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Cinéma & dramas

2018 : cinéma en Corée du Sud et blockbusters Made in USA

2018-12-26

Séoul au jour le jour


Les monopoles de production-distribution sud-coréens ont du partager le marché de 2018 avec les blockbusters hollywoodiens dont certains comme « Bohemian Rhapsody » et ses 7 millions d'entrées n'étaient pas attendus au sommet du box-office même si « Illang : The Wolf Brigade » de Warner Bros et Kim Jee-woon n'a fait « que » 800 000 entrées locales. Le film de réincarnation « Along With the Gods, 2 » de Lotte reste de justesse en tête devant « Avengers : Infinity War » et ses 11 millions d'entrées, un record. Au final, il n'y a que quatre films locaux dans les 10 premiers du classement pour sept l'année dernière. Le plébiscité internationalement (et moyen budget) « Burning » de Lee Chang-dong, n'entre même pas dans les 50 succès locaux de l'année (500 000 entrées). Que se passe-t-il ?


*L'écart se creuse entre les blockbusters et les autres

Peut-on parler de fatalité ? Les têtes ont changé au sommet de la direction du KOFIC, le CNC sud-coréen, mais on attend toujours une nouvelle politique réduisant l'écart entre les blockbusters locaux qui font entre cinq et 12 millions d'entrées et le gros des films sud-coréens qui plafonnent à quelques centaine de milliers de spectateurs et beaucoup ne dépassent même pas les 10 000 entrées. Citons les deux parties de « Along with the Gods », qui sont en fait des « ensemble film » qui ont dominé le marché puis les plus sérieux « 1987 : When the Day Comes » et « The Spy Gone North » qui surfent sur la re-politisation du contexte coréen à la fois autour du passé des dictatures et des relations avec le Nord. Les monopoles ont eu aussi de cuisants échecs comme le récent « Default » sur la crise financière asiatique de 1997 ou encore « Rampant », « Monstrum » «Unstoppable » et le retour de « Detective K ».


En gros, si les monopoles produisent quatre films par an chacun (une quinzaine chacun en distribution), ils n'en placent plus qu'un au-dessus des cinq millions. Mais de pas de quoi s'inquiéter pour les trois monopoles (Lotte, CJ, Showbox) qui empochent plus de la moitié des entrées. La galère continue pour les autres mais jusqu'à quand ? Représentants 90 % de la profession, du technicien au réalisateur en passant par les acteurs, ceux-ci seraient bientôt en passe de revêtir des gilets jaunes à la française.


*Situation des petits budgets

Soyons clairs : petit budget veut surtout dire petit budget investit dans le marketing, la promotion des films. Cela peut représenter 30 % du budget d'un film de CJ Entertainment. Les salles, les chaînes de télé et de radio, les sites Internet, les journalistes et autres événements promotionnels prennent de plus en plus de part du budget. Les petits ne peuvent suivre. Le cas de « Beautiful Day » de Jero Yun qui a pourtant fait l'ouverture du Festival de Busan, et qui finira avec presque aucun public local est significatif. Ni les festivals locaux, ni les stars du casting ne sont prescripteurs devant la puissance du marketing des monopoles (voir par exemple, le flop de « Ode To the Goose » de Zhang Lu avec, pourtant, Park Hae-il et Moon So-ri au casting). Il y a pourtant des signes d'espoir - et qui ne viennent pas du gouvernement - : les flops des petits budgets n'empêchent pas le nombre de réalisation d'augmenter.


Au cours d'une discussion avec Lee Joon-dong, vice-directeur du KOFIC et producteur des films de son frère Lee Chang-dong, il nous confiait que le problème n'était plus vraiment de multiplier des salles indépendantes des monopoles mais rendre indépendant le public local vis-à-vis de la consommation conformiste et des battages médiatiques. Très juste.


*Bonnes surprises et remakes

Les bonnes surprises sont venus des remakes toujours plus nombreux localement : d'abord « Intimate Strangers », remake d'un film italien, qui a cartonné. Et ensuite « Little Forest » de l'indestructible Im Sun-rye, remake d'un film japonais qui a aussi assuré son pactole. Ces films sur la famille et le mode de vie sont venus remuer des questions brûlantes actuelles. C'est en effet, son rapport à l'actualité qui marque encore cette année la spécificité du cinéma sud-coréen.


Toutefois, pas de perles en 2018 comme « Karaoke Crazy » l'année dernière. « America Town » du dur à cuire Jeon Soo-il vient à peine de sortir dans des conditions difficiles, tandis que l'attendu « Psychokinesis » de Netflix et Yeon Sang-ho a déçu. L'arrivée de Netflix sur le marché (après la Fox et la Warner qui sont encore, en grande partie, des distributeurs traditionnels) pourrait aussi, dans l'avenir, changer la donne locale avec des films dont la sortie en salle n'est plus la vraie source de réussite. La diversification des ressources financières des films est toujours plus un enjeu local.

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