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« Feel the rhythm of Korea » ; certains d’entre vous ont peut-être vu cette série de clips vidéo diffusée sur Internet. Elle a été réalisée par l’Office national du tourisme de Corée du Sud avec pour but de promouvoir le gukak auprès des étrangers. A quoi ressemble ce produit audiovisuel qui intéresse aussi les sud-Coréens ?

 N’imaginez pas y trouver des chanteurs de pansori habillés en « hanbok », le costume coréen traditionnel. Non, vous y verrez un groupe de jeunes danseurs, Ambiguous Dance Company, costumés de façon extravagante et exécutant une chorégraphie moderne avec pour décor différents sites touristiques de Corée du Sud. Et comme musique, vous entendez un chant de gukak accompagné aux instruments de musique occidentaux. Une réalisation musicale pour répondre à une ambition du groupe qui l’a interprété, Leenalchi Band, à savoir celle de faire en sorte que le gukak soit joué dans un café-concert ou même dans une boîte de nuit, que cette musique traditionnelle gagne donc en popularité parmi les jeunes du XXIe siècle. 

Intéressons-nous cette fois aux paroles de cette chanson, à l’histoire qui y est impliquée, d’autant que c’est un passage d’un numéro de pansori, récit chanté, portant comme titre « Sungungga » ou « Le Chant du palais sous les mers ». Le personnage principal dans la scène en question est une tortue marine parcourant la terre à la recherche d’un animal précis : le lapin. En fait, la voyageuse à carapace est investie d’une mission, celle de ramener le petit mammifère aux longues oreilles dans le palais sous les mers. Son souverain, un dragon, est gravement malade. Selon son médecin, une pieuvre, seul le foie d’un lapin pourrait le soigner. Toutes les créatures sous l’eau y croient. Et pour leur donner raison, rappelons que la pieuvre fait réellement preuve d’une intelligence étonnante pour un invertébré, qu’elle est capable de mémoriser et de déduire. Un test a effectivement montré que par observations successives, elle a compris comment retirer le couvercle d’un bocal pour accéder à la nourriture contenue dedans.

 Quant à la tortue, c’est à elle qu’a été confiée la mission, quoi qu’elle soit lente à se déplacer, car nul autre animal de la mer n’est capable de faire un voyage terrestre. Elle n’a cependant jamais vu un lapin. A chaque fois qu’elle rencontre un animal, elle observe alors attentivement ses caractéristiques physiques pour savoir si elles correspondent à celles qui ont été décrites par Docteur Pieuvre : les yeux rouges et les longues oreilles. Voici les paroles du chant 


Des tâches bariolées sur la peau

Balançant une tête de ver à soie

Trainant une grosse corde

Deux tubes à flèches en avant

Deux étuis pour arc en arrière

Le voilà qui descend


A la vue de cet animal, notre tortue retire sa tête de sa carapace et ne bouge point. Elle vient de voir pour la première fois un tigre.

S’agissant d’une autre chanson remise au goût du jour, « Jungtaryeong » par NST & Soul Sauce, elle est marquée, comme l’autre chanson, par une mesure particulière qu’on appelle dans le gukak « eotmori », « cadence décalée ». Celle-ci est composée de dix battements ou de deux mesures à cinq temps, un temps binaire et un temps ternaire. Dans le pansori notamment, cette mesure irrégulière est utilisée quand un être extraordinaire apparaît dans le récit ou pour suggérer à l’auditoire que celui qui vient d’apparaître est un être hors du commun. Le tigre, entré dans le regard de la tortue expédiée sur la terre, pouvait en être un. Dans le chant interprété par le groupe NST & Soul Sauce, il s’agit d’un moine bouddhiste qui cherche à consoler le couple Heungbu se lamentant de leur pauvreté, de ne plus savoir où se loger avec leurs nombreux enfants. Un religieux pas comme les autres, car il est capable de voir ce qui est invisible pour tout le monde : un lieu portant bonheur. Un spécialiste de « feng shui », un géomancien ? Si l’on veut. C’est tout de même une personne peu banale, d’autant que le « feng shui », un art d’origine chinoise consistant à examiner l’énergie environnementale, est pratiqué en général par les taoïstes et que notre moine est un adepte de Bouddha. En tout cas, grâce à un secret qu’il a murmuré à l’oreille du pauvre couple, celui-ci va construire une baraque dans un endroit bénéfique pour leur destin.


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Voilà un tigre » par Leenalchi Band.

2. « Jungtaryeong » par NST & Soul Sauce. 

3. « Noja noja » Gwangchil Band .

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