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Cinéma & dramas

Oh Sung-youn : l'animation engagée

2019-01-30

Séoul au jour le jour

ⓒYONHAP News

Après Yeon Sang-ho célèbre pour le film d'animation « The King Of Pigs », voici Oh Sung-yoon (et Lee Chun-baek) qui après l'incontournable « Leafie » la poule rebelle, revient avec « Underdog » dans une verve similaire. Oh comme Yeon ont pour particularité de s'engager très nettement dans leurs scénarios d'animation ; des scénarios sûrement pour adultes pour Yeon, mais jouant habilement des métaphores à partir d'ambiance de dessins d'enfants pour Oh.


* Sur le long chemin tortueux de l'animation sud-coréenne

Oh Sung-yoon n'a que deux films comme réalisateur à son actif, mais il a déjà un long parcours dans le difficile monde de l'animation du pays du Matin clair. En effet, la présence du puissant voisin japonais et de ses japanimations diffusées à un niveau international à longtemps pesé sur les productions locales dépassées et cantonnées à de la sous-traitance. En 2005, déjà, au cœur du marasme de l’animation locale, Oh Sung-yoon était producteur d'une version dessin animée de la série de films omnibus « If You Were Me » sponsorisée par la ligue sud-coréenne des droits de l'Homme. Les thèmes des migrants, celui de l'examen couperet d'entrée à l'université, celui du sort des handicapés ou du sexisme sont au menu. Oh sera aussi scénariste du second « If You were Me 2 ». Les versions « live » du film sont au nombre de cinq et ont été initiées par le réalisateur Park Kwang-su. Même s'ils attirent des acteurs et des réalisateurs de renom dans leurs rangs, les résultats au box-office sont très faibles du fait d'une distribution hors des monopoles. L'aspect volontairement militant des films, « live » ou d'animation, est déjà très clair. Le numéro 2 dont Oh a signé les scénarios traite des mères seules écrasées par le travail, de l'aliénation de la réussite sociale, du déni d'homosexualité, du trafic de femmes pour des mariages, etc.


*Le succès de « Leafie », la poule libertaire

C'est une histoire de poule réfractaire à toute autorité et refusant l'ordre établi que Oh, cette fois comme co-réalisateur (avec Min Sung-ah), va casser la baraque du film d'animation local. Le film fait plus de deux millions d'entrées dans le pays et voyage très bien partout dans le monde : du jamais vu pour un film d'animation « made in Korea ». La force du film est de ressembler à une aventure à la Disney avec des canards et des poules qui parlent mais qui agissent comme des humains. La différence vient du discours qui est tenu : nous sommes plus proche de « La Ferme des animaux » de George Orwell que des âneries de Donald Duck.


La fable animalière sert de dénonciation des castes sociales et de leurs mode de valorisation-domination : notamment l'industrie et la lignée familiale. Le tour de force est qu'il s'attaque aussi au racisme avec sa poule qui a eu un enfant avec un canard anarchiste recherché par toutes les poulailles. Et c'est aussi une histoire de mère et de femme puisqu'elle doit faire face au sexisme de l'organisation sociale des fermes aristocratiques comme des fermes industrielles. Lecture à plusieurs niveaux réussie qui révolutionne l'animation locale et ses ersatz de japanimation. Et ceci, en 2011, la même année où Yeon Sang-ho sort « The King of Pigs » un brûlot anti-social plus directement orienté vers un public ado ou adulte. Une ère nouvelle semble se profiler, mais le chemin est encore tortueux.


* « 26 Years » et « The Underdog »

Oh enchaîne, en 2012, avec la longue séquence animée introductive du film « live » « 26 Years ». Le film imagine un groupe de rebelles vengeurs cherchant à éliminer un ex-dictateur les mains encore entachées de sang qui coule des jours tranquilles dans sa belle demeure au cœur de Séoul. Trop fort de café pour les conservateurs, le film, basé sur un webtoon à succès, fit presque trois millions d'entrées, mais plomba la carrière de son staff. Il a fallu donc six ans de plus pour que Oh Sung-yoon ressorte un film à un moment où le filon de la critique sociale animée semble battre de l'aile depuis que Yeon Sang-ho, après les célèbres « The Fake » et « Seoul Station », se soit mis à faire des blockbusters « live ».


La sortie longtemps retardée de « Underdog » montre bien qu'il s'agit d'un jeu de pile ou face pour Oh et aussi pour toute l'animation sud-coréenne.

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