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2024-03-27
#Aux sources de la musique coréenne l 2020-04-15
Sejong le Grand, qui est-ce ? Oui, c’est un roi de la dynastie Joseon à qui les Coréens doivent leur écriture, le hangeul. « Sejong inventa le hangeul » ; ces mots sont à comprendre à la lettre, c’est-à-dire qu’il n’a pas simplement pris l’initiative, mais que l’invention de l’alphabet coréen est réellement due à ce monarque érudit. Il était effectivement éclairé, non seulement sur la linguistique, et la phonologie plus précisément, mais aussi sur d’autres sciences, les mathématiques et l’astronomie notamment, sans parler de sa grande connaissance en matière de lettres. On admire d’autant plus cet homme extrêmement cultivé que c’était aussi un fin connaisseur de musique. En fait, c’est grâce à son initiative que le jongmyo jerye, un rituel dédié aux ancêtres de la famille royale, a pu se doter d’une nouvelle musique liturgique. Par ailleurs, il est assez probable que le roi a contribué à sa composition.
La cérémonie, inspirée du culte des ancêtres, de la piété filiale dans une perspective plus large, s’appelait de la sorte, parce qu’elle se déroulait à Jongmyo, le sanctuaire royal de la dynastie Joseon, un édifice qui existe toujours à Séoul et qui est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Pour écouter l’ouverture de la musique qui accompagne ce rituel, imaginez les descendants de la famille royale brûlant un bâton d’encens, premier acte de la cérémonie. Voici cette sorte de prélude jouée par l’orchestre de l’Institut du gukak.
Sejong le Grand, un farouche nationaliste ? On peut le dire, d’autant qu’il tenait à remplacer l’écriture chinoise, en usage dans le pays, par un alphabet mieux adapté à la langue coréenne, et ce malgré l’opposition de la plupart de ses sujets sinophiles. Le roi a finalement dû céder à ces derniers. En fait, le hangeul n’a été adopté comme écriture officielle de Joseon qu’au XIXe siècle, soit plus de 400 ans après le règne de Sejong.
L’initiative du même monarque concernant cette fois une nouvelle musique pour la cérémonie de jongmyeo jerye semble être également inspirée du nationalisme, car le rituel se déroulait traditionnellement sur une invention musicale chinoise. Et là aussi, notre roi a dû faire face au conservatisme de ses sujets. S’il a également cédé à leur opposition, la réalisation de sa volonté s’est fait attendre beaucoup moins longtemps que dans le cas du hangeul, et ce grâce à son fils, le roi Sejo, parvenu à s’imposer sur la puissante aristocratie du pays. Ce n’était probablement pas parce qu’il était nationaliste autant que son père, mais pour affirmer son autorité royale, que le nouveau monarque a insisté sur l’innovation de la musique liturgique du jongmyo jerye.
Sejong était donc loin d’être un roi absolu. Ce n’était même pas un monarque autoritaire. En fait, selon les « Annales de la dynastie Joseon », il apparaît que c’était un homme conciliant et muni d’une grande patience en matière de politique. Un exemple : alors que le roi tenait à une réforme fiscale en faveur des gens du peuple et au détriment de l’intérêt de la classe dirigeante du pays, la majorité de ses sujets, issus de la noblesse, s’y est opposée. Comme d’habitude, Sejong n’a pas cherché à imposer sa volonté, mais a mis tout de même son projet à l’ordre du jour en conseil des ministres durant des années pour convaincre finalement les opposants.
Sous le règne de ce monarque éclairé, le royaume de Joseon a joui de la prospérité et surtout de la paix. Ce fut en quelque sorte l’âge d’or. Ce à quoi fait référence un chant lyrique intitulé « La Grande paix ». Le voici interprété en duo par Yi Dong-kyu et Yi Sun-a.
Le chant lyrique, ou gagok en termes de gukak, est une forme musicale inventée à l’époque de Joseon. Il s’agit d’un poème mis en musique. Au total 39 gagok nous sont parvenus, 24 pour voix masculine et 15 pour voix féminine. Ce chant lyrique est composé généralement de trois mouvements, comme un concerto dans la musique occidentale, à cette différence près : les trois mouvements du gagok sont dans l’ordre un lent, un rapide et un lent, alors que l’ordre du déroulement d’un concerto est exactement le contraire. Cette différence peut s’expliquer par le fait qu’à son origine, le gagok n’était pas un chant à interpréter devant un public, mais à chanter seul. C’était un art qu’un lettré confucéen, par exemple, pratiquait pour la maîtrise de soi. En effet, un homme cherchant à devenir un sage sur le modèle de Confucius devait savoir s’apaiser, même s’il s’était laissé aller à une exaltation. Tandis qu’un concerto est composé de façon à réanimer l’auditoire après le deuxième mouvement, un temps de repos en quelque sorte suivant un rapide.
Rappelons qu’à l’époque de Joseon, royaume ayant adopté le confucianisme comme doctrine étatique, beaucoup de Coréens continuaient à vénérer Bouddha. Sous le règne de Sejong le Grand par exemple, ils attribuaient la paix et la prospérité de leur pays, non seulement à la sagesse de leur souverain, mais aussi à la bienveillance de la divinité bouddhique, comme en témoigne un chant folklorique exprimant la joie de vivre et inspiré d’une prière bouddhiste. Il s’agit de « Boryeom ». Le voici chanté en duo par Seong Chang-sun et Jeon Jeong-min.
Liste des mélodies de cette semaine
1. « Jong myo jerye ak » joué par l’orchestre de l’Institut du gukak.
2. « La Grande paix » interprété en duo par Yi Dong-kyu et Yi Sun-a.
3. « Boryeom »chanté en duo par Seong Chang-sun et Jeon Jeong-min.
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2024-03-28
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