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Jeju et ses chants

Destination Jeju. C’est une île, la plus grande de la Corée du Sud, située à 85 km au large de sa côte sud. Alors qu’elle est surnommée « l’île de beauté », elle pouvait être appelée « l’île de pénibilité » à l’époque où ses habitants vivaient encore presque complètement isolés de la métropole. Durant la période de la dynastie Joseon, c’était effectivement un lieu où les condamnés à l’exil purgeaient leur peine.


La vie à Jeju était éprouvante pour la principale raison que cette île volcanique ne permettait pas la culture du riz, l’aliment de base des Coréens depuis la nuit des temps. Les insulaires pour lesquels il n’était bien sûr pas question de mourir de faim cultivaient d’autres céréales n’ayant pas besoin d’irrigation comme le riz. Mais labourer la terre recouverte de pierres de lave était un travail éreintant !


Comme trace de cette pénibilité, les touristes découvrent un peu partout à Jeju des murs bas en pierres noires. Ce sont en réalité des entassements des morceaux de basalte dont les paysans iliens devaient débarrasser leur terre pour la rendre cultivable.


Ayant préparé si ardument la terre, puis semé, les cultivateurs de Jeju n’étaient cependant pas au repos. Il leur fallait cette fois fouler leurs champs, car le vent constant et souvent violent sur l’île risquait d’emporter les graines semées. Voici un chant de travail qu’ils entonnaient pour se distraire en exécutant cette tâche fastidieuse.


Un autre surnom de Jeju : « samdado », « l’île abondante en trois éléments ». Vous imaginez deux d’entre eux : la pierre et le vent. Et le troisième ? Les femmes. Est-ce une province dans laquelle il naît traditionnellement plus de filles que de garçons ? Pas du tout. Le surnom de Jeju soulignant l’importance de la population féminine n’est en réalité dû qu’à une impression. Dans le passé, l’île semblait être dominée numériquement par la gent féminine, car beaucoup d’habitants masculins, qui étaient des marins pêcheurs, étaient absents pendant la journée. Au fait, c’étaient essentiellement des dames qui se donnaient de la peine pour préparer la terre avant de semer.


« Veinard, tu n’auras donc plus besoin de travailler ! » Il arrive encore de nos jours à un Coréen de plaisanter à la nouvelle que son ami va épouser une femme originaire de Jeju. En effet, les femmes de cette île sont traditionnellement réputées pour être actives et travailleuses. Une réputation due en particulier à un assez grand nombre de dames ayant perdu leur mari dans la mer. Eh oui, à l’époque où les marins pêcheurs prenaient le large à bord d’un petit bateau peu solide, le retour sain et sauf n’était pas toujours garanti. Pour s’alimenter et nourrir leurs enfants, les malheureuses veuves devaient accepter toute sorte de travail, parfois périlleux comme la plongée en apnée pour cueillir des fruits de mer. Symbole de Jeju d’une certaine manière, ces plongeuses ont existé jusqu’au XXe siècle. On les appelait d’un nom assez romantique : « haenyeo », « femmes de la mer ».


Jeju mérite cependant pleinement son surnom d’« ’île de beauté ». Un poème attribué à un administrateur de cette province à l’époque de Joseon énumère dix spectacles les plus impressionnants qu’on y découvre à un moment précis de la journée ou à une période définie de l’année :


Ravissant le lever de soleil vu depuis Seongsan

Emerveillant le coucher de soleil vu depuis Saribong

Aimables les fleurs du printemps recouvrant la colline Yonggu

Rafraîchissante la chute Jeongbang en été

La couleur automnale des champs de clémentine

Le lac du Cerf Blanc recouvert de neige

Ne ressemblent à aucun autre les rochers à Yongsil

Mystérieux le monastère installé dans la grotte Sanbang

Paisible le port Seonpo avec ses bateaux de pêche au repos

Regardez ces chevaux d’élevage à Gosu


Ce vieux poème a été mis en musique par des professionnels de gukak au temps où Jeju est devenu accessible en moins d’une heure d’avion depuis Séoul, et ce faisant un emprunt à une mélodie folklorique de cette île, plus précisément celle qu’on entendait lors d’une cérémonie chamanique organisée pour souhaiter le bon retour des marins pêcheurs.


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Fouler les champs » chanté par Go Tae-pyeong et Hyun gap-bong.

2. « Chant de moulin à main » chanté par Go Seong-ok.

3. « Dix spectacles à Yangju » chanté par Kim Ju-ok.

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