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Sous Sejong le Grand

Comment promouvoir le « hangeul » ? C’est la question qui préoccupait le roi Sejong le Grand, lorsqu’il a inventé l’alphabet coréen. Ecriture facile à apprendre, « A un homme intelligent, disait-on, une journée suffirait pour la maîtriser ; même à un sot, pas plus de trois jours. » Or, c’est justement, entre autres raisons, à cause de cette facilité que l’aristocratie de Joseon s’opposait à son usage, et ce en faveur des caractères chinois qui constituaient l’écriture officielle. Les « yangban », « noblesse de robe et noblesse d’épée », étaient très fiers d’être pratiquement la seule classe sociale à savoir lire et écrire ces idéogrammes compliqués. Par ailleurs, ce fait leur permettait de justifier leur domination sur les gens du peuple. Ils ne pouvaient imaginer une société dans laquelle tout le monde était capable de s’exprimer par écrit, voire une société démocratique.


Sejong le Grand trouve finalement une solution : la rédaction d’un texte sacré en « hangeul ». Ainsi est composé un poème épique en alphabet coréen, « Yonbieocheonga » ou « Ascension des dragons », qui raconte l’histoire de la fondation du royaume Joseon. Sa lecture est obligatoire pour tous les nobles, à moins qu’ils ne nient la légitimité de cette monarchie. Ils sont donc obligés d’apprendre le « hangeul ».


Et si l’on mettait ce poème en musique ? C’était également l’idée de Sejong le Grand. Une précision : pour être chanté, le poème a été traduit en caractère chinois. Un stratagème du roi ? Car les nobles tirant une grande fierté de leur connaissance en matière d’écriture venue de l’empire du Milieu pouvaient chercher à vérifier si la traduction était bonne. Et pour cela, ils avaient besoin de savoir lire le « hangeul ».


Cette pièce de musique intitulée « Yeominrak », « Réjouissance avec le peuple », est aujourd’hui interprétée sans paroles. En fait, au XXIe siècle, encore plus rares sont les Coréens qui comprennent son texte en caractères chinois...


Sous le règne de Sejong le Grand, le royaume Joseon prospère. L’agriculture constituant la base de l’économie du pays, les récoltes sont nettement améliorées grâce aux inventions et innovations techniques qui ont été réalisées à l’initiative du monarque éclairé. Pour n’en citer qu’un exemple, sous son règne, la Corée devient le premier pays au monde à posséder un pluviomètre.


Sous Sejong le Grand, le pays du Matin clair connaît aussi une longue période de paix. L’armée de Joseon a repoussé les barbares du Nord, les Jürchen, au-delà du fleuve Yalu. La marine de Sa Majesté a débarqué sur l’île Tsushima à mi-chemin entre la Corée et l’archipel nippon pour pulvériser le repaire des pirates japonais envahissant régulièrement les côtes coréennes.


Alors que les gens du peuple vénèrent leur souverain ayant apporté la paix et la prospérité dans leur pays, certains aristocrates attribuent aussi celles-ci au bon choix du siège de la cour royale, Hantang, l’actuel Séoul. Autrement dit, ils sont convaincus de l’efficacité du « feng shui », la géomancie, un art millénaire d’origine chinoise. Témoin ce poème chanté du genre « gagok », genre musical préféré de l’aristocratie, qui fait l’éloge de la capitale de Joseon, un lieu idéal sur le plan de l’énergie environnementale, le « chi » ou « qi », engendré par le vent, « feng », et l’eau, « shui »...


Pendant la période de paix et de prospérité, les gens en général sont gentils les uns avec les autres. En fait, la méchanceté est une forme d’agressivité qui, elle, est entre autres un instinct de survie. Cet instinct est relativement apaisé, quand on est sûr de ne pas mourir de faim et qu’il n’y aura pas de guerre. Notons aussi que la méchanceté provient souvent du mécontentement de soi et ceci du fait de se comparer aux autres et de les envier. Pourquoi alors être méchant avec mes voisins, puisque moi, autant qu’eux, profite de la prospérité de mon pays ?


Les paroles d’un chant folklorique de l’époque de Sejong le Grand sont particulièrement révélatrices de cet état d’esprit des gens bénéficiant d’un temps de grâce. Chanson de circonstance en quelque sorte, son texte formule des vœux du Nouvel An s’adressant à une famille. Il ne peut être plus complaisant :


Comme une belle lumière la nuit

Comme l’eau claire au soleil

Comme le son d’une perle roulant sur une assiette en or

Comme un phénix dans un parasol chinois

Que le bonheur baigne votre famille

Que vos enfants comme descendus de la lune

Aiment leurs parents autant que vous les aimez


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Yeominrak » interprété par l’Orchestre de l’Institut national de gukak.
  2. « Jingukmyeongsan » chanté par Yi Dong-kyu.
  3. « Les Voeux » chanté par Yi Kwang-su.

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