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Trois légendes

Incroyables pour certains d’entre eux, tout à fait vraisemblables pour d’autres, nombreux sont les récits populaires concernant les célèbres musiciens de Joseon, chanteurs et instrumentalistes.


Selon une de ces légendes, Song Heung-rok, un grand chanteur de pansori, avait comme concubine une ancienne demi-mondaine ou kisaeng. Il l’a conquise avec comme arme, son chant. Ne pensez pas qu’il a chanté une sérénade pour la séduire. Les deux personnes se sont rencontrées lors d’un concours de chant qui était aussi une fête mondaine. Song figurait parmi les candidats. Quant à sa future concubine, alors une kisaeng, elle tenait compagnie à l’organisateur de cette compétition musicale, une personnalité de haut rang. Le chanteur s’est intéressé à cette femme, car c’était la seule dans le public à avoir l’air indifférent à sa grande performance. Sélectionné comme le meilleur, il souhaitait comme récompense la demi-mondaine qui avait froissé sa fierté. « Ainsi soit-il », dit l’organisateur du concours, un grand mélomane.


Le couple ainsi formé n’est pas heureux. Cela va sans dire. En effet, leur vie commune est marquée par d’incessantes disputes, d’autant que l’ancienne kisaeng est une femme de caractère. Un jour, suite à une nouvelle scène de ménage, elle menace son concubin de le quitter. Celui-ci a absolument besoin de la retenir, car la dissolution du ménage à l’initiative de la femme est pour un homme de Joseon aussi humiliante que d’être trompé. Il cherche alors à la calmer, et ce, comme il se doit, en chantant. Sa concubine finit par s’apaiser. Autrement dit, c’est à nouveau grâce à son chant que Song a conquis, cette fois, le cœur de la femme...


Une autre légende a cette fois comme personnage un virtuose du daegeum, Park Jong-ki avec comme décor le lieu où repose sa chère mère. Comme il regrette la défunte ! Comme il plaint aussi celle qui est condamnée à la solitude absolue ! Conformément aux mœurs de l’époque, Park accomplit un deuil de trois ans. Et pendant ces trois années, il revient tous les jours auprès de la tombe de sa mère pour lui tenir compagnie. Il joue de son instrument, le daegeum donc, pour la consoler, mais également pour apaiser sa peine.


Il ne s’agit pas pour lui d’interpréter une sonate, mais de jouer au gré de son humeur. Quand les tendres souvenirs s’emparent de lui, les lieux sont baignés dans une musique douce. La grande flûte semble sangloter au moment où le musicien se réveille d’un beau rêve pour réaliser, devant la tombe, la perte d’une personne qui lui était si chère. Parfois la mélodie s’égare ; l’instrumentaliste erre entre rêve et réalité.


Le virtuose du daegeum improvise aussi de façon à reproduire, au moyen de son instrument, le chant d’oiseau qu’il entend. Histoire de se distraire et aussi, pourquoi pas, d’amuser l’esprit de sa mère. Tiens ! Un oiseau se pose sur son épaule. C’est, selon la légende, la preuve que l’imitation a été parfaite.


« Ecartez-vous ! Dégagez le chemin ! » crient les porteurs du palanquin. Ils ont l’air autant arrogant que la personne qu’ils transportent, une personnalité de haut rang de Joseon. Comme ils ont l’air humble cependant, quand ils ne sont plus auréolés par la présence de leur maître à leurs côtés ! Selon une légende, leur fanfaronnade du moment, d’autant plus ridicule qu’elle est en contraste avec leur attitude habituelle, aurait inspiré un certain Kwon Sam-deuk pour qu’il invente une façon de chanter en matière de pansori, celle qui consiste à entonner triomphalement pour finir en queue de poisson.


Qui est Kwon Sam-deuk à qui l’on attribue ce style ou cette technique ayant pour but, semble-t-il, de sous-entendre que plus d’une chose dans la vie est illusoire ? C’est un chanteur de pansori ayant cette particularité : il est né au sein d’une famille noble. Avec des parents qui condamnaient sa passion pour cet art populaire, il a préféré se faire chasser de sa maison pour ainsi pouvoir continuer sa vocation. Etait-il convaincu que, à part, l’amour, tout n’était qu’illusoire ? La façon de chanter qu’il a inventée, appelée « kwonmaseongjae », est adoptée dans un passage du « Chant de Heungbu », une scène dans laquelle un homme cupide chasse des hirondelles en plein hiver et est dupé par une illusion.


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Heungtaryeong. » chanté par An Suk-sun.

2. Un sanjo pour daegeum avec Yi Saeng-gang au daegeum et Yi Sung-jin au jangu.

3. Un extrait du «Chant de Heungbu » chanté par Park Dong-jin.

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