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Ces petites créatures

Comme ils sont adorables ! Les garçons et les filles du chœur d’enfants Ari. Un ensemble vocal assez particulier, car il a été créé pour interpréter les mélodies de gugak. En fait, Ari est aussi un atelier de musique coréenne traditionnelle qui accueille les petits Coréens intéressés par autre chose que les jeux vidéo, ayant pris goût à un tout autre genre musical que la k-pop, et ce de leur plein gré ou à l’initiative de leurs parents.


Ce chœur d’enfants est d’autant plus particulier qu’il est spécialisé dans l’interprétation du « gagok », des poèmes mis en musique, genre musical préféré des aristocrates de Joseon. Le texte chanté est tiré plus exactement d’un « sijo », un tercet. Son interprétation exige la maîtrise d’une technique vocale subtile et surtout celle du souffle. La performance d’un chœur d’enfants en la matière est tout simplement admirable.


Le répertoire du « gagok » comporte 15 chants féminins et 26 masculins. Voici les petites chanteuses d’Ari prêtes à en interpréter un. Elles sont habillées en « hanbok », le costume coréen traditionnel, et coiffées d’un chignon comme les femmes mariées de l’époque de Joseon. Avec un air grave nécessaire pour chanter correctement un « gagok », elles entonnent :


La pivoine, reine des fleurs

Le tournesol, symbole de la fidélité au roi


Aujourd’hui, le 5 mai, les Coréens célèbrent justement la fête des enfants, la journée inaugurée en 1923 à l’initiative d’un certain Bang Jeong-hwan, un intellectuel engagé, défendant en particulier les droits des plus jeunes. Inutile de dire qu’il les adorait. En témoigne ce passage de sa préface pour l’un des premiers magazines pour enfants de Corée :


« Ecoutez cet enfant chanter pour son propre plaisir. Un chant tel un gazouillement d’oiseau, sortant d’une bouche aux lèvres en forme de pétale, couleur cerise. C’est la voix de la nature, le son venu du ciel. Regardez ces enfants courir par-ci, par-là pour s’amuser, la chevelure virevoltant au vent. C’est l’allure de la nature, le reflet se déplaçant du ciel. Comment ne pas aimer ces créatures si innocentes ? »


C’est probablement l’un des plus beaux textes dédiés aux enfants. Aimer les enfants, c’est aimer l’ingénuité et la simplicité. Cela revient en quelque sorte à regretter le jardin d’Eden où Adam et Eve ignoraient la distinction entre le bien et le mal et donnaient libre cours à leur spontanéité, sans se soucier du regard de leur Créateur. Vous et moi, combien sommes-nous éloignés d’un semblable paradis qu’est l’enfance !


Un enfant prodige. En matière de musique, on pense immédiatement à Mozart. Voici une anecdote qui illustre son génie précoce :


« Ah, votre violon est accordé un quart de ton plus bas qu’hier », dit le petit Wolfgang à un ami de son père, un violoniste venu lui rendre visite. Son papa, surpris, lui dit : « Mais tu ne sais pas jouer du violon ! » « Mais si, réplique l’enfant, puisque je t’ai écouté jouer et t’ai vu donner des leçons. »


Cet épisode nous amène à nous interroger : Si Mozart n’avait pas eu un père violoniste, serait-il devenu le musicien le plus connu au monde ?


Le talent de musicien est-il héréditaire ? Est-ce un don dû à l’environnement familial ? En matière de gugak, nombre de génies précoces sont effectivement nés dans une famille de musiciens. Certains font toutefois figure d’exception. Jang Seo-yun par exemple, dont le talent de chanteuse de pansori s’est révélé dès l’âge de six ans, alors que sa famille ne comptait en son sein aucun musicien. Quel effet a pu produire un morceau de pansori chez un enfant lors de son premier contact avec cet art vocal ? Comment la petite fille a-t-elle tout de suite reconnu son destin dans ce genre de musique ? Quand elle était enfant, Jang Seo-yun n’aurait pu trouver les mots pour l’expliquer. Devenue adulte, c’est cette fois sa mémoire qui la trahirait. Une expérience intérieure ayant scellé son destin va ainsi demeurer le mystère de son enfance. En fait, tous les adultes devraient en avoir un.


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « La pivoine... » chanté par le choeur d’enfants Ari.
  2. « Les enfants-fleurs » chanté par Sung Da-kyung.
  3. « Gogochunbyeon » chanté par Jang Sei-yun.

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