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Le parcours de Hwang Byung-ki

En 1959, un grand événement dans l’histoire contemporaine du gukak : la SNU, la prestigieuse université nationale de Séoul, sa faculté de musique plus précisément, créé en son sein le département de gukak. Dans la formation des musiciens en la matière, elle va ainsi rivaliser avec l’Institut national de gukak ayant ouvert ses portes dix ans plus tôt.

 Parmi les enseignants du tout nouveau département, figure un certain Hwang Byung-ki. Ce n’est pas du tout un musicien professionnel, mais un jeune homme de 23 ans qui vient d’obtenir son diplôme de licence en droit au sein de la SNU. Que va-t-il enseigner ? Eh bien, le gayageum, un instrument de musique dont il a appris à jouer quand il était collégien, et ce comme un autre enfant d’une famille bourgeoise apprenait à jouer du piano ou du violon. Ses parents ont trouvé qu’il avait du talent. Ils lui ont alors offert des cours particuliers avec comme professeurs des virtuoses du gayageum intégrés au sein de l’Institut national de gukak. Ils ne l’encourageaient cependant nullement à faire carrière dans le domaine de la musique traditionnelle. Par ailleurs, leur enfant ne semblait pas y songer. Pour poursuivre des études supérieures, il a effectivement choisi le droit. 

Hwang, étudiant, s’est tout de même fait remarquer dans un concours de gukak organisé par la KBS, déjà du fait que c’était l’unique garçon parmi les candidats à la compétition en matière de gayageum, et que son jeu l’emportait incontestablement sur celui des autres. Le premier prix lui a donc été décerné. Un étudiant en droit et aussi un génie du gayageum ? Ce fait intéressait ses camarades et aussi les professeurs de la SNU, dont un certain Hyun Jae-myeong, doyen de la faculté de musique, un ténor, qui allait lui proposer un poste d’enseignant à la création du département de gukak... 

Le professeur de gukak à la SNU, puis à l’université féminine Ehwa, ne se contentait pas de former ses élèves ; il s’intéressait aussi à l’enrichissement du répertoire de gayageum. Et c’est par-là qu’il se distingue des autres virtuoses de cet instrument de musique. C’était aussi le premier à expérimenter la musique descriptive avec le gayageum. Par exemple, dans une des premières sonates qu’il a composées, « La Forêt », dans le deuxième mouvement intitulé « Coucou », on identifie une imitation du cri de cet oiseau. 

 Hwang Byung-ki, décédé en 2018, est l’auteur de pas moins de cinq albums comportant ses différentes compositions musicales pour gayageum. L’une d’entre elles, la plus jouée, est intitulée « Chihyangmu », un titre faisant référence à ce que le musicien a imaginé pour composer cette sonate d’inspiration d’une musique bouddhiste, « beompae », « prière en sanscrit ». Dans son imagination, il a remonté le temps pour se retrouver à l’époque du Shilla, un royaume antique bouddhiste et qui a popularisé le gayageum. Il a ensuite imaginé un fervent adepte du bouddha ayant brûlé un bâton d’encens dans le sanctuaire d’un temple et rendant hommage à la divinité par l’exécution d’une danse. 

Alors que la création de « Chimhyangmu » date de 1974, un an après, à l’occasion du Festival international de musique contemporaine à Séoul, Hwang présente une sonate n’ayant rien à voir avec ses compositions précédentes, une œuvre avant-gardiste en quelque sorte, et qui montre jusqu’où peut aller l’expérimentation artistique avec le gayageum. Il s’agit du « Labyrinthe ». 

 Selon l’explication du compositeur, cette sonate retrace le cours de la vie de l’homme depuis son engendrement grâce à l’énergie cosmique jusqu’à sa disparition, voire sa dissémination dans l’univers. Pour représenter les différentes étapes d’évolution de l’existence humaine, Hwang a inventé différentes techniques de jouer du gayageum, un instrument à cordes pincées. Il arrive à l’interprète de frotter ses cordes avec un archet d’ajeng et de gratter sa caisse de résonance avec un bâton de janggu. La sonate contient aussi des éléments vocaux : le fou rire, le cri, la récitation d’un journal. 

 Vrai ou faux ? Selon une anecdote, au moment de sa création dans le Théâtre national de Séoul, « Le Labyrinthe » a effrayé les spectateurs, au point que certains d’entre eux ont finalement quitté la salle. Autant dire que par son côté un peu trop avant-gardiste, cette sonate pour gayageum n’était pas si bien accueillie par le public. Des décennies plus tard, au nouveau millénaire, un programmateur de jeux vidéo l’a adoptée pour musique de fond de sa nouvelle invention. Autant dire que « Le Labyrinthe » est au goût de la nouvelle génération caractérisée entre autres par la recherche d’une sensation forte. 


Liste des mélodies de cette semaine 

  1. « La Forêt », sonate pour gayageum jouée par Hwang Byung-ki. 
  2. « Chihyangmu » par Hwang Byub-ki. 
  3. « Le Labyrinthe » avec Hwang Byung-ki au gayageum et Hong Sin-ja à la voix. 

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