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Cinéma & dramas

Monstrum flatulum

2018-10-03

Séoul au jour le jour


Les films de monstres sont rares dans le cinéma du pays du Matin clair : « Okja », Bulgasari » et ?. Voici donc « Monstrum » de Heo Jong-ho qui a tenté de relancer le genre à la sauce des « heritage films » à la veille de Chuseok, la fête de la pleine lune et des moissons qu’on a fêté le 24 septembre dernier.


*Une sorte de Bulgasari qui tourne mal

On se souvient du célèbre « Bulgasari » de Shin Sang-ok, une sorte de remake de King Kong réalisé en 1985. Le dinosaure cornu et mangeur de métal (notez la référence à Staline) venait à la rescousse du peuple opprimé. Dans « Monstrum » sorti le 12 septembre dernier, il est plutôt le résultat du sang d'un peuple miséreux largement massacrés suites aux rivalités de clans d'aristocrates sous le règne du roi Jungjong. Nous sommes au début des années 1500. Les massacreurs du peuple sont si empressés à monter des coups d'Etat qu'ils ne prennent pas au sérieux la menace du chien de foire devenu Mulgoe le pestiféré.


*Archétype du sauvetage du roi

Un archétype classique des « heritage films » veut que le héros sauve le roi. Cette version locale renoue avec une tendance plus ancienne dans laquelle le sauveur est souvent un militaire, fidèle, généreux et empaleur comme pas deux qui s'en prend aux lettrés et aux nobles civils, voire aux prêtres avides de s'emparer du pouvoir royal. Il a souvent été banni suite à des magouilles, mais revient en sauveur. Ici, on ne va pas jusqu'à l'introniser à la place du roi, il reste un réformiste justicier et embrocheur de monstres. Mais toujours en costumes très propres cousus mains, « heritage film » oblige.


*Des monstres assez dégoûtants, ma foi

Le monstrum a une sale tête. C'est normal pour un monstre, mais son absence de véritable forme ajoute à sa laideur. Le Bulgasari était clairement un mélange de dinosaure et de taureau. L'Okja de Bong Joon-ho, sans être totalement une représentation locale, en reproduisait un met très prisé : le cochon. Avec « Monstrum », on pense à l’icône de la ville de Séoul « haechi » ou « haetae » ; animal légendaire vivant en Mandchourie, il protège la ville et rend sage son peuple. Sorte de lion difforme et cornu, il pourrait bien être la référence de notre Monstrum (sans la corne, trop dure à animer mais avec la queue). La modernité biologique vient se mêler quand même de l’affaire quand on apprend qu'il est le fruit d'un mélange de différents animaux étrangers ramenés à la Cour du roi. Monstrum serait-il une parabole raciste ? Il aide d'abord à se débarrasser des méchants exploiteurs du peuple, et ensuite on le fait exploser un peu comme Kim Jong-un dans le film « Interview ». Allez savoir !


*Le burlesque sauve le monstre

Les meilleurs scènes de ce film sont celles du burlesque, du comique pompier : la citation de « Okja » est assez savoureuse. Okja faisait ses besoins sur le collabo de l'industrie agro-alimentaire (Yoon Jae-moon) ; Mulgae pète au visage du Sergent Garcia de service (l'excellent et toujours ironique Kim In-kwon) après avoir dégusté deux ou trois soldats – on ne dira jamais assez combien la « Grande Muette » souffre en silence dans ce genre de film. D'autres scènes restent à ce niveau dont celle où la star de télévision Lee Hye-ri envoie un coup de pied dans les parties génitales d'un eunuque qui ne s'en offusque point. Entre flatulence de monstre et coups bas de midinette, « Monstrum » va-t-il attirer beaucoup de spectateurs ?

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