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Cinéma & dramas

Believer, remake, Shiva et Kim Joo-hyuk

2018-06-27

Séoul au jour le jour

Le défunt acteur Kim Joo-hyuk avait laissé une de ses dernières prestations les plus magistrales dans le poussif « Believer » de Lee Hae-young, remake de « War Drug » de Johnny To, réalisateur honkongais d'une autre trempe. Ficelé pour l'acteur Cho Jin-woong, excellent dans « Mademoiselle » de Park Chan-wook, ce sont pourtant les personnages secondaires qui lui raflent la mise dans le film.


* Remake et remake

Disons-le simplement : de nombreux remakes de thrillers venus de Hong Kong ou du Japon sont manufacturés en Corée du Sud souvent de la plus lamentable des manières. En général, en dehors du copier-coller des plans, on assiste à l'édulcoration du propos et du contexte. Puis une focalisation sur les acteurs dont on parie sur les performances. Bref, tout est basé sur le star-system et sur l'idée que ce qui a fait de l'argent à Hong Kong ou au Japon pourra en faire au pays du Matin clair. C'est en partie vrai. Les cinq millions d'entrées de « Believer » le prouvent. Mais le succès de marketing n'est pas celui du cinéma. Cette histoire de guerre et de revanche entre dealers de drogue, déjà peu intéressante dans l'original, devient totalement irréaliste dans le contexte coréen dont on attend encore un vrai film sur le développement exponentiel actuel des trafiques en tout genre. Le réalisateur – ou plutôt son chef opérateur - n'a pris conscience qu'il tournait un film que lorsque Kim Joo-hyuk est apparu devant la caméra.


* Kim Joo-hyuk : psychopathe brillant

Kim Joo-hyuk joue le grand méchant psychopathe chef d'un cartel chinois de drogue. Et il en fait des tonnes bien servi par la magnifique Kim Sung-ryung en « cocaino woman » délurée. Il faut le voir dans son peignoir, en slip, son flingue à la main et un verre de Leekangju dans l'autre. On pense à Christopher Walken dans « King of New York » pour son jeu presque chorégraphié et ses sourires de félin dément. Les Anglo-saxons parlent de « scene stealer» pour ce qui se passe alors : le flic joué tant bien que mal par Cho Jin-woong (mais ce n'est pas de sa faute si le scénario ne prévoit pas de profondeur à son personnage) et le bellâtre trafiquant repenti Ryu Jun-yeol se font voler la vedette par Kim Joo-hyuk. Ce dernier, s'il n'avait finit mystérieusement contre un mur à bord de sa voiture devenue folle il y a de ça juste quelques mois, aurait sûrement pu incarner un psychopathe brillant dans les films sud-coréens à venir.


* Cha Seung-won : crooner déglingué

Donc, dès que Kim Joo-hyuk apparaît, totalement en roue libre dans l'incarnation sans tabou de son personnage, la caméra reprend vie, suit le démon, cesse de s'obnubiler sur les champs contre champs et les inserts indiciels pour que le public bas de cerveau puisse suivre passivement l'histoire – dont certains se sont déjà désintéressés après une quinzaine de minutes. Trop vite et facilement éliminé – même si ses scènes ont probablement doublé de volumes vue sa performance au tournage – Kim est remplacé par Cha Seung-won qui joue un autre chef de gang. Cha et sa silhouette svelte et son regard déjanté volent à nouveau la vedette aux autres. Ils donnent un peu de vie réelle à un scénario qui ne fait que jouer avec des étiquettes et qui n'a trouvé aucun lieu visuellement spécifique (sauf le final dans la neige, mais il est déjà trop tard : les deux héros vont s’entre-tuer, mais on ne voit pas où est le problème).


* Mais pourquoi tant de violence ?

Ceux qui décrient le cinéma sud-coréen pour sa violence seront servi. Oui, il s'agit bien d'un exutoire. Ici, on se soucie peu de l'histoire alambiquée, ce qui compte c'est de voir Kim Joo-hyuk, avec une kalachnikov, tout détruire autour de lui, exploser les objets du quotidien qui nous aliènent, flamber les murs de la néo-architecture qui nous enferment ; ou encore de voir deux femmes ravager à coup de prise de taekwondo un bar bon chic bon genre, et une bombe redécorer en mieux un bâtiment en préfabriqué de l'époque de Park Chung-hee. Oui, la destruction, la puissance de la déesse Shiva, ont des qualités thérapeutiques qui ne peuvent s'apprécier pleinement qu'au cinéma faute de les mettre en pratique dans la réalité.

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