Aller au menu Aller à la page
Go Top
Le Chant de Jeongeup

« Le Canon de la musique » ou « Akhakguoebeom » est un livre sur la théorie musicale compilé à l’époque de Joseon, au XVe siècle plus exactement. Il comporte aussi les descriptions de différents instruments de gukak illustrées par des dessins et mentionne certaines pièces de musique, instrumentales aussi bien que vocales, notamment des concertos joués dans la cour royale.


Alors que ce vieux livre d’une valeur immense est rédigé en caractères chinois, la transcription des paroles d’une chanson est, quant à elle, réalisée en « hangeul », l’alphabet coréen inventé un demi-siècle plus tôt, mais encore peu utilisé au moment de la compilation du « Canon de la musique ». Parmi ces textes, figure « Jeongeupsa », « Chant de Jeongeup », une chanson populaire considérée de nos jours comme la plus vieille dont les paroles nous sont parvenues. En fait, elle aurait été chantée depuis le VIIe siècle ; son texte étant attribué à la femme d’un commerçant ambulant habitant à Jeongeup.


 Que la lune soit encore plus haute

 Qu’elle apporte de la lumière encore plus loin

 Chéri, as-tu quitté la foire pour rentrer

 Attention aux flaques d’eau sur le chemin

 Pose ta marchandise et repose-toi un instant

 Que la lune veille sur mon époux


Ainsi aurait-elle chanté en attendant, avec inquiétude, le retour de son mari. Sur quelle mélodie ? On l’ignore. On peut toutefois l’imaginer en écoutant une mise en musique contemporaine. En fait, la mélodie d’une chanson nait parfois du texte.


Il est assez curieux de voir que « Jeongeupsa », une chanson des gens du peuple, est retenue dans un livre compilé à l’initiative de la cour royale. Rappelons que la noblesse de Joseon était peu intéressée par la culture populaire, au point parfois de la mépriser. Or, ce qui est encore plus surprenant et qui explique justement la mention de cette chanson dans « Le Canon de la musique », c’est qu’elle faisait partie d’une sorte de répertoire de la musique royale durant la précédente dynastie Goryeo et qu’elle était également chantée dans la cour de Joseon jusqu’à une certaine époque.


Est-ce pour ses paroles ou pour sa mélodie que « Jeongeupsa » a eu le droit de cité dans l’environnement culturel de la noblesse ? Le texte traduisant le dévouement d’une femme à son mari pouvait être apprécié par les dirigeants du pays prônant cette vertu. Faute de partition, on n’a par contre aucune idée de ce qu’ils ont pu penser de la mélodie. De toute façon, on imagine qu’une chanson ne pouvait être chantée dans un palais royal sans être accompagnée d’un orchestre. En effet, « Sujecheon », une symphonie de la période Joseon et jouée à l’occasion d’un déplacement officiel du prince héritier aurait été initialement un accompagnement musical pour le « Chant de Jeongeup ».


Que veut donc dire « Sujecheon », le titre de cette symphonie ? « Souhait pour la longévité ». Longévité de la dynastie Joseon sans doute. Comme « Le Chant de Jeongeup » dont l’auteur, une femme dévouée, souhaite que son mari rentre à la maison sans peine, il s’agit d’une musique qui incarne un vœu. Un groupe de jeunes musiciens, Seoul Pistolz, en aurait été conscient pour publier en 2021 une chanson librement inspirée à la fois du texte de « Jeongeupsa » et de la mélodie de « Sujecheon ». Ils souhaitent  la fin de la pandémie de COVID-19 qui était à son paroxysme cette année-là.


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Que la lune soit encore plus haute » chanté par Eun Hee-ji.

2. « Sujecheon » par l’orchestre de l’Institut national de gukak.

3. « Sujecheon » chanté par Seoul Pistolz.

Contenus recommandés

Close

Notre site utilise des cookies et d'autres techniques pour offrir une meilleure qualité de services. En continuant à visiter le site, vous acceptez l'usage de ces techniques et notre politique. Voir en détail >