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Les amoureux

Un amoureux ou une amoureuse cherche naturellement à faire plaisir à la personne aimée. Certains le font aussi pour leur propre joie.


Voici par exemple Mongryong, le héros du célèbre numéro de pansori, « Chant de Chunhyang », qui, pendant un repas intime, multiplie les gestes aimables envers sa bien-aimée qui a donné son nom au titre de ce récit chanté. « Goûte-moi ça Chunhyang ! » Sur ce, il lui sert une espèce de rouleau de printemps. « Goûte-moi ça aussi. » Il lui propose cette fois un petit morceau de viande sautée ayant l’air bien appétissant, toujours d’une manière à chatouiller sa compagne. La jeune femme est à la fois heureuse et confuse, car selon les mœurs de Joseon, le royaume dans lequel vivent ces deux personnages, les rôles sont inversés.


Comme sur la table coréenne, tous les plats sont servis en même temps, le dessert s’y trouve dès le début du repas. « Tiens, ça doit être délicieux. » Mongryong tend à Chunhyang un morceau de pastèque badigeonné de miel pour le rendre encore plus sucré. La demoiselle rougit en souriant timidement. La pastèque est servie coupée en demi-lune. Impossible de la manger avec élégance. Chunhyang devrait ouvrir grand sa bouche, et laisser apparaître pleinement ses dents, ce qui est considéré comme indigne d’une jeune femme à l’époque de Joseon. « Vas-y ! Mange ! », insiste Mongryong. Il a sans doute envie de voir sa bien-aimée exceptionnellement licencieuse, et ce uniquement devant lui.


Lequel des deux a séduit l’autre ? Monryong ou Chunhyang ? A l’occasion d’une sortie dans un parc, le jeune homme issu de la noblesse a immédiatement été épris de la silhouette de la jeune fille profitant d’une balançoire. Il envoie alors son valet pour la faire venir. Disons qu’il lui fait la cour «  à la façon d’un aristocrate ». La jeune fille, qui, quant à elle, appartient à une classe sociale modeste, est assez audacieuse pour souligner le manque de politesse du jeune noble, et ce en ces termes : « A-t-on jamais vu une fleur chercher un papillon ? » Puis, ce qui est surprenant pour plus d’un auditeur, elle donne au messager l’adresse de son domicile. Invraisemblable ? Mais si jamais elle rêvait d’une ascension sociale ? Il semble que ça soit la pensée du poète Seo Jeong-ju, l’auteur de La Balançoire, un poème inspiré du « Chant de Chunhyang » :


Pousse-moi, Hyangdan, vers le haut

Comme on pousse une barque loin du rivage

[...]

Pousse-moi, Hyangdan, vers cet immense bleu

Où il n’y a ni corail, ni île

Je veux m’y mouvoir comme un nuage colorié

Avec ce cœur étrangement palpitant


La mère de Chungyang semble être la complice de sa fille. Mise au courant des agissements des deux jeunes gens dans le parc, elle pense qu’un aristocrate est aussi libre d’abandonner une femme de souche modeste que de la séduire. Que faire pour que sa chère fille ne soit pas victime des caprices du jeune noble ? Elle s’adresse alors à sa fierté d’appartenance sociale et fait jurer Monryong sur son honneur de chérir pour toujours Chunhyang.


Mais voilà que le jeune noble doit se rendre dans la capitale pour poursuivre ses études. La mère de Chunhyang est persuadée qu’il s’agit d’un prétexte pour s’éloigner de sa fille. Voici sa longue réplique :


« La beauté de ma fille s’est-elle ternie en si peu de temps ? Lui est-il arrivé de vous dire des mots déplaisants ? A-t-elle usé de coquetterie à l’égard d’un autre homme que vous ? Quitter sa compagne sans faute, cela n’est pas digne d’un gentilhomme. Souvenez-vous que vous étiez obnubilé, jour et nuit, par ma fille depuis cette brise printanière. Et voici qu’à la brise automnale, qui annonce les feuilles mortes, l’un s’apprête à se détacher de l’autre. La passion que ma fille a allumée dans votre cœur a pris fin ? En brûlez-vous pour une autre femme ? »


Voilà une mère qui sait défendre la cause de sa fille. Pour terminer sa plaidoirie, elle déclare : « Emmenez-la ou tuez-la pour vous débarrasser d’elle à jamais ! » L’« accusé » se retrouve dépourvu, d’autant que son amour pour Chunhyang ne s’est point refroidi. Pendant leur séparation, la jeune femme va toutefois être exposée à de multiples épreuves.


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Chant d’amour » chanté par Yi Bong-geun.
  2. Un extrait du « Chant de Chunhyang » chanté par Seo Jin-sil.
  3. « La Chevelure ébouriffée »chanté par Park Ae-ri.

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