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Cinéma & dramas

The Shaman Sorceress : l'animation bouge encore

2022-01-12

Séoul au jour le jour


Le film d'animation « The Shaman Sorceress » de Ahn Jae-hun est ressorti cet hiver sur les écrans sud-coréens. Il serait, paraît-il, le dernier dessin animé à utiliser du papier et des pinceaux avant la vague des films faits sur ordinateur. Primé au célèbre Festival de Annecy, le film est depuis pris en charge par un gros distributeur français Wild Bunch.


* Chamanisme esthétique

L'histoire se déroule à l'époque de transition entre le féodalisme et l'époque actuelle. Une chamane, dite « mudang » en coréen, se voit concurrencer par le développement du christianisme dans le pays. Un narrateur explique l'histoire de cette famille réputée dont le grand-père était un artiste mais que les événements ont conduit à la faillite. Mais face à cette décadence de la tradition, Nang-yi affiche son talent de peintre bien que sourde. On apprend qu'elle est la fille de Mohwa qui vit dans l'harmonie traditionnelle parfaite. Elle envoie même son jeune demi-frère s'éduquer dans un temple bouddhiste. Mais Nang-yi ne l'entend pas de cette oreille et perd l’ouïe. Sa mère, elle, se retrouve possédée par un démon et se déclare chamane... les choses se compliquent.


* Paganisme et choc des cultures

Quand le jeune frère revient en bon chrétien occidentalisé, les choses tournent à l'affrontement avec sa mère chamane. Celle-ci enchaîne danses et chants pour dire son malaise tandis que son fils l'accuse de superstitions. Sa mère en perd la ferveur de la population. Mais elle ne renonce pas et à force de danses et de chants en transe quasi mystiques, elle tente de regagner leur confiance. La musique du pansori vient rivaliser avec la musique occidentale. Le vieux credo du choc des cultures est toujours vivant pour l'auteur du récit – Kim Dong-ree. Mais ce qui étonne c'est que le réalisateur, qui a transformé le récit en drame musical, semble continuer à y croire en 2016, date d'origine de la réalisation du film !


*Document

Ce qui frappe au premier coup d’œil sur ce dessin animé, c'est le travail documentaire autour du chamanisme coréen de l'époque (les années 1920). Le premier « gut », danse rituelle chamanique, est plein de couleurs et de lumières, mais la recherche esthétisante du film se complète justement par des détails documentaires précis. Que ce soit sur les vêtements ou les objets qui entourent le « gut ». Le modèle du personnage de Mohwa est Kim Keum-hwa, une célèbre chamane devenue héritage culturel intangible numéro 82-2 en Corée du Sud. Par contre, la chanteuse n'est pas une vraie chamane, il s'agit de Sonya qui imite le chant d'une chamane.


* Le dernier coup de pinceau ?

Le réalisateur Ahn s'est longuement exprimé sur la transition de la technique du dessin sur papier et avec pinceaux au travail sur ordinateur et à la palette graphique. Il pense que des limites sont infranchissables par les techniques numériques. Cela met en abîme le propos du film sur la chamane et la perte de la qualité qu'elle représentait pour la société. Cependant, au niveau des idées, il est clair qu'en filigrane, le réalisateur défend la position chrétienne et la modernité qu'elle représentait alors. La chamane prise dans son monde patriarchie traditionnel ne pouvait que voir ses valeurs et sa famille décliner. Des allusions à l'inceste et à l'alcoolisme font aussi du film une œuvre pour adulte malgré les couleurs acidulées et le style à la « Mulan » des personnages. S'en parler de la musique « fusion » qui semble sortir moins d'âges anciens que de complexes et indigestes tentatives de plaire à tous le monde. Le film marque néanmoins, derrière son culturalisme facile et son côté Heritage film, une énième tentative de l'animation sud-coréenne d'exister au niveau international.

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