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Cinéma & dramas

Woo Min-ho : filmer les complots

2020-02-05

Séoul au jour le jour

ⓒYONHAP News

Le réalisateur Woo Min-ho, s'est spécialisé ses dernières années dans les scénarios complotistes dans le meilleur sens du terme. Manipulations des opinions, collusions en tous genre dans les hautes sphères du pouvoir, Woo rappelle l'Allemand Twyker ; mais avec le sud-Coréen, il n'y a pas de gentils ni de sauveurs : on reste dans la noirceur à tous les étages.


* Des débuts très lents

Woo Min-ho n'est pas un jeune cinéaste débarqué fraîchement comme sa filmographie récente le laisse penser. Il est né en 1971 et a fait des études en Corée du Sud avant de les terminer en Angleterre. C'est d'ailleurs sur la perfide Albion que Woo a réalisé son premier court-métrage en 2000, « Who Killed Jesus ? ». Déjà un premier film complotiste, d'après son titre. Le court-métrage ira dans quelques festivals mais il semble que le jeune homme ne soit pas certain de faire une carrière derrière la caméra, peut-être hésite-t-il avec d'autres sacerdoces. C'est d'ailleurs avec un pasteur protestant comme héros qu'il va commencer sa carrière dans le long métrage dix ans plus tard.


* De Man of Vendetta à Inside Men

En 2010, « Man of Vendetta » est une sorte de demi-film indépendant avec une petite distribution «Synergy ». Un pasteur part à ma recherche du kidnappeur de sa fillette. L'acteur Kim Myung-min y est très réaliste et le film fait un petit score honorable de box-office. Woo enchaîne rapidement sur « The Spies », cette fois pour du commercial pur et dur avec Lotte Entertainment à la manœuvre. Mais la sauce comédie d'action ne prend pas vraiment. Cette histoire d'espion nord-coréen (sujet alors en vogue) qui vend du Viagra venu de Chine tout en aillant femme et enfants est plutôt une grosse farce. Woo tente bien de ramener cela vers le film noir, mais le public ne s'y trompe pas ; le film ne fait pas d'étincelles au box-office. Le réalisateur ne se démonte pas et a compris la leçon : son style c'est le noir et son credo, c'est le complot à prendre au sérieux. Avec Showbox, en 2015, il tourne « Inside Men » qui sera son plus gros succès jusqu'à présent.


* La percée ou la fuite en avant ?

« Inside Men » avec la star Lee Byung-hun (qui fait là son grand retour après un scandale et quelques films hollywoodiens) est, en fait, basé sur un webtoon à succès de Yoon Tae-ho « The Insiders ». Plein feu sur la corruption qui gangrène la Corée du Sud. Candidats véreux à la présidence, mania de la presse corrompus, pot de vin et dessous de table à tout va, procureur qui s'en met plein les poches : il y en a pour tous les goûts. La spécificité du film – qui reste dans un style classique - vient de l'absence de héros. C'est bien un système qui est en cause et non pas des personnalités diaboliques. Vitaminé par son casting avec, notamment, Lee Byung-hun, Cho Seung-woo mais aussi Lee El, le film, qui touche un public qui va bientôt descendre dans la rue pour renverser son gouvernement accusé de tous les maux, fait un bon score au box-office. Woo Min-ho peut se sentir pousser des ailes.


* Drug King et Man Standing Next

Woo s'attaque en 2018 à un sujet nouveau pour le cinéma local : le trafic de drogue.  Avec Hive Media, Showbox et Netflix à la manœuvre, il se paye les stars Song Kang-ho et Bae Doona. Pour « The Drug King », il a jusqu'à 13 millions de dollars de budget. Il a rédigé lui-même le scénario à partir de la vie d'un vrai parrain de la drogue des années 1970. Las, le film, au sujet trop nouveau, est étrangement mal traité lors de sa promotion. Et en plus, Song Kang-ho s’affiche, comme rarement, en tant que vrai réalisateur d'un film dont il dit que personne n'était aux commandes. Woo Min-ho en prend donc pour son grade. Le film fait un petit score mais il a accès à la plate-forme Netflix, ce qui n'est pas rien. Pour Woo, le compte à rebours des réalisateurs qui doivent se refaire une santé commence.


Un an plus tard, en 2019, il sort « The Man Standing Next » avec celui qui lui avait porté bonheur Lee Byung-hun. Woo revient ainsi à son thème favori du complot autour d'un sujet encore brûlant : l'assassinat par un chef de la KCIA du dictateur Park Cheung-hee en 1979. Avec ce genre de film à risque, on peut déjà dire qu’il a décidé courageusement de jouer sa carrière à pile ou face.

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