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Chanson des chiffres

Un groupe de jeunes chanteurs de gukak, SsingSsing, amuse bien le public, notamment celui de leur génération avec une adaptation d’une vieille mélodie intitulée « Chant de sasirengi ». C’est en quelque sorte une chanson des chiffres. A-t-elle été inventée pour apprendre aux enfants à compter ? Pas du tout. Elle est probablement née dans une salle de jeux, un lieu où les chiffres font le bonheur des uns et le malheur des autres.


Le « sasirengi » est effectivement un jeu d’argent qui se jouait à l’époque de Joseon avec des jetons numérotés de 1 à 10. Alors que ses règles sont aujourd’hui tombées dans l’oubli, les paroles du « Chant de sasirengi » nous permettent justement d’en avoir une idée.


Le but du jeu était probablement de parvenir à composer une série de numéros, tout en empêchant les adversaires d’y réussir. Selon les règles du jeu que nous laisse imaginer le texte de la chanson, un joueur, lorsque son tour arrive, échange un de ses jetons contre un autre sur le tapis. Il en donne bien sûr un dont il a le moins besoin et qui, croit-il, ne profitera pas au joueur suivant comme une forme de défi lancé, il confirme son choix verbalement : « Voilà les poiriers en fleurs ! » Il vient de donner un jeton avec le numéro 2. En fait, le premier morphème du mot « ihwa », « fleur de poirier » en coréen, est l’homophone du chiffre sino-coréen deux. Encore un exemple : « Heureux mon cousin qui vient d’acheter une rizière ! » Le joueur qui le dit a donné un jeton portant le chiffre 4, « sa » en numération toujours sino-coréenne qui est l’homophone du premier morphème de « sachon », « cousin » en coréen. Les paroles du « Chant de sasirengi » sont constituées de ce genre de jeux de mots.


Rappelons qu’en coréen, il existe deux types de nombres. Les nombres sino-coréens : il, i, sam, sa, o, yuk, chil, pal, ku, sip ; et ceux d’origine coréenne : hana, dul, set, net, dasot, yosot, ilgop, yodol, ahop, yol. Alors que les chansons avec des chiffres sont assez nombreuses, notons qu’elles utilisent en général la numérotation sino-coréenne. En fait, comme ceux-ci sont tous des monosyllabes, alors que ce n’est pas le cas pour les chiffres purement coréens, il est facile de trouver un mot dont la première syllabe se prononce de la même façon qu’un chiffre sino-coréen.


Cela dit, cette sorte de jeu de mots dans une chanson des chiffres est, il faut bien le dire, assez gratuit ou peu sérieux. Est-ce la raison pour laquelle ce genre de chanson amuse en particulier le jeune public ? En fait, chacun s’accorde à dire que la culture des jeunes du XXIe siècle est plutôt marquée par la légèreté.


Voici une autre chanson des chiffres qui amuse bien, en particulier la jeune génération coréenne. C’est également une adaptation d’une vieille mélodie, réalisée elle aussi, par un groupe de jeunes chanteurs de gukak, Yegyul Band. Un autre point commun avec le « Chant de sasirengi » est que cette chanson fait également référence à un jeu d’argent, le « tujeon », qui a passionné et ruiné plus d’un Coréen de l’époque de Joseon. Alors que le « tujeon » ne se joue plus, il est à l’origine d’un mot coréen familier : « jangteng », l’équivalent de « aubaine » en français. En termes de « tujeon », cela désigne la combinaison de cartes qui l’emporte sur toutes les autres, en l’occurence celle de deux 10.


Qui d’autres que les joueurs sont particulièrement concernés par les chiffres ? Eh bien, les commerçants en l’occurrence. Il n’est donc pas étonnant de trouver parmi les vieilles chansons contenant des chiffres une qui est attribuée aux marchands ambulants. Ils l’ont probablement inventée et chantée en se déplaçant à pied d’une foire à l’autre pour se distraire ou pour cadencer leurs pas.


De cette vieille mélodie intitulée « Jangtaryeong », « chant du marché », il existe plusieurs versions différentes au niveau du texte. En fait, comme il s’agissait de commencer un couplet par un morphème homophone d’un chiffre sino-coréen, un jeu assez simple et facile, les paroles pouvaient varier à l’infini selon l’inspiration des marchands qui chantaient, mais aussi selon leur humeur dépendant de leur chiffre d’affaires du jour.


Liste des mélodies de cette semaine

  1. « Chant de sasirengi » interprété par le groupe Ssingssing.
  2. « Jeu de tujeon » chanté par Yegyul Band.
  3. « Chant du marché » interprété par Kim Yong-woo.

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