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D’où vient le toponyme Apgujeong, nom d’un quartier bourgeois de Séoul sur la rive gauche du Han ? Il s'agit d’un beau pavillon, aujourd’hui disparu, qu’un aristocrate de la dynastie Joseon, à la fois puissant et richissime, fit construire avec vue sur le cours d’eau traversant la capitale. Cet homme, qui était envié par tout le monde, perdit finalement les bonnes grâces de son souverain, car il eut l’audace ou l’imprudence de prétendre qu’Apgujeong surpassait Jecheonheong, un pavillon qui avait également une vue sur le Han et dans lequel les rois de Joseon avaient coutume de recevoir les ambassadeurs de Chine.

 Les Coréens apprécient-ils particulièrement un point de vue sur l’eau ? Il y avait nombre de pavillons le long du fleuve Han à l’époque de Joseon. Aujourd’hui, les résidences collectives de standing sur les deux côtés du même cours d’eau sont très prisées. Par ailleurs, un peu partout dans le pays, au bord d’une étendue d’eau, comme un lac ou un étang, on trouve presque immanquablement un pavillon, petit ou grand, vieux ou récent. L’un des plus célèbres, un monument historique datant du XVe siècle, est Gyeongpodae dans la commune de Gangreung sur la côte est, un pavillon avec double vue sur l’eau, d’un côté sur la mer et de l’autre sur un immense étang.


 Venu d’outre-mer le printemps

 Se regarde dans l’étang


Ainsi a chanté Shim Young-kyung, un lettré confucianiste de la dynastie Joseon et mandataire du roi dans la région de Gangreung, inspiré par une vue imprenable depuis le pavillon Gyeongpodae. Son poème a été mis en musique par un artiste dont le nom ne nous est pas parvenu. 


On construit un pavillon avec vue sur un plan d’eau. Les deux sont tellement associés dans la pensée des Coréens qu’on aménage aussi un bassin en vue de valoriser un kiosque. Allons visiter par exemple le pavillon Gwanghanru dans la commune de Namwon, un site devenu célèbre grâce à un récit folklorique qui en a fait le lieu de rencontre de deux personnages, Mongryong et Chunhyang, évoquant d’une certaine manière Roméo et Juliette. Une pièce d’eau sur laquelle donne ce pavillon n’existait probablement pas au moment de l’invention de cette belle histoire d’amour connue aussi en forme de pansori, « Chunhyangga » ou « Le Chant de la fidèle Chunhyang ». En fait, le bassin n’y est point mentionné. Et le héros, Mongryong, est venu à Gwanghanru pour une vue imprenable sur une toute autre chose : le mont Jeokseong, un massif montagneux ressemblant à un fort majestueux. Pour ce jeune garçon âgé de 16 ans, il s’agissait d’un déplacement dont le but était de renforcer sa vigueur en regardant cette montagne. Or, un autre spectacle l’a rendu encore plus vigoureux ou viril. Il a vu une jeune femme sur une balançoire. Coup de foudre ! Rien ne l’empêchera de demeurer amoureux d’elle. Ni la hiérarchie sociale, car le jeune homme appartenait à la noblesse, alors que la jeune femme, Chunhyang, dont il s’est épris, était roturière ; ni leur séparation forcée après leurs fiançailles secrètes, car Mongryong devait suivre ses parents pour aller s’installer dans la capitale. Rien n’empêchera non plus Chunhyang de demeurer fidèle à son premier amour. Ni l’éloignement de son fiancé, ni le harcèlement du maire de sa ville, un coureur de jupon qui convoitait sa beauté. Si vous voulez connaître la suite et la fin de cette histoire, vous pouvez lire sa traduction en français – oui, il en existe une - ou regarder son adaptation cinématographique signée Im Kwon-taek. 


Amoureux d’une vue imprenable depuis un bâtiment isolé, plus d’un Coréen dans le royaume de Joseon aurait aimé visiter les célèbres pavillons au bord de l’eau, en Chine, source d’inspiration des hommes de lettres comme Li Bai, l’un des plus grands poètes de la dynastie Tang. Un vers du poète chinois revient effectivement dans plusieurs chants folkloriques coréens célébrant un beau paysage : « Les trois sommets accrochés au ciel bleu ». A quel spectacle font référence ces mots ? Eh bien, depuis Bonghwandae, un célèbre pavillon à Nankin, Li Bai regardait une montagne baignée d’une rivière à haut débit. Les brouillards produits par le courant fort dissimulaient la moitié inférieure de la montagne, si bien que ses trois sommets donnaient l’impression d’être suspendus ou « accrochés au ciel bleu » aux yeux du poète. 


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Belvédère à douze balustrades », interprété par Cho Il-ha.

2. « Jeokseongka » chanté par An Sook-seon.

3. « Trois sommets accrochés au ciel bleu » chanté par Cho Sun-ae, Park Song-hee, Seong Chang-sun et Oh Gap-sun.

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