtenir un succès avec « Plus haut, encore plus haut ». Cette histoire de nonne bouddhiste violée permet à Kang, qui s'est rasée la tête pour le rôle, de remporter le prix de la meilleure actrice au festival de Moscou.



* Egérie de la nouvelle vague, mais...

La carrière de Kang Soo-yeon est au plus haut avec ses deux prix internationaux de meilleure actrice. Cependant sa carrière ne décolle pas. C'est que le cinéma de la nouvelle Corée du Sud démocratique, à partir de 1988, est encore dans les limbes. Kang rempile donc dans les mélos à tendance érotique. C'est le cas de "All That Falls Has Wings" en 1990 aux côtés de Son Chang-min et de la future star Choi Min-sik. Le film est un gros succès pour l'époque et Kang Soo-yeon rafle le Gand Bell, le Blue Dragon et le Baeksang awards, les trois grands prix locaux du cinéma. Mais dès l'année 1991, elle rejoins la nouvelle vague avec des films comme « Road to the Racetrack » de Jang Sun-woo et « Berlin Report » de Park Kwang-su. Ces films de critique sociale pro-démocratie vont faire émerger le cinéma sud-coréen sur la scène internationale. Dans « Berlin Report », Kang joue une française d'origine coréenne qui a une liaison avec un reporter interprété par l'autre égérie de la nouvelle vague Ahn Sung-gi. Moon Sung-geun est aussi de la partie.



* Fin de la nouvelle vague et ralentissements

Kang Soo-yeon n'était pas une stakhanoviste des tournages. Malgré ses succès commerciaux et ses succès critiques avec la nouvelle vague, elle ne tourna pas beaucoup. C'est en 1998 et 1999 qu'elle apparaît dans ses meilleurs films, qui sont aussi la marque de la fin de la nouvelle vague. En effet, l'ère des blockbusters des monopoles de production-distribution a déjà commencé. Dans « Girl's Night Out », en 1998, le premier film du désormais célèbre Im Sang-soo, elle incarne aux côtés de Jin Hee-kyung et Kim Yeo-jin, une nouvelle génération de femmes qui n'a plus peur de parler de sexe et de politique. Les rôles masculins du film sont aussi des vedettes : Sol Kyung-gu et Cho Jae-hyeon. Le film fait scandale, comme la plupart des films de Im Sang-soo, mais le scandale a du succès. Le film fait le tour des festivals internationaux. Dans « Rainbow Trout » de Park Jong-won sur un scénario du célèbre Kim Dae-woo, elle retrouve Sol Kyung-gu pour un portrait de la nouvelle génération de Coréens corrompus par la société marchande et spectaculaire. Activiste pro-démocratie dans les années 1980, ils sont désormais des consommateurs avides de se conformer au diktat de la compétitivité et de la réussite sociale capitaliste, et ceci aux dépens de leurs amis et de leurs convictions de jeunesse. Triste bilan, le film marque aussi la fin de cette vague de films en Corée du Sud. Kang Soo-yeon ne trouve pas rapidement de place dans les blockbusters qui commencent à affluer.



* Fin de carrière

Alors que l'actrice n'a que 30 ans, sa carrière se ralentie sensiblement. Les réalisateurs de la nouvelle vague ne tournent presque plus. Kang rempile à la télévision pour un drama à succès « Ladies of the Palace » en 2001. Elle finit par jouer dans un blockbuster néo-nationaliste « Hanbando » qui se plante copieusement en 2006. En 2007, Jeon Soo-il lui donne un rôle dans « With the Girl of Black Soil », mais la carrière de l'actrice est en sourdine pour des raisons encore peu claires. En 2011, elle retrouve son mentor Im Kwon-taek pour « Hanji », film de fin de carrière. Survient alors l’affaire du festival de Busan, de l'éviction de son équipe et de l'apparition de Kang Soo-yeon en co-directrice de substitution. Elle quitte Busan en 2017. Un peu après l'annonce de son retour au cinéma pour « Jung_E » de Yeon Sang-ho, l'actrice est retrouvée morte chez elle des suites d'une crise cardiaque et d'une hémorragie cérébrale.

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