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Culture

Les romans policiers (1) – Kim Tak-hwan (9)

2018-01-23

Les romans policiers (1) – Kim Tak-hwan (9)
« Les romans meurtriers », roman policier de Kim Tak-hwan traduit par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel, paru aux éditions Philippe Picquier en 2010.

* Présentation
Chojeong regagne la pièce avec Kim Jin et c’est ainsi que notre narrateur va nouer une amitié qui va changer sa vie. Notre narrateur tente de tester Kim Jin en le pressant de questions. Il se sent jaloux de l’affectueuse attention que les lettrés de Baektap portent à ce jeune homme talentueux.

* Extraits (pages 80 à 81, pages 85 à 86)
La musique s’arrêta. La porte s’ouvrit et Chojeong entra, suivi d’un homme. Avec sa maigreur et son teint pâle, ce dernier me fit l’effet d’un être à la santé fragile. Ses yeux injectés de sang et ses mains blanches accentuaient son air maladif. Sur ses lèvres flottait en permanence un sourire qui semblait répondre davantage à son état d’esprit intérieur qu’aux circonstances extérieures, reflet probable du caractère singulier de celui qui vit dans son propre monde et est seul à en gérer le temps et l’espace. Je devais découvrir plus tard que lorsqu’une conversation ne l’intéressait pas, ses lèvres épaisses restaient hermétiquement closes. Quand il baissait la tête, les paupières à demi fermées, il avait l’air de s’enfermer dans son monde à lui, sourd et aveugle à ce qui l’entourait. Mais s’il trouvait le sujet intéressant, il ouvrait grand les yeux et se mettait à parler. Il nous est souvent arrivé de passer des nuits entières, assis face à face, à débattre de questions lancées au hasard. Pour être plus exact, nous commencions par échanger quelques propos, puis Kim Jin se retrouvait seul à parler. Je me contentais de l’écouter avec admiration.
[...]
Je me proposais de l’observer de près afin de mieux cerner sa personnalité, lorsqu’une soudaine agitation secoua la cour. La longue lamentation d’une vieille femme s’éleva et, aussitôt après, un caillou traversa le papier de la porte, entra dans la chambre et brisa l’un de nos verres. Chojeong se leva d’un bond et s’abrita derrière la porte, tandis que Kim Jin et moi nous penchions en arrière pour éviter le deuxième caillou. Quant à Yanoi, à présent complètement ivre, il reçut le projectile en plein sur le nez et s’affaissa avec un cri de douleur. Nous ouvrîmes la porte et nous précipitâmes dehors.
— Aïgo ! Aïgo ! Aïgo !
Affalée par terre, une vieille femme échevelée, des cailloux plein les mains, sanglotait. Elle était pieds nus, la poitrine et les bras souillés de terre. Ses mains crevassées saignaient. Avec ses orbites creuses et ses pommettes saillantes, elle paraissait prête à invoquer l’émissaire de l’au-delà.
Un jeune homme et une jeune fille d’une vingtaine d’années tentaient de la raisonner.
— Mère, arrêtez ! Je vous en prie, pensez à mon défunt frère. Les gens d’ici étaient ses meilleurs amis. Mère, je vous en supplie !
Je reconnus aussitôt le visage de la jeune fille. Quelle beauté sublime, pour laquelle toutes les fleurs se seraient querellées ! C’était elle ! Celle qui avait laissé couler ses larmes sous le ginkgo, au bord de la route menant à la Porte Neuve, qui les avait doucement essuyées avec des rubans de sa veste... Au moment où elle avait levé les yeux vers le ciel, ses épaules avaient frémi, elle avait eu l’air de ne pouvoir accepter l’horreur de cette journée. [...]

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