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Cinéma & dramas

Le BIAF 2019 et le film d'animation en Corée du Sud

2019-10-23

Séoul au jour le jour


Le Bucheon International Animation Festival (BIAF) se maintient malgré le marasme dans laquelle baigne depuis des années l'animation sud-coréenne. La France à travers des jurés et des films invités était bien représentée lors de l’édition 2019 qui s’est achevée hier. Le clou du festival n'était autre que le célèbre « Le Roi et l'Oiseau » de Paul Grimault et Jacques Prévert.


* La compétition internationale

La compétition internationale n'a affiché, malheureusement, qu'un seul et unique film sud-coréen : « Princess Aya » de Lee Sung-gang. La princesse d'un royaume imaginaire est transformée en animal par un mauvais sortilège. Son royaume étant en danger, elle doit se marier avec le prince Vatar du royaume voisin pour se protéger. Mais son aventure se complique quand elle découvre un complot contre elle. Bref, on est dans le conte pour enfant, bien loin de l'inénarrable « Leafie » chef d'oeuvre de l'animation locale, ou même du malheureux « The Underdog » des mêmes réalisateurs. Encore une fois, il faut noter l'écrasante présence de l'animation nippone avec près de la moitié des films en compétition.


* Les autres sélections

Dans la section Ani-together, qui est un showcase de films à succès vus dans l'année précédente, nous avons retrouvé le « Toy Story » de Josh Cooley et le « Pororo, The Little Penguin » du sud-coréen Shin Chang-hwan, dont les enfants raffolent. Le programme spécial a été, sans surprise, consacré à des films primés au Festival d’Annecy en France. Avec des films concoctés aux Gobelins, l'Ecole nationale du film d'animation français, venaient les films de Regina Pessoa (« Uncle Thomas ») ou encore de Bruno Collet (« Memorable »). La Master-class était attribué au Japonais Sunao Katabuchi. A noter, enfin, le Forum qui comprenait une aide à la production de court-métrages d'animation ; une production qui, depuis que Yeon Sang-ho, le chef de file de l'animation sud-coréenne avec « Seoul Station » et « The Fake », est passé au long-métrage « live », semble déboussolée.  


* Le Roi et l'Oiseau

C'est donc le légendaire film de Paul Grimault et Jacques Prévert qui a marqué les esprits et marquera toujours ceux qui le verront. Ce fut l'occasion de rappeler la longue et pénible genèse du film. Inachevé lors de sa première mouture, les producteurs avaient forcé les réalisateurs à sortir le film. Il aura fallu des années (de 1953 à 1980) et toute l'énergie de Paul Grimault pour retrouver la version d'origine et la compléter comme lui et Prévert l'auraient voulu. Prévert ne verra jamais cette version car il mourut quelques années avant sa glorieuse sortie en 1980.


Cette histoire de royaume ubuesque n'en finit pas de démontrer sa modernité et son actualité. A la critique de la dictature et de toutes autocraties, critique déjà vue ailleurs, le film apporte deux idées : il met en scène l'aliénation consentie (expliquée par Foucault), la mauvaise foi (à la manière de Sartre) et, grâce à son personnage de robot permet d'évoquer les technologies, leur usage. On pense immédiatement à l'intelligence artificielle (au « reengineering power ») aujourd'hui en vogue.


Quand le robot, au final, décide de se retourner contre ses maîtres, sa conscience éclaire encore nos sociétés qui mettent la charrue avant les bœufs, l'outil avant l'usage, l’intérêt avant le besoin. Finalement très proche du célèbre « Leafie » de l'animation sud-coréenne qui, sous couvert de fable animale à la manière de « La Ferme des animaux » de George Orwell s'en prenait à la hiérarchie sociale et à l'industrialisation de la nourriture, « Le Roi et l'Oiseau » montre encore la voie à une animation qui dépasse les clivages entre adultes et enfants, entre films de divertissement et films intelligents.

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