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Les belles kisaeng

De leur vivant, elles ont séduit les mondains. Après leur mort, leur beauté légendaire et les anecdotes, parfois incroyables, sur elles ont inspiré et continuent à influencer les artistes, notamment les musiciens. Il s’agit des célèbres kisaeng, les demi-mondaines de la dynastie Joseon.


La plus célèbre parmi elles est sans doute Hwang Jini, une des rares kisaeng par ailleurs dont l’existence est incontestable et incontestée grâce à ses écrits. De cette femme qui, outre sa grande beauté, était dotée de multiples talents, plusieurs poèmes nous sont parvenus. Une femme cultivée donc. Elle est effectivement née dans une famille qui avait les moyens pour lui offrir une éducation. Alors qu’elle n’était donc nullement destinée à devenir une kisaeng, c’est, selon une légende, de son plein gré qu’elle aurait choisi ce métier peu noble.


C’est une révélation qui l’a amenée à faire son choix. Un jeune garçon, son voisin, était secrètement amoureux d’elle et, désespéré de sa passion inavouable, s’est finalement suicidé. Ayant appris cette histoire à la fois tragique et choquante, il semble que Hwang Jini ait culpabilisé au point de décider de devenir la femme de tout le monde en quelque sorte. Ou peut-être que c’était une dame particulièrement attachée à la vie libre, si bien qu’elle s’est refusée à demeurer fidèle à un seul homme.


Hwang Jini, devenue kisaeng, a effectivement multiplié les conquêtes masculines parmi lesquelles figurait même un grand moine bouddhiste, Jijok. Certains de ses poèmes sont des hymnes à l’amour. 


Quant à une autre célèbre kisaeng de Joseon, Maechang, elle a entretenu une relation d’amitié amoureuse avec un certain Heo Gyun à qui l’on attribue « La Légende de Hong Gildong », l’un des premiers romans écrits en « hangeul », l’alphabet coréen.


Une anecdote nous apprend qu’elle était en réalité sincèrement amoureuse de lui, sans toutefois oser lui avouer sa passion, car son bien-aimé, un noble, ne voyait en elle qu’une amie. Etait-ce un coup de tête ? Une hardiesse provoquée par l’impassibilité de l’homme dont elle était secrètement éprise ? Selon la légende, il lui est arrivé de chanter publiquement son amour secret en jouant du geomungo. Ayant appris cela, Heo Gyun lui a écrit pour exprimer sa mauvaise humeur. Il dit : « Ceux, qui ont écouté votre chant, se seraient moqués de vous et de moi. C’est d’autant plus injuste pour moi que je ne partage point vos sentiments. » La pauvre kisaeng aurait rougi de honte. Les personnes, qui connaissent la douleur d’aimer sans l’être en retour, l’auraient prise en pitié.


Gyesim, « cœur de laurier », est le surnom qu’une autre célèbre kisaeng de Joseon s’est donné. Un sobriquet laissant deviner une certaine fierté qu’elle tirait de sa beauté et de son talent en matière de chant. En effet, selon une légende, elle aurait quitté un noble qui l’entretenait depuis des années, et ce sur un mot irrespectueux de lui envers elle.


En fait, les kisaeng accueillant comme clients ceux qui appartenaient à la haute société de Joseon semblaient être hautaines. On imagine qu’elles affectaient leur fierté pour se faire valoir, pour laisser entendre qu’elles n’étaient pas le genre de femme se donnant au premier venu, mais aussi pour nourrir les fantasmes des mondains. Bref, il pouvait s’agir d’un moyen de séduction.


Et alors quand elles n’ont plus l’âge d’être séduisantes ? A ce sujet, voici une anecdote sur Gyesim, une kisaeng qui paraissait particulièrement fière.


« Bientôt je ne pourrai plus vous tenir compagnie », annonce-t-elle un jour aux mondains réunis autour d’elle. Elle a décidé de prendre sa retraite. Il est vrai qu’elle n’est plus toute jeune, ce qui n’a cependant pas terni sa beauté. Les convives la supplient alors de revenir sur sa décision. Gyesim sourit et déclare : « Je dois vous abandonner avant que vous ne m’abandonniez. » En fait, les kisaeng légendaires sont celles qui ont su soigner leur image jusqu’au dernier moment de façon à se retirer au paroxysme de leur gloire. On ignore par ailleurs comment elles ont vécu leurs vieux jours.


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Cheonsanri... » chanté par Yi Yun-jin.

2. « Au geomungo  » interprété par Jang Eun-sein.

3. « Un amour lointain » chanté par Jung Ma-ri.

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