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A la loupe

Séoul fait face aux critiques sur sa loi contre les tracts anti-Pyongyang

2020-12-26

Journal

ⓒYONHAP News

Le gouvernement sud-coréen tâche d’expliquer mieux la portée de sa nouvelle loi, adoptée le 14 décembre, visant à interdire l’envoi de tracts anti-Pyongyang, qui continue à inquiéter la communauté internationale.


A l’origine se trouve l’opération de largages aériens menée par quelques associations de transfuges nord-coréens installés au Sud. Il s’agit de faire parvenir au Nord des ballons géants contenant des pamphlets contre le régime de Kim Jong-un, des vidéos de même nature enregistrées dans des clés USB, des billets de un dollar, entre autres. De telles actions irritaient particulièrement le royaume ermite. Ainsi, Pyongyang a adressé des critiques acerbes contre Séoul, et a effectué des tirs au canon anti-aérien pour détruire ces ballons et a fini par dynamiter le Bureau de liaison intercoréen à Gaeseong.


Le gouvernement sud-coréen avait mobilisé ses forces policières afin d’empêcher les largages en question mais en vain. Ce qui a exacerbé l’angoisse des habitants dans les zones frontalières. Selon l’exécutif, la liberté d’expression est certes importante, mais elle ne l’emporte pas sur la vie et la sécurité des citoyens. D’où l’amendement de la loi relative au développement des relations intercoréennes. Le texte prévoit une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison ou une amende de 30 millions de wons, soit 22 000 euros, contre tout contrevenant de l’accord militaire intercoréen signé en 2018, qui interdit notamment l’envoi de tracts et la diffusion de propagande par haut-parleurs près de la zone démilitarisée (DMZ) du 38e parallèle.


Toutefois, les critiques ne manquent pas en ce que le texte controversé risque de porter à la liberté d’expression et aux droits de l’Homme. En Corée du Sud, le Parti du Pouvoir du Peuple (PPP), la première force d’opposition consevatrice, a mené un « filibuster » en vue d’empêcher son adoption, mais le Minjoo, la super-majorité, a mis fin à cette obstruction parlementaire. Au Congrès américain, certains élus ont protesté cette nouvelle loi. Le sous-secrétaire d’Etat américain Stephen Biegun et l’ambassadeur des Etats-Unis à Séoul Harry Harris ont exprimé officieusement leur réticence auprès du gouvernement sud-coréen.


Par ailleurs, le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’Homme en Corée du Nord Tomas Ojea Quintana n’a pas hésité à recommander à Séoul de réexaminer le texte avant son application. Le département d’Etat américain l’a critiqué à demi-mot, lundi (heure locale), en déclarant qu’il faudrait assurer sans discontinuité la libre circulation de l’information vers le nord du 38e parallèle.


Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a affirmé, mardi, son intention de mieux expliquer son initiative auprès de la communauté internationale. D’ailleurs, il a envoyé, un peu plus tôt, un kit de communication à cette fin aux missions diplomatiques étrangères implantées en Corée du Sud.


Malgré ses efforts, Séoul pourrait se retrouver dans une position inconfortable vis-à-vis de Washington d’autant plus que la future administration du président élu Joe Biden se révèle plus sensible aux droits de l’Homme et à la liberté d’expression que celle de Donald Trump.

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