Aller au menu Aller à la page
Go Top


« Les Annales de la dynastie Joseon », inscrits au registre « Mémoire du monde » de l’UNESCO, nous apprennent que le comportement inapproprié d’un prince héritier de ce royaume a fini par lui coûter la couronne. Qu’a-t-il fait en l’occurrence ? Il fit venir par exemple, en secret, des artistes populaires dans sa demeure. Un scandale, d’autant que le palais royal, cité interdite, fut violé par le commun des mortels, et ce avec comme complice le dauphin. Celui-ci était à tel point intéressé par la « culture pop », la musique folklorique notamment, ce qui n’était pas moins scandaleux. Les artistes ayant corrompu Son Altesse selon la cour royale, ainsi que les gardes accusés de manque de vigilance, furent exécutés. Quant au prince qui, en réalité, avait été au cœur de cette affaire, il fut encore plus désapprouvé par le roi, son père, qui allait finalement léguer sa couronne à son autre fils, futur Sejong le grand.

 Alors qu’en tant que mécènes, les monarques de Joseon prônaient le genre musical « jeongak », « musique juste » selon la traduction littérale, ils ne semblaient toutefois pas si peu intéressés par la musique des gens du peuple. Au sein de la cour, il existait effectivement, outre l’Orchestre royal, un ensemble appelé « kwanhyunmeng » et qui avait pour mission d’animer les festins conviviaux donnés par le roi avec la musique pop.

Afin d’être dignes de l’estime de leurs sujets, tous fervents confucianistes, les monarques de Joseon ne pouvaient-ils écouter ce genre de musique qu’à une occasion exceptionnelle, à un repas de fête pendant lequel tous les convives, y compris le roi, se permettaient de se décontracter, voire d’être moins confucianistes ? A ce sujet, il est intéressant de noter que comme son nom l’indique, l’orchestre kwanghyunmeng était exclusivement composé de musiciens non-voyants. Pour que les convives, d’habitude soumis au rigorisme, se livrent au plaisir sans se préoccuper du regard d’autrui ? Et aussi, la performance artistique des handicapés leur offrait-elle un spectacle qui agrémentait davantage le festin ?

 Certains historiens prétendent que cet orchestre de musiciens non-voyants a été créé dans le cadre de l’intégration professionnelle des handicapés. Autant dire que la monarchie de Joseon a anticipé une politique sociale très moderne. Que dire alors du fait que les membres de cet orchestre pour le moins particulier étaient si mal payés, et déconsidérés, que la cour royale finit par avoir du mal à recruter des non-voyants doués pour la musique ? Beaucoup d’entre eux préféraient devenir devins, un autre métier qui était à la disposition des malheureux dépourvus de vue. Sous le règne de Sejong, son directeur musical, Park Yun, l’a ainsi sollicité d’améliorer le traitement des musiciens de kwanghyunmeng.


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Guemyeongarak Doreri », une sonate pour geomungo jouée par Yi Se-hwan

2. « Le Chant de Simcheong » par Kim Yul-hee. 

3. « Hyme à la jeunesse » chanté par Yi Hee-Wan.

Contenus recommandés

Close

Notre site utilise des cookies et d'autres techniques pour offrir une meilleure qualité de services. En continuant à visiter le site, vous acceptez l'usage de ces techniques et notre politique. Voir en détail >