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Culture

Les adaptations du « Chant de Simcheong »

#Aux sources de la musique coréenne l 2022-06-16

Aux sources de la musique coréenne

Les adaptations du « Chant de Simcheong »

La piété filiale, une valeur millénaire en Corée, est aujourd’hui beaucoup moins prônée que dans le passé. Cela s’explique, notamment, par l’avènement de l’Etat-Providence. En fait, le régime de Joseon par exemple, la dernière monarchie coréenne, insistait sur le respect de ses parents sans avoir pu songer à mettre en place ce qu’on appelle aujourd’hui la couverture sociale, dont l’assurance vieillesse.


Du coup, la jeune génération peut porter un regard critique sur un célèbre conte populaire ayant comme thème la piété filiale, « Simcheongjeon », ou « Simcheongga », sa version en pansori. Que la jeune fille Simcheong accepte de sacrifier son corps pour réparer une bêtise de son père, cela peut leur paraître exagéré. Quant au père, un veuf non-voyant, qui s’opposait bien sûr à la décision de sa fille, finit par accepter une grosse somme versée par les marins en échange d’une victime au dieu de la mer, c’est tout simplement un personnage scandaleux.


Le récit prônant la piété filiale risque ainsi de ne pas paraître si noble aux yeux de la jeunesse coréenne du XXIe siècle. En fait, s’il existe plusieurs adaptations des morceaux de « Simcheongga » réalisées par les jeunes musiciens de gukak, la plupart d’entre elles ont remis au goût du jour des passages purement divertissants.


Dans une de ces adaptations, nous avions affaire à un personnage grossier et burlesque : la mère de Paengdeok, une veuve voisine de celui dont certains diraient qu’il a vendu sa fille. C’est d’abord une grosse gourmande qui aime aussi un peu trop boire. Sa bouche n’est jamais au point mort. « En éveil dit le récit chanté, elle ne cesse de dire du mal du voisinage ; en dormant, elle grince des dents. » Quand elle ne trouve pas le sommeil dans son lit solitaire, elle sort et crie au feu sous la fenêtre de la chambre d’un couple. « hé » lui arrive-t-il aussi d’interpeller un passant, juste pour lui demander une cigarette. D’une certaine manière, c’est une femme hors-norme, un personnage qui provoque tantôt la colère, tantôt le rire du public.


Alors que la mère de Paengdeok est méchante avec tout le monde, elle épargne le père de Simcheong de sa mauvaiseté, et ce, faut-il bien le préciser, depuis que sa fille n’est plus à ses côtés. La veuve lui propose même de prendre soin de lui. Est-ce par compassion ? Rappelons que le veuf non-voyant a de quoi financer ses vieux jours grâce au sacrifice de sa fille. Et c’est justement ce à quoi la mère de Paengdeok s’intéresse en se proposant de tenir compagnie à l’handicapé solitaire.


« Vous ne partirez pas sans moi », dit-elle à son compagnon à l’annonce d’une fête de charité organisée par la cour impériale en faveur des non-voyants. A n’en douter, il s’agit pour cette gourmande, de profiter du festin.


Dans une autre adaptation chantée a cappella, on retrouve le père de Simcheong sur le chemin de la cité impériale où va se dérouler la fête de charité. Il vient de se mêler à un groupe de femmes qui pilonnaient des céréales. Pour les remercier d’un service qu’elles lui ont rendu, il les aide et se met à la besogne. C’est une scène anecdotique, une divagation, introduite tout simplement pour divertir le public de façon à reproduire de manière vocale le bruit rythmique du pilon. Le groupe a cappella se serait intéressé en particulier à cette reproduction amusante.


Mais où est la mère de Paengdeok ? En effet, elle n’est plus en compagnie du pauvre handicapé. Elle l’a abandonné sur la route, et ce pour se rendre sur le lieu de la fête avec un autre non-voyant, beaucoup plus jeune que son ancien camarade et, précise le récit, disposant d’un grand nez. Un détail apporté pour laisser entendre que la veuve n’est pas uniquement gourmande au sens propre.


Mais elle ne savait pas que la fête de charité avait été organisée par Simcheong, miraculeusement sauvée et devenue impératrice. C’est cette dernière qui a organisé ces festivités en faveur des non-voyants pour retrouver son père. Les retrouvailles auront ainsi lieu. Et un miracle va se produire : le père de Simcheong, extrêmement désireux de constater de ses propres yeux que sa fille est saine et sauve, est touché par la grâce et retrouve la vue. C’est sans doute par son aspect fabuleux que cette scène a intéressé une chanteuse de gukak de la nouvelle génération qui en a fait cette une adaptation.


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Paengdeok » chanté par Kim Yul-hee.

2. « Pilonnage » chanté par Torys.

3. « Le non-voyant retrouve la vue » chanté par Jo Ela.

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