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Culture

Aux sources d’une invention musicale

#Aux sources de la musique coréenne l 2020-04-22

Aux sources de la musique coréenne


Le gukak signifie littéralement la « musique nationale ». Les professionnels en la matière ne sont cependant pas si chauvins pour prétendre que c’est une tradition musicale purement coréenne. Concernant, par exemple, les instruments de musique traditionnels de leur pays, ils sont conscients que plus d’un est d’origine étrangère. Le taepyeongso, un instrument à vent à anche double, et le yanggeum, une espèce de cithare, sont effectivement venus d’Asie centrale, probablement via la route de la soie.

 Quant au haegeum, l’un des deux instruments à cordes les plus connus en Occident avec le gayageum, il a une origine commune avec l’erhu, le violon chinois. L’un comme l’autre ont pour ancêtre un instrument de musique de Mongolie. Cela est attesté par le nom de l’instrument chinois dont « hu » signifie « barbare ».

 Le haegeum et l’erhu se sont cependant développés indépendamment l’un de l’autre. En fait, s’ils sont tous deux un instrument à deux cordes, les cordes du haegeum sont en soie, alors que celles de l’erhu sont en métal. Même s’ils ont une forme presque identique, avec un manche en forme de tige et une caisse de résonance en bois, ces deux instruments sont assez différents au niveau de la sonorité.


S’agit-il d’un fait à interpréter par rapport à l’avènement de la mondialisation ? Dès les années 1990, les musiciens de différents pays d’Asie, la Corée, la Chine et le Japon notamment, ont commencé à manifester leur intérêt pour la tradition musicale de leurs voisins. Ainsi, s’organisaient aussi des concerts multinationaux ou panasiatiques, aussi bien à Séoul qu’à Pékin et Tokyo. En fait, bien plus que dans d’autres domaines artistiques, il n’y avait pas de frontières musicales. Les professionnels du gukak auraient tort de s’obstiner dans une sorte de purisme, et ce d’autant plus qu’aux sources de la musique coréenne, il peut très bien y avoir un apport d’une nation plus ou moins lointaine.

 Alors que Kim Se-young, joueuse de haegeum au début de sa carrière, s’est intéressée à l’erhu au point de devenir l’élève d’un maître chinois en la matière, un groupe de musiciens coréen, Taal, est allé plus loin dans une aventure artistique. Ce sont des professionnels du gukak qui jouent les mélodies traditionnelles de leur pays avec des instruments de musique indiens : le tabla, une paire de tambours, et l’harmonium indien. Rappelons que le premier instrument est d’origine arabe. Tabla veut dire en arabe « petit tambour ». Quant à l’harmonium indien, il s’appelle de la sorte, parce que c’est un harmonium dont les pédales ont été remplacés par un soufflet similaire à celui de l’accordéon, et ce pour l’adapter à la culture sociale des Indiens ayant l’habitude de s’asseoir par terre. Décidément, l’usage du mot « national » en matière de musique est quelque peu prétentieux. 


« Invention » rime souvent avec « autrement ». Chacun sait comment positionner une guitare pour en jouer. Et si l’on jouait de cet instrument posé par terre ? Ce fut l’idée d’un certain Kim Young-cheol, l’inventeur du chilhyeongeum dans les années 1940.

 C’était un homme aux talents multiples. De par son métier, il était funambule ou danseur de corde. C’était aussi un assez bon musicien et une main habile dans la réparation des instruments de musique. A quoi ressemblait l’instrument qui a été inventé grâce au concours de ces divers talents et à une tentative de faire autrement ? Eh bien, par sa forme, il évoquait le geomungo, un instrument de musique coréen traditionnel, à cette différence près que le nouvel instrument comportait sept cordes, alors que le geomungo, tout comme la guitare, n’en comportent que six. On peut s’amuser à dire que son inventeur a ajouté une corde, parce qu’il était, de par son métier, danseur de corde. En tout cas, son invention a été baptisée chilhyeongeum, qui veut dire tout simplement « instrument à sept cordes ». Or, rappelons que le geomungo est un instrument qui a été créé sur le modèle du guqing, un instrument à cordes chinois, qui, lui, comportait sept cordes. L’invention de Kim Young-cheol se rapproche ainsi de l’ancêtre du geomungo. Etait-il conscient de cette sorte de retour en arrière ?

 Le chilhyeongeum n’est toutefois pas dépourvu d’originalité. En fait, c’est un instrument qui se joue à la fois en pinçant et en frottant les cordes, ce qui n’est pas le cas du geomungo, ni du guqing.


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Jarirang » joué par Kim Se-young à l’erhu.. 

2. « Baechigi » interprété par le groupe Taal.

3. « Hwadu » avec Yu Kyung-hwa au chilhyeongeum et Kim Myeong-dae au chant.

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