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Musique rituelle

« Selon Confucius », « Maître Kong dit » ou tout simplement « Le Maître dit » ; les paroles du grand penseur chinois, inscrites notamment dans le livre Lun yu, les Entretiens de Confucius, constituaient une référence absolue pour les Coréens à l’époque de Joseon, sous le règne d’une dynastie ayant adopté le confucianisme, le néoconfucianisme plus exactement, comme l’idéologie étatique. Ce n’étaient pas seulement des intellectuels ayant appris par cœur ce livre canonique qui invoquaient les paroles quasi saintes dans un débat; les gens du peuple, pour peu qu’ils soient instruits, y faisaient appel eux aussi pour éduquer leurs enfants, pour reprocher à un homme ou une femme le manque d’urbanité ou encore histoire de se faire passer pour un homme cultivé.

Confucius n’était pas un dieu. On voyait, cependant, un peu partout dans le pays un temple qui lui était dédié, le minùyeo. Où une cérémonie de vénération s’y déroulait périodiquement. Dès la fondation du Joseon, la famille royale a édifié un munmyeo et s’y rendait régulièrement pour honorer le maître à penser en faveur duquel la nouvelle classe dirigeante du pays, les confucianistes, a tourné en dérision le bouddhisme, sans oser réprimer cette religion protégée par la dynastie précédente et encore très populaire.

La cérémonie dite « munmyo jere » se déroulait sur une musique rituelle du genre « dangak », « musique des Tang », venue de Chine, d’où le confucianisme est aussi originaire.


Un autre lieu où le roi de Joseon se rendait régulièrement pour faire une offrande, il s’agit de Jonmyo, un temple consacré, quant à lui, aux ancêtres de la famille royale. Sous le règne de Joseon qui a duré presque 500 ans, cette sorte de panthéon n’a cessé de s’agrandir, car à chaque décès d’un roi ou d’une reine, une nouvelle chapelle était édifiée.

Le Jongmyo, qui existe toujours à Séoul et est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, est donc un édifice immense. A ses côtés, le temple consacré à Confucius pouvait paraître humble. Le grand sage n’en aurait cependant pas été si mécontent, encore moins en colère. En fait, le culte des ancêtres s’inscrit dans la tradition confucéenne. Le Jongmyo, édifice témoin de la piété filiale, une vertu particulièrement prônée par Confucius, témoignait donc, du coup, du respect de son enseignement. Par ailleurs, dans le confucianisme, les parents occupent le même rang que le maître en matière de vénération.

S’agissant d’une cérémonie rituelle qui avait lieu à Jongmyo, elle se déroulait, elle aussi, sur une musique, également du genre « dangak », ce qui a provoqué une interrogation de Sejong le grand, le 4e monarque de Josoen. Roi érudit, il était éclairé sur différentes sciences ainsi que sur les arts, notamment la musique. On peut ainsi imaginer la scène dans laquelle il a formulé son interrogation.

Le voici qui revient dans son palais après le rituel à Jongmyeo. Sur un ton familier, comme à chaque fois qu’il s’adressait à ses sujets en dehors des affaires, le roi, qui ne confond point autorité et autoritarisme, interpelle Park Yeon, chef d’orchestre de la cour royale : « Dites-moi, de leur vivant, mes ancêtres aimaient écouter de la musique de leur pays, n’est-ce pas ? » « Sans doute, Sir. » « Mais alors pourquoi, morts, on leur fait écouter de la musique chinoise ? » Une remarque d’un roi qui souhaitait que son pays soit moins dépendant de l’empire du Milieu et qui concevait déjà l’invention du « hangeul », l’alphabet coréen.

Sejong le grand n’était cependant pas un roi si autocratique pour imposer ses idées en matière de musique rituelle à ses sujets conservateurs et admirateurs de la culture chinoise. Pour que ses ancêtres puissent écouter de la musique de leur pays, morts aussi bien que de leur vivant, il a fallu attendre l’avènement du roi Sejo, son fils, qui, lui, était très attaché à l’autorité royale.


« Vouez autant de respect à vos parents qu’à votre maître. » A cet adage d’origine confucéenne, devrait s’ajouter, toujours selon ce courant de pensée, l’exigence du respect à l’égard du souverain. En fait, une formule confucéenne insistant sur les trois piliers soutenant l’ordre est la suivante : « Le roi, le maître et le père ne font qu’un seul et même être. » Si l’on veut, il s’agit d’une trinité confucéenne.

Du coup, il existait, à l’époque de Joseon, une série de musique jouée en l’honneur du roi, « Daechuta » en l’occurrence, une marche royale. On en jouait, entre autres, quand le roi quittait son palais pour se rendre à Jongmyo. Son adaptation moderne, œuvre de Suga, membre du groupe BTS, a fait le tour du monde.


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Munmyo jereak » jouée par l’orchestre de l’institut national de gukak.
  2. « Jongmyo jereak » jouée par l’orchestre de l’institut national de gukak.
  3. « Daechuta » jouée par l’orchestre de l’institut national de gukak.

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