Aller au menu Aller à la page
Go Top

Culture

La musique bouddhiste dans le gukak

#Aux sources de la musique coréenne l 2023-05-25

Aux sources de la musique coréenne

La musique bouddhiste dans le gukak

Est-ce une prière ou un chant ? Les deux. Il s’agit du « beompae », une forme de la musique bouddhique, la répétition d’une formule sacrée ou d’une invocation avec une intonation musicale. D’origine chinoise et développée au pays du Matin clair de façon à bénéficier de différentes techniques vocales, cette manière de prier ou de chanter fait partie intégrante de la tradition musicale coréenne comme c’est le cas de la musique rituelle chamanique.


Nous voici dans un temple bouddhiste où se prépare une liturgie. Une récitation musicale du genre « beompae » retentit dans la cour avec comme public des fidèles qui n’ont pu entrer dans le sanctuaire trop petit pour accueillir tous les spectateurs de la cérémonie. Pour ces malchanceux qui ne vont tout de même pas s’en aller, mais qui seront encore plus attentifs à ce qui va se dérouler dans la salle, d’autant que c’est invisible, le temple va installer dans la cour un grand portrait du bouddha, une sorte de substitut de la statue divine présente dans le sanctuaire. Deux moines, suivis d’autres, transportent ce tableau sacré. Le défilé se déroule avec un chant dérivé du « beompae », une mélodie qui semble s’accorder à cadencer les pas des religieux.


Un fait paradoxal. Alors que la classe dirigeante de la dynastie Joseon, un Etat fondé par des confucianistes, exprimait un dédain à l’égard du bouddhisme, une pure superstition à leurs yeux, plus d’un monarque de ce royaume était un fervent bouddhiste, notamment Sejong le grand qui a fait traduire en « hangeul », l’alphabet coréen, la biographie de Shakyamuni, le fondateur du bouddhisme. Notons aussi qu’au sein même des lettrés confucianistes, certains étaient sympathisants avec l’enseignement du bouddha et avaient même tendance à adhérer à sa richesse philosophique et spirituelle. Quant aux mondains de Joseon, ils étaient un peu trop grands amateurs d’art pour demeurer insensibles à la musique bouddhique.


Voilà pourquoi, inspirée du « beompae », une suite, à savoir un ensemble ordonné de plusieurs pièces de musique instrumentale, se jouait dans la cour royale de Joseon. Il s’agit de « Yeongsanhoesang », une représentation musicale de la réunion légendaire des fidèles autour du bouddha à Yeongsan ou le pic des vautours, une montagne située dans le nord-est de l’Inde. Cette réunion est capitale et mémorable pour les bouddhistes, car selon la légende, c’est à cette occasion que le bouddha aurait transmis aux adeptes le Sutra du Lotus ayant donné naissance au zen, une branche du bouddhisme privilégiant la pratique de la méditation.


Une des neuf pièces de musique composant « Yeongsanhoesang » a récemment été adaptée en chant. Le texte est une répétition d’une des plus célèbres formules sacrées du bouddhisme, celle de six syllabes en sanscrit transcrite en coréen : « na mu a mi ta bul (나무아미타불) », ce qui veut dire : « Je convertis au bouddhisme ».


Est-ce une prière ou un chant ? Ni l’un ni l’autre. Il s’agit de la récitation d’un stotra, un genre littéraire de textes religieux indiens. En écoutant ce texte en sanscrit qui ne leur dit donc pratiquement rien, les fidèles n’auraient été attentifs qu’à l’intonation, voire à la musicalité.


Le moine, qui vient de terminer sa récitation, rend un service à l’auditoire. Il résume en coréen ce qu’il vient de réciter, et ce avec la même intonation que quand il le prononçait en version originale. Certains parmi les fidèles auraient toujours été plus attentifs à celle-ci qu’au message. Des gens qui adorent la musique autant que la parole sainte. Par ailleurs, pour l’avoir écouté maintes fois, ils pouvaient connaître par cœur son message édifiant :


L’univers n’est rien sans homme

Et quel homme est né sans ses parents

Il doit ses os à son père

Il doit sa chair à sa mère

Et son âme à leurs prières au Bouddha


Si ce texte nous est parvenu via un chant folklorique, c’est probablement parce qu’il était gravé dans la mémoire des gens grâce à sa musicalité. On peut finir par se lasser à écouter toujours les mêmes mots, même si c’est une bonne parole, mais jamais d’une même mélodie qui se répète.


Liste des mélodies de cette semaine

1. « Georyeonsan » chanté par Songam.

2. « Je convertis au bouddhisme » chanté par Kim Young-ki et Kim Hee-sung avec Sung Eui-shin au haegeum.

3. « Le retour à l’essentiel » chanté An Bi-chu.

Contenus recommandés

Close

Notre site utilise des cookies et d'autres techniques pour offrir une meilleure qualité de services. En continuant à visiter le site, vous acceptez l'usage de ces techniques et notre politique. Voir en détail >