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Cinéma & dramas

Another Child: premier film de Kim Yun-seok

2019-05-15

Séoul au jour le jour


L'acteur vedette Kim Yun-seok, héros des films « 1987 », « The Fortress » ou encore, et surtout, « Haemoo » est passé derrière la caméra et derrière le clavier pour signer son premier film « Antother Child » avec au casting Kim Hye-jun, Park Se-jin et lui-même. Il n'est pas le premier acteur à passer le pas de la réalisation, mais est-ce si facile que cela au pays du Matin clair ?


* Une histoire de femmes

Le film « Antother Child » est une histoire de femmes. C'est comme si le macho au grand cœur souvent incarné par l'acteur-réalisateur Kim Yun-seok avait voulu être maître d'un harem d'actrices : citons d'abord la vétérante du lot Yum Jung-ah connue pour ses rôles dans l'excellent « Cart » ou encore « The Old Garden » de Im Sang-soo. Mais les jeunettes, suivent notamment, Kim Hye-jun, et l'un peu moins jeune Kim So-jin, vue dans « The King » ou « The Drug King ». Il s'agit donc d'une jeune fille qui découvre que son père a une liaison avec la mère de sa copine de classe. Les deux gamines vont tenter d'arrêter cette infamie impardonnable, mais elles s'aperçoivent que la maîtresse du père – joué evidemment par le réalisateur Kim Yun-seok lui-même – est enceinte. Le drame psycho-familial peut commencer.


* Les acteurs passés à la réalisation

Alors qu'en France, on a l'habitude de voir Mathieu Almaric devant et derrière la caméra tout comme Romane Borhinger, par exemple, ou encore Alain Chabat (qui vient de tourner en Corée du Sud), ce n'est pas la même histoire ici. On se souvient de l'acteur Yoo Ji-tae (le méchant du film « Old Boy »), car il est celui qui s'est progressivement rapproché de la réalisation. Après plusieurs courts-métrages, il a réalisé « Mai Ratima » qui fut un semi-échec en 2013 puis « The Man Only I can See » qui, comme son titre l'indique, personne n'a vu en 2017. Plus récemment, c'est sans avoir crié gare que l'acteur Ha Jung-woo (le sauveur du monde dans « Take Point » et le super chamane style Matrix dans les deux « Along With The Gods ») s'est mis à réaliser des films : l'excellent film d'humour noir « Fasten Your Seatbelt » en 2013 puis « Chronicle of a Blood Merchant » en 2015. Tous mis ensemble, on peut dire qu'ils n'ont pas touché le gros lot en passant derrière la caméra. Aucun de leurs films n'a été un succès, et on voit bien « Antother Child » suivre la même voie, descendante.


* Une question d'industrie et d'image

Pourquoi le passage des acteurs derrière la caméra est-il difficile en Corée du Sud ? On peut y voir une question d'industrie du film et une autre liée à la culture de l'image de marque. Les Américains ont montré que des acteurs pouvaient devenir de célèbres réalisateurs. Il suffit de citer Robert Redford ou encore Clint Eastwood. Les Français, aussi : Guillaume Canet, le mari de marion Cotillard, a su joué de son actrice de femme pour faire de petits succès de box-office. Yvan Attal, le mari de Charlotte Gainsbourg, en a fait de même. Du coup, cela ne paraît plus étonnant pour le public. Leur image de marque a évolué d'une catégorie à une autre et c'est faite acceptée. Cette flexibilité entre catégories n'est pas encore acquise au pays du Matin clair. Cela est probablement du à la faible liberté d'expression et de choix laissée aux acteurs locaux.


Alors que les vedettes américaines et françaises se libèrent rapidement des contrats leur cousant les lèvres, leurs camarades sud-coréens restent longtemps bridés par leurs engagements vis-à-vis de leur société de management et leurs tout-puissants producteurs. C'est en prenant la parole publiquement à propos des films mais aussi à propos de tout, que les acteurs acquièrent une autre image au regard du public. Leur aura en vient à dépasser celle des politiciens et des manitous de la finance. Cette parole libérée est aussi un vacuum dans la profession. Ils mettent le nez dans les scénarios, donnent conseil sur la réalisation et le montage, etc. Du coup, ils sont aussi acceptés par les professionnels.


En Corée du Sud, ce n'est que récemment que des acteurs comme Lee Jung-jae ou Jung Woo-sung ont brisé les tabous. Lee a, par exemple, critiqué la façon dont un film avait été tourné (Warriors of the Dawn) en pleine promo de ce dernier. De son côté, Song Kang-ho s'est vanté d'avoir pris en main le film « Drug King », officialisant la stratégie des compagnies de production qui veulent donner le pouvoir aux vedettes sur les tournages. La tendance se renforce donc avec Kim Yun-seok et « Another Child ». Rappelons que ce passage derrière la caméra vient souvent d'un sentiment d'insatisfaction des acteurs. De jouets manipulés, ils veulent accèder aux manettes et pensent pouvoir faire mieux que des réalisateurs sans envergures, factotum des compagnies. On les comprend. Mais pour le moment, à voir les résultats au box-office de « Another Child », la route est encore longue.

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