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Jeokbyeokga

« Ce qui fut longtemps divisé doit assurément, un jour, retrouver son unité. Et ce qui, longtemps, fut uni, doit un jour, fatalement se diviser. » Ainsi commence le célèbre roman historique chinois, « Les Trois royaumes », un best-seller de tous les temps, non seulement en Chine, mais aussi dans d’autres pays d’Asie, notamment au Japon et en Corée. Ecrit par Luo Guenzhong au XIVe siècle d’après le livre d’histoire éponyme de Chen Shu au IIIe siècle, cette œuvre romanesque retrace effectivement la division de l’empire du Milieu sous les Han, une dynastie vieille de plus de 400 ans.


Ce roman-fleuve a été porté à l’écran à multiples reprises, adapté en série télé et en BD. Il a aussi inspiré des jeux vidéo. Et en matière de gukak, il existe un numéro de pansori, « Jeokbyeokga », tiré d’un célèbre épisode des « Trois royaumes », la bataille de la Falaise rouge qui opposa les armées alliées de Wu et de Shu à celle de Wei, celle qui mobilisa les généraux les plus vaillants et les stratèges les plus ingénieux des trois royaumes.


Le roman historique de Luo Guenzhong est entre autres une galerie de portraits extrêmement riche. Parmi les personnages peints sur le vif, certains sont passés de l’histoire à la légende : Guan Yu par exemple, un général de Shu surnommé « dieu de la guerre », à qui un culte est rendu à divers endroits en Chine et en Corée.


Est-ce parce qu’il croyait que dans un roman de cape et d’épée, il devait bien y avoir des gentils et des méchants ? L’auteur des « Trois royaumes » semble être quelque peu injuste envers l’un des protagonistes : Cao Cao, le roi de Wei. Alors qu’historiquement, ce fut un grand homme, le romancier lui a donné les traits d’un personnage perfide et le ridiculise parfois. Un morceau de « Jeokbyeokga » reproduit une scène inventée pour cet abaissement.


Son armée ayant été pratiquement anéantie lors de la bataille de la Falaise rouge, le seigneur de Wei prend ses jambes à son cou. Or, un poursuivant crie : « Celui qui porte une cape pourpre, c’est lui, Cao cao. Attrapez-le et tuez-le ! » Le fugitif enlève alors immédiatement le vêtement symbole de son honneur et le jette par terre. Il entend cependant un autre poursuivant crier : « Celui qui porte une barbe longue, c’est lui Cao Cao. Attrapez-le et tuez-le ! » Le fuyard tire alors son épée du fourreau et se coupe la touffe de poils sous le menton.


Dans la version romanesque cependant, cette scène ne se produit pas à la suite de la défaite cuisante des troupes de Cao Cao lors de la bataille de la Falaise rouge, mais dans un autre affrontement. Un anachronisme donc commis par le chanteur de pansori. Etant un artiste à part entière, il n’était cependant pas obligé de chanter fidèlement le récit romanesque. En fait, il se permet même un ajout indépendamment du roman.


Montagne abrupte, forêt sombre

La tempête de neige fouette les soldats survivants

Cris des oiseaux par-ci, par-là

Semblables aux plaintes des morts au combat


Le chanteur de pansori attribue ce poème à Cao Cao. Mais en réalité, c’est sa propre invention. Il a sans doute retenu le fait que le roi de Wei fut aussi un grand poète. Toute circonstance particulière lui inspirait un poème. Selon le chanteur de « Jeokbyeokga », la défaite lors de la bataille de la Falaise rouge, qui a coûté à Cao Cao la perte de centaines de milliers d’hommes, a bien pu déclencher son génie poétique.


Comme on le voit, le « Jeokbeyokga » n’est pas simplement une adaptation d’un récit romanesque en art vocal. Le chanteur se permet de commenter certains passages, d’entrer dans la peau d’un personnage pour partager et exprimer ses émotions. Il lui arrive aussi de magnifier, à sa manière, un héros des « Trois royaumes ». Ainsi, il s’enthousiasme en chantant la prouesse de Zhao Yun, un général de Shu, qui, d’un coup de flèche tiré sur le bateau ennemi, coupe la corde fixant la voile au mât pour faire échouer la poursuite.


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Un esprit étroit » chanté par le groupe Raak.
  2. « Le chant des oiseaux » chanté par Seo Wi-cheol.
  3. « Zao Yun tire flèche » chanté par Ko Jun-seok.

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