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2024-03-27
#Aux sources de la musique coréenne l 2021-10-27
Certains instruments de musique coréens antiques ne sont connus que de nom, le bipa et le sogeum par exemple. Les documents historiques laissent imaginer leur forme, sans permettre cependant de connaître avec précision la technique de jeu et leur sonorité.
Le bipa est un instrument à cordes avec une caisse de résonnance en forme de cercle allongé ou de poire aplatie et un manche assez court. Quoique son nom et sa forme évoquent le pipa, un instrument de musique traditionnel chinois, ce n’est pas un instrument venu de Chine. En fait, le bipa et le pipa sont deux évolutions différentes d’un instrument de musique originaire du Proche-Orient, à l’époque de l’Empire perse, ce que nous laisse présumer le morphème « pa » dans leur nom. Il a sans doute été introduit en Asie via la route de la soie.
Quant au sogeum, c’est un instrument à vent de la famille du daegeum, une version courte de cette grande flûte traversière en bambou. Alors qu’on ignore pourquoi les musiciens ne jouaient plus du bipa, si bien que cet instrument n’était plus fabriqué, le sogeum a sans doute disparu face à la popularité du dangjeok, « flûte des Tang », un instrument chinois, donc, ayant séduit les Coréens. En fait, le danjeok était intégré dans la tradition musicale coréenne depuis si longtemps que l’apprentissage de son jeu figurait dans le programme du Centre de formation des musiciens du gukak, la première institution publique dans son genre créée au milieu des années 1960. Les enseignants de cet établissement n’ont cependant pas tardé à s’apercevoir que le danjeok ne s’adaptait pas tout à fait à la gamme du gukak. Ils l’ont alors modifié et l’ont rebaptisé justement « sogeum ». D’une certaine manière, il s’agissait de la résurrection d’un instrument de musique coréen ayant disparu, vaincu par son rival chinois.
La popularité d’un instrument de musique dépend-elle de ce qu’on pourrait appeler « la sensibilité collective » des gens d’une époque ? On peut avancer cette hypothèse en ce qui concerne le tungso, l’un des plus vieux instruments à vent coréens.
Par sa forme, il risque de se confondre avec le daegeum. Presque de la même taille que cette grande flûte traversière et également en bambou, le tungso est cependant une flûte à bec, comme l’indique le morphème « so » dans son nom. Il était très populaire durant la période Joseon, même jusqu’au début du XXe siècle. On en jouait en solo aussi bien que dans un orchestre. On comptait des joueurs amateurs de cet instrument parmi les gens du peuple aussi bien que dans la noblesse. Quelle que soit leur appartenance sociale, les Coréens aimaient donc le tungso, sa sonorité évoquant des sanglots, sanglots étouffés de temps à autre, l’effet produit par le mirliton, une fine membrane vibrante recouvrant un trou appelé « chunggong ».
Qu’au fil des années de la seconde moitié du XXe siècle, on jouait de moins en moins de cette « flûte sanglotante » en quelque sorte, ce désamour traduit-il une évolution de l’humeur des Coréens en général ? En fait, sans parler de la prospérité économique de leur pays, la société coréenne contemporaine a évolué et évolue de façon à permettre à un individu l’affirmation de soi, d’être ainsi moins souvent sujet à un sentiment d’impuissance d’où provient la plupart du temps la mélancolie. En écoutant une pièce de musique qui accompagne la danse du lion, une danse traditionnelle, les Coréens contemporains n’aimeraient peut-être pas le son du tungso qui contrebalance le son dynamique du tambour.
Alors que le tungso est donc devenu aujourd’hui un instrument de musique peu populaire, sa version courte, le danso, ne cesse de gagner en popularité pour la raison essentielle qu’il est assez facile d’apprendre à en jouer. Si l’on ne se décourage pas à la première épreuve, celle de parvenir à produire le son, on peut maîtriser son jeu en un temps relativement court. Le danso est par ailleurs un instrument de musique peu cher. Alors que comme le tungso, il est en bambou, il en existe aussi aujourd’hui le modèle en plastique dont le prix est encore plus bas. Beaucoup d’écoliers coréens en possèdent un. En fait, nombreuses sont les écoles qui ont programmé un cours d’initiation au gukak et proposent aux élèves de commencer par apprendre à jouer du danso.
Cet instrument de musique est sans doute populaire aussi en Corée du Nord. Une sonate pour danso, œuvre d’un musicien contemporain nord-coréen, Yi Yong-ku, a traversé sans difficulté la frontière entre les deux Corées pour qu’elle soit jouée par des instrumentalistes sud-coréens.
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