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Yeominrak  

« Ah, si nous avions un dirigeant du pays aussi soucieux du bien-être du peuple que Sejong le grand! » peut s’écrier un Coréen, se plaignant de son gouvernement qui lui semble n’être préoccupé que par la croissance du PIB, et ce notamment à l’occasion de la Journée du hangeul, le 9 octobre.


En effet, le quatrième monarque de la dynastie Joseon est commémoré par la postérité, non seulement pour l’invention de l’alphabet coréen, le « hangeul » donc, qui lui est attribuée, mais aussi en raison de ses soucis permanents en matière d’amélioration de la qualité de vie des gens du peuple. Sa pitié pour ces derniers amena justement le roi à s’engager, malgré l’opposition de la noblesse, dans l’invention d’un phonogramme simple et facile à apprendre. En fait, sous son règne et depuis longtemps, les Coréens de souche modeste étaient pour la plupart illettrés, d’autant que le sinogramme, l’écriture officielle du Joseon, était trop compliqué à apprendre pour ces gens qui, dès le petit matin, devaient se rendre aux champs ou aux rizières pour n’en revenir que le soir, épuisés et n’ayant envie que d’apaiser leur faim, puis de se coucher. Comment auraient-ils pu trouver le temps pour apprendre à lire et à écrire en caractères chinois ?


Monarque érudit au point d’être éclairé sur la linguistique, la phonologie plus précisément, roi démocrate dans la mesure où il était convaincu que sans peuple, il n’y aurait ni son royaume, ni son pouvoir donc, Sejong le grand fut aussi grand amateur d’art et avait même l’étoffe d’un musicien. La composition d’une musique rituelle de sa cour lui est effectivement attribuée. Son titre « Yeominrak », « Jouissance partagée avec le peuple », est révélateur de ce que le commun des mortels représentait pour lui. 


Un dialogue imaginé entre Sejong le grand et le directeur de l’orchestre royal en revenant d’une cérémonie à Jongmyeo, un sanctuaire confucéen dédié aux ancêtres du roi : « Dites-moi mon cher, dit le souverain toujours amical avec ses sujets, mes aïeux, de leur vivant, écoutaient le plus souvent de la musique coréenne, n’est-ce pas ? – Sans doute, Votre Majesté. – Pourquoi alors votre orchestre ne joue-t-il que de la musique chinoise devant l’autel qui leur est dédié ? – Sir, c’est une convention depuis la nuit des temps. - Et s’il était temps de changer cette convention ? »


Jeongdaeoep

On imagine la stupéfaction du chef d’orchestre, d’autant que le royaume de Joseon fut un pays vassal de la Chine, celle des Ming plus exactement. Sejong, roi nationaliste aussi ? En tout cas, à son initiative, une nouvelle série de musiques rituelles à jouer à Jongmyeo fut inventée, dont « Jeongdaeoep », « Œuvre fondatrice », une symphonie pour orchestre et chœur. La partie chantée doit ses paroles à un poème épique faisant l’éloge du fondateur du Joseon et de ses ancêtres. Notons que ce long poème, intitulé « Yongbi oecheon ga », « Ascension des dragons », est l’un des premiers textes écrits en hangeul. Le morceau le plus connu est :


 Un arbre aux racines profondes

 Ne bouge point au vent même violent

 Il porte des fleurs fascinant le monde

 Et des fruits abondants et succulents


Cet arbre symbolise le royaume de Joseon ayant des bases solides, grâce aux ancêtres de la famille royale selon le poème, en réalité, aurait reconnu Sejong, grâce à la sueur et au sang du peuple. 


Arirang

La nouvelle série de musiques rituelles de Jongmyeo fut bien inventée sous le règne de Sejong, mais ne commença à se jouer que depuis l’avènement de Sejo, son fils. Les sujets de Sejong, profondément sinophiles, s’opposaient à son adoption ; et notre roi fut loin d’être un monarque absolu. Quant à son fils, il parvint à s’imposer sur la puissante aristocratie. La réalisation par lui d’un vœu de son père fut peut-être une manifestation symbolique de la victoire du roi sur ses sujets.


Alors qu’à la différence de Sejong, Sejo dirigea son pays d’une main de fer, on peut tout de même dire sur un point : « Tel père, tel fils ». Sejo fut effectivement aussi grand amateur de musique que son père. Il aimait surtout la musique populaire. Ainsi, il profitait de sa tournée d’inspection en province pour écouter les gens du peuple chanter. Un document historique nous apprend qu’il organisa un concours de chant à l’intention des paysans, quand il visita Gangwon, la région à l’est du pays.


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Yeominrak » en adaptation moderne avec Han Chung-eun au daegeum

2. « Jeongdaeoep » par l’orchestre national de gukak

3. « Arirang » en version de Gangwon chanté par Yi Do

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