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A la loupe

Le procureur général sanctionné, une première dans l’histoire sud-coréenne

2020-12-19

Journal

ⓒYONHAP News

Le président de la République Moon Jae-in a approuvé, mercredi soir, la décision du Comité de discipline du ministère de la Justice. Celui-ci avait suspendu, tôt le matin, le procureur général Yoon Seok-youl de ses fonctions pour deux mois. Parmi ses sept membres, quatre se sont présentés à la dernière délibération. Trois d’entre eux ont mené l’instruction de dossiers et de concertation avant de prendre un tel verdict. Seuls cinq des huit témoins choisis sont venus à l’audition. C’est sans précédent. Aucun procureur en exercice ne s’était jamais vu convoquer ni sanctionner par un comité de discipline. Le chef du ministère public est censé exercer son mandat pour une durée déterminée. Yoon a été investi jusqu’en juillet 2021.


Cette situation inédite a été provoquée par le conflit exacerbé entre Yoon Seok-youl et Choo Mi-ae. Le patron des procureurs et sa ministre de tutelle sont en opposition frontale sur des dossiers sensibles tels que la réforme du Parquet. Et leur antagonisme représente celui des deux forces. Le parti au pouvoir met en avant la nécessité de contrôler démocratiquement le Parquet tout puissant, tandis que celui-ci dit vouloir son indépendance et sa neutralité. Il critique vivement le zèle dont ferait preuve le clan de Yoon dans les dossiers visant la majorité politique et son manque d’audace dans les affaires liées aux partis d’opposition et à son propre entourage. Par contre, le camp de Yoon fait valoir que le procureur général ne fait qu’exécuter ce que le président Moon lui a demandé, à savoir de « mener une enquête rigoureuse et équitable même contre un pouvoir vivant ».


Pour rappel, c’est la garde des Sceaux qui a formulé, le 24 novembre, la demande d’exclure de ses fonctions le procureur général et de lui imposer une sanction disciplinaire. Six motifs ont été invoqués, dont notamment l’affaire dite de « collusion entre le Parquet et la presse », la surveillance illégale de certains juges chargés de dossiers défavorables à l’entourage du parti au pouvoir, la fuite d’informations concernant l’affaire liée à un journaliste de Channel A, une chaîne câblée conservatrice, qui aurait agi en complicité d’un procureur, et le non-respect de la neutralité politique. Yoon a obtenu gain de cause auprès du tribunal administratif de Séoul pour reprendre ses fonctions. Mais il n’a pas pu éviter la sanction du Comité de discipline. 


Cependant, ce nouvel épisode ne signe pas la fin de la crise Choo-Yoon. Le camp du procureur général insiste toujours sur l’aspect illégal en matière de composition et de procédure du Comité de discipline. D’ailleurs, Yoon Seok-youl a aussitôt saisi la Justice afin de faire annuler la suspension de ses fonctions. Son insoumission laisse redouter un nouveau conflit, cette fois entre le procureur général et le président de la République. La situation risque donc de se prolonger en exaspérant une population déjà lassée, d’autant plus que le pays traverse une crise sans précédent à cause du COVID-19.

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