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Culture

Que signifie le nom des instruments traditionnels coréens ?

#Aux sources de la musique coréenne l 2020-06-10

Aux sources de la musique coréenne


Chant pour les orchidées  

S’agissant des noms des instruments de musique coréens traditionnels, il est à noter que le morphème « geum » se retrouve dans plusieurs d’entre eux : gayageum, haegeum, daegeum, etc. Dans le cas des deux premiers, le morphème « geum » est un caractère chinois qui désigne un instrument à cordes et qui se retrouve effectivement dans le guqin (古琴) ou gogeum en coréen, un instrument de musique chinois de la famille des cithares. On peut alors se demander pourquoi le même morphème, « geum », se retrouve dans le nom daegeum, puisque celui-ci est un instrument à vent. En réalité, il s’agit là d’un caractère chinois homophone.


Voyons de plus près ces deux idéogrammes qui ont la même prononciation. L’un, que l’on trouve communément dans le gayageum, le haegeum et le guqin, est composé de telle façon qu’une figure représentant des cordes entrecroisées soit placée au-dessus d’un sinogramme, significant « présent » et prononcé « geum » par les Coréens, « qin » (琴) par les Chinois. Selon une des règles du système sémiologique des caractères chinois, c’est cette figure qui a une valeur sémantique, alors que le sinogramme signifiant « présent » n’a été emprunté que pour la prononciation. Quant à l’autre caractère que l’on trouve dans daegeum, il comporte également l’idéogramme « geum » ou « qin », mais, au-dessus, un caractère signifiant « bambou », ce qui fait référence au fait que la plupart des instruments à vent traditionnels, en Corée aussi bien qu’en Chine, sont fabriqués avec ce matériau. Cela étant, il est fort probable que cet idéogramme désignant un instrument à vent ait été inventé par les Coréens, car en Chine, le même genre d’instrument est désigné par le caractère « di », comme le dizi par exemple, une flûte traversière inventée à l’époque des Han.


Le Printemps au poste de guet

Parlons cette fois d’un instrument à vent traditionnel très familier des écoliers coréens. Il s’agit du danso, une « flûte courte » selon la traduction littérale. C’est un instrument peu cher, facile à porter et à apprendre à jouer. C’est pourquoi beaucoup d’écoles élémentaires programment une leçon de danso en classe de musique, ce qui réjouit notamment les professionnels du gukak.


On se pose alors une question : pourquoi cette flûte s’appelle-t-elle danso et non « dangeum » ? Le « geum », comportant le caractère chinois « bambou » pour se distinguer de l’autre « geum », ne constitue-t-il pas forcément une sorte de suffixe des noms d’instruments à vent ? Si, mais seulement quand il s’agit d’un instrument à vent traversier. En effet, le daegeum ou le sogeum est une flûte traversière, alors que le danso est une flûte à bec. Le caractère chinois « so » se retrouve effectivement dans le nom taepyeongso, un instrument à vent à anche double, ou encore dans le tungso, un autre type de flûte à bec.


Le corps du danso n’étant percé que de 5 trous, son échelle de notes est relativement limitée. Cela n’a pas empêché un musicien nord-coréen, Gong Young-song, de composer une très belle sonate pour danso. S’agit-il d’une composition musicale qui a été inspirée par son service militaire ? En fait, elle porte comme titre « Le Printemps au poste de guet ». Cette sonate, composée en 1965, a d’abord été connue du public sud-coréen en adaptation pour gayageum. 


Danse du lion

Comme cette sonate s’intitule de la sorte, on peut imaginer, en l’écoutant, un soldat nord-coréen au poste de guet à la frontière intercoréenne, qui, profitant d’un repos, siffle avec un brin d’herbe à la bouche. Le son du danso évoque effectivement celui d’un sifflet d’herbe, « pulpiri » en coréen, associé pour plus d’un d’origine rurale aux souvenirs d’enfance.


Pour en venir à un autre instrument à vent de la famille des flûtes à bec, le tungso est plus long, plus gros aussi que le danso. Le morphème « tung » est probablement dérivé du « tong » qui veut dire « cylindre ». Notons aussi que le tungso a un trou supplémentaire par rapport au danso, trou recouvert d’une membrane faite d’épiderme interne de roseau. Le charme du son de la grosse flûte est dû, justement, à la vibration de cette fine pellicule. Compagnon d’un solitaire comme le danso, le tungso se joue rarement dans un spectacle, bien que ce soit un instrument indispensable à la danse du lion, danse traditionnelle exécutée pour le Nouvel an, notamment, en Chine, en Corée ainsi qu’au Vietnam. 


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Chant pour les orchidées » avec Han Chung-eun au sogeum.

2. « Le Printemps au poste de guet » avec Yi Yong-gu au danso et Mun yang-sook au gayageum.

3. « Danse du lion » avec Go Jangwook au tungso.

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