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Si l'on pratique aujourd'hui la lecture silencieuse, à moins d'une occasion spéciale, la lecture se faisait généralement à haute voix dans les temps anciens. La récitation permettant de travailler le rythme de la parole et du souffle, le texte se transformait facilement en chanson. Dans le célèbre pansori « Chunhyangga » ou « Le chant de la fidèle Chunhyang », il y a un passage dans lequel Mongryong récite un livre comme une chanson d'amour. Il s'agit de la scène où notre héros soupire pour la belle Chunhyang, de retour chez lui après sa première rencontre avec elle. Il essaie de se concentrer sur la lecture, mais le beau visage de la jeune fille ne quitte pas ses pensées. Il se met donc à lire à voix haute. Pourtant, l'image de Chunhyang ne cesse de surgir d’entre les lignes, et les mots sortis de sa bouche ne sont plus les discussions philosophiques dont traitent ses livres. 


Les lettrés de la dynastie Joseon aimaient non seulement la philosophie mais aussi la poésie. Les courts vers étaient souvent transformés en chanson pour être chantés par les « gisaeng », des courtisanes-artistes. La chanson intitulée « Gwansanyungma » ou « Les montagnes et les chevaux de guerre » est en fait une adaptation musicale d'un poème de Shin Gwang-su, un érudit de la dynastie Joseon. Egalement connu sous son nom de plume Seokbuk, il a remporté la deuxième place lors d'un concours de recrutement de hauts fonctionnaires à l'âge de 35 ans avec justement le fameux poème. Il est dit que ce poème de Seokbuk était hautement apprécié en particulier par les gisaeng de Pyongyang. Le poète lui-même aimait les écouter chanter sa poésie. Il a même laissé quelques commentaires personnels sur leurs interprétations :


Quand je restais à Pyongyang, je vivais avec Moran.

Nous aimions passer le temps sous un beau pavillon au bord de la rivière Daedong,

Nous promener en bateau décoré de jolis tableaux. 

Nous étions ensemble en face de la lampe, sous la lune. 

Chaque fois que Moran chantait mon poème « Gwansanyungma »,

Sa voix faisait s’arrêter les nuages en chemin. 


Le genre musical appelé « songseo » se réfère à des chansons dont les paroles viennent de romans ou de contes. Le plus connu des songseo de Séoul et de la province de Gyeonggi est « Samseolgi », un recueil de trois récits dont l'un relate l'histoire de trois érudits confucéens envoyés par erreur dans le monde de l'au-delà. Le roi des enfers reconnaît sa faute et leur promet de les renvoyer renaître sous la forme qu’ils souhaitent : l'un des trois veut devenir un grand héros, un autre un haut fonctionnaire du gouvernement. Le problème, c'est que le dernier souhaite renaître dans une bonne famille, avoir une bonne éducation, pouvoir bien s'occuper de ses parents, avoir des enfants aimables et vivre confortablement et longtemps, sans jamais tomber malade. Le souhait de cet homme rend le roi des enfers fou furieux, puisqu'il est bien plus difficile de mener une vie ordinaire qu’on ne le pense. 

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