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Galgunak

Les voilà de retour, en chantant. Ce sont les paysans. D’où reviennent-ils ? De leur rizière. Ils y ont passé leur journée entière à arracher de mauvaises herbes, le dos constamment courbé, sous le soleil dardant. Ces paysans, de l’époque où l’on n’a pas encore inventé les herbicides, devaient donc bien mener cette lutte pénible contre les envahisseurs de leur sol.


Est-ce parce qu’ils l’entonnent en rentrant d’une « bataille » que leur chant ressemble à la musique militaire ? En réalité, c’est bien d’une marche militaire, « Galgunak », qu’il a été inspiré. En fait, à l’époque de la dynastie Joseon où cette marche, ainsi que le chant des paysans lui devant son inspiration, ont été inventées, il n’existait pas en Corée d’armée de métier. C’étaient les agriculteurs, constituant l’essentiel de la population, qui se relayaient pour surveiller les frontières de leur pays et étaient mobilisés à chaque fois que le territoire national était menacé par une force militaire étrangère.


Dans les campagnes coréennes, aujourd’hui, on n’entend plus ce chant des paysans-soldats. Est-ce parce que le travail agricole représente moins une bataille ? Quant à l’armée coréenne moderne, elle n’aurait nullement songé à garder le « Galgunak » dans le répertoire de sa fanfare ; les généraux, ayant tiré une leçon de la « guerre éclair », une tactique de l’armée allemande pendant la Seconde guerre mondiale, auraient trouvé que cette marche militaire de Joseon était un peu trop lente pour être jouée au sein des troupes modernes.


Chukwonkyeong

Les voilà de retour. Ce sont toujours les paysans et ils reviennent toujours de leur rizière, mais, cette fois, pour ne plus y retourner pendant assez longtemps. Ils viennent de récolter le fruit de leur dur labeur. Nous sommes en automne, la veille de Chuseok, fête des moissons, le 15ème jour du 8ème mois lunaire. Une saison s’achève, une autre s’annonce. Dans le passé, à chaque passage saisonnier, face à un changement, certaines familles coréennes s’inquiétaient un peu de ce qui leur était réservé d’inconnu. « Notre vie sera-t-elle toujours aussi tranquille que maintenant ? » se demandaient-elles par exemple.
 
 En automne, notamment, où toute chose commence à perdre son ardeur, elles étaient plutôt pris d’un pessimisme et devenaient ainsi assez superstitieuses pour faire appel à un professionnel : le récitateur de soutra. Oui, c’était bien un métier. Et il n’était pas forcément exercé par un ancien religieux, un moine bouddhiste sécularisé par exemple.


Mais un professionnel en la matière récitait-il vraiment un livre sacré qu’il avait appris par cœur ? Ses clients n’en étaient le plus souvent pas tellement soucieux. Le contenu n’était pas si important pour eux ; c’était le son qui les intéressait. En réalité, ils recherchaient un apaisement en écoutant un récitateur de soutra, comme on le fait en écoutant de la musique. En fait, l’homme appelé à dissiper les inquiétudes de son client pour l’avenir récitait de façon assez mélodieuse pour que cela inspire les « sorikun », chanteurs de pansori, et qu’ils inventent une forme musicale dite « chukwonkyeong », « chanson des vœux ». Dans l’appellation coréenne, le mot « soutra », « kyeong », est bien gardé. Mais le livre sacré de quelle religion ? On se le demande, parce que dans plus d’une chanson de cette forme musicale, les paroles invoquent différentes divinités. Tous les dieux sont bons, pourvu qu’ils soient bénéfiques ? Un récitateur de soutra pouvait le penser, s’il n’a pas su apprendre par cœur un livre sacré précis.


Binari

Les voilà qui reviennent. Ce sont cette fois les artistes, les instrumentalistes pour être précis. Nous sommes en pleine période de la fête de Chuseok. Une commune rurale accueille chaleureusement ces musiciens qui reviennent à chaque grande fête traditionnelle. Leur dernière visite durant l’année en cours remonte à « Dano », « fête du double cinq », le 5ème jour du 5ème mois lunaire, une autre grande réjouissance agricole. Depuis cette fête, voire pendant plus de trois mois, où étaient-ils ? Nulle part ailleurs que parmi les paysans, dans les rizières ou dans les champs ; ils sont eux-mêmes paysans, plus ou moins doués pour la musique.


Paysans-soldats en temps de guerre, laboureurs infatigables et paysans musiciens en temps de paix ; voilà ce qu’étaient les agriculteurs coréens à l’époque de Joseon. Ils méritaient bien le slogan affiché par ce royaume dès sa fondation : « Les paysans constituent le fondement du monde » ou, on peut le traduire de façon plus simple et plus claire : « Vive les paysans ! »


A l’occasion de Chuseok, ces paysans-musiciens, s’étant produits sur une place publique, faisaient le tour de leur village, en rendant visite à chaque ménage pour lui souhaiter beaucoup de bonheur. Leur chant accompagné au « pungmil » ou « samul », quatre instruments à percussion, s’appelle « Binari », « Prière ». 


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Galgunak » par Furi

2. « Chukwonkyeong » par Yu Ji-sook

3. « Binari » par Chae Soo-hyun

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