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Cinéma & dramas

Svaha ou ça va pas ?

2019-07-31

Séoul au jour le jour


Il s’agit du « Svaha : The Sixth Fingers » du réalisateur Jang Jae-hyun produit pour Netflix. Ce dernier nous replonge dans le regain actuel du cinéma sud-coréen pour les intrigues liées aux religions et autres superstitions très répandues de nos jours. Surtout que politique et religion sont souvent liés. Le film a d'ailleurs créé la polémique avec une image de Na Cheol, résistant indépendantiste et leader religieux du Daejonggyo au début du 20e siècle. Mettre les pieds dans ce plat là est le mérite du film, pour le reste, on est loin d'un Exorciste à la William Friedkin mais bien plus près de la « netflixisation » d'une grande partie des productions audiovisuelles actuelles.


*Etre ou ne pas être

« Svaha : the sixth fingers » semble être narré par une jeune fille qui nous dit sans ambages être née avec une jumelle diabolique. Elle le sait car une chèvre au regard de braise est née en même temps et elle a reconnu son cri de jument sauvage. En plus, sa jumelle lui a mordu la jambe alors qu'elle était encore dans le ventre de sa pauvre mère. C'est gore, comme mise en bouche mais voilà que les héros arrivent. Lee Jung-jae joue un pasteur méthodique et médiatique qui a affaire à une ribambelle d'autres sectes religieuses. Lorsque le cadavre d'une jeune fille est retrouvé dans un bloc de ciment, il appelle son pote moine bouddhiste à la rescousse. Car il suspecte les vilains sectateurs du Deer Farm. Et donc, comme l'écrivent fièrement les critiques assermentés, c'est une histoire qui ne va pas vous ennuyer durant deux heures. Encore faut-il vivre dans un profond ennui permanent, comme nos braves critiques, pour savourer l'enquête alambiquée qui suit.


* Melting pot religieux

La polémique déclenchée par le film autour d'une figure tutélaire du Dangunisme, la religion du légendaire père de tous les Coréens, Dangun, nous ramène à cette profusion de sectes locales. C'est un peu comme si la multitude de sectes protestantes américaines se mêlait à la multitude des sectes para-bouddhistes et para-chamaniques coréennes. Toutes prêchant l'amour et la paix mais étant, de fait, en concurrence, parfois violente, pour ramener les fidèles naïfs et leurs sous dans leurs pénates dorées. Quoiqu'il en soit, le mystère du vivant hante les pensées sud-coréennes, et un renouveau se fait clairement jour de ce point de vue là (voir les deux gros succès de box-office « Along with the Gods ». Le cinéma n'est donc pas en reste et illustre la tendance, lui qui a déjà une longue expérience dans le genre. La spécificité sud-coréenne serait de faire de tout ça un « melting pot » indigeste brassant au final les mêmes peurs et les mêmes aliénations.


*Netflixisation

Le réalisateur Jang Jae-hyun est diplômé de l'université Sungkyunkwan et de la KNUA (ou K'Arts). Son premier long métrage « The Priests » mettait déjà les pieds dans le plat religieux. Il ne fait qu'enchaîner en élargissant la palette des métaphysiciens de tous poils. On pourrait n'y voir rien que du feu, mais il s'agit  avec « Shvaha » d'un film rapidement acheté par Netflix, et on peu même subodoré un pré-achat du film avant même sa finalisation. Comme la Fox et la Warner (qui avait touché le gros lot avec le film « The Wailling » qui est un peu dans le même genre) Netflix vient influencer la production locale. En effet, comme dans la série « Kingdom », on retrouve des effets venus d'une quantité illimitée de références cinématographiques (c'est presque un dictionnaire). On retrouve également des personnages à double détentes, ils ne sont jamais ce qu'ils semblent être. Non pas pour faire réaliste mais pour ajouter des retournements de situations et customiser les héros gadgets, faciles à répliquer et, au final, consensuels car ils incorporent leur propre critique. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, à la fin. On retrouve aussi le mélange d'effets à grosses ficelles pour séduire un public adolescent tout en cherchant à suggérer une certaine intellectualité pour un public plus âgé. Ce qui correspond aux attentes d'un diffuseur de télévision qui touche un public plus varié qu'en salles. L'éclairage et les couleurs fortes comme la mise en scène dans des décors plus détaillés que dans les productions locales se ressentent de la customisation Netflixienne. Bref, un peu comme la chaîne Canal Plus en France avait inséminé une esthétique et des thèmes dans les production locales, Netflix nous refait le coup, même en Corée du Sud et, en fait, à un niveau international.

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