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Cinéma & dramas

Beasts that Cling to the Straw et Jeon Do-yeon

2020-03-04

Séoul au jour le jour


Le thriller « Beasts that Cling to the Straw » de Kim Yong-hoon, basé sur le roman du Japonais Sone Keisuke, a plusieurs particularités : il sort en pleine propagation du Covid- 19, il est un film post-Oscars après « Parasite » et il affiche deux stars qu'on disait sur le retour mais encore bien présentes Jeon Do-yeon et Jung Woo-sung.


* Intrigue quand tu nous tiens

« Beasts that Cling to the Straw » commence avec une histoire de sac Louis Vuitton (probablement un vrai) mis à l'abri des yeux trop curieux. Et en effet, c'est un peu son histoire qu'on nous raconte. Car à la fin, on va le retrouver mais, évidemment, entre d'autres mains. Joong-man (joué par le toujours excellent Bae Seong-woo) a une mère qui soufre d'Alzheimer et il est couvert de dettes. Mais voilà qu'il découvre le fameux sac de luxe dans des bains publics. La solution à ses problèmes financiers est toute trouvée. De son côté, Tae-young (joué par Jung Woo-sung égal à lui-même), est aussi à la recherche d'argent car sa petite-amie s'est faite la malle avec son petit capital emprunté à des types un peu louches. Et comme la misère ne vient pas seule, Mi-ran alias Shin Hyun-bin est devenue « hôtesse » dans le bar de la très cool Madame Yeon-hee alias Jeon Do-yeon après avoir perdu son petit capital à la bourse. Mais elle a un encombrant amoureux chinois d’origine coréenne qui se propose de tuer son mari violent. Bref, on est bien dans une série de portraits compliqués mais où l'argent joue un rôle essentiel.


* Un film de genre

Il est rapidement évident que la production a calibré le film pour être une sorte de film de genre boosté aux stars. Ce serait un peu à la manière d'Hollywood sauf que la noirceur, la violence et la quantité d'hémoglobine n'iraient qu'à un Tarantino, la distanciation en moins. L'humour est pourtant présent dans ce qui apparaît un jeu sur les clichés du genre dans sa version sud-coréenne. Le réalisateur Kim Yong-hoon (ex-assistant de Jang Jin) tente d'innover dans la structure de son récit. Des chapitres assemblés de manière dyschronologique permettent de découvrir rétrospectivement des liens entre les personnages. Stratégie scénaristique classique, désormais, mais qui reste efficace.


* Performances d'acteurs

Evidemment, tous le monde a les yeux rivés sur la performance de Jeon Do-yeon à qui le film laisse de larges moments de pur jeu où elle peu changer de personnalités à l'envie. Elle assure en très chic « madame » de bar à hôtesses et détient la clef des interactions entre les personnages. On la croyait au bord de la retraite, en la voyant jouer des rôles de mères (celles de grand-mères bientôt) mais non, Jeon est bien de retour en femme mûre, certes, mais elle semble résister aux personnages clichés organisés en rôles sociaux. Elle profite ainsi du mouvement de libéralisation du cinéma sud-coréen qui, comme une lame de fond, peut désormais prendre appui sur sa consécration internationale. Jung woo-sung de son côté, reste toujours très élégant dans les pires situations, difficile de se démarquer de son image sociale super bankable depuis une bonne dizaine d'années.


* Renouveler le genre ?

Bien qu'on pourrait voir ce thriller comme un exercice de style réalisé par un fan de Tarantino (notamment « Reservoir Dogs » et « Pulp Fiction »), ce qui n'est déjà pas si mal, (heureusement qu'il n'imite pas les dialogues interminables et en « private joke » du célèbre Quentin), on note un travail de recherche sur les lieux interlopes, les couleurs criardes et les contre-jours rares dans le cinéma local. Cela devient aussi une nouvelle esthétique, dirons-nous ; le port de Pyongtaek, qui sert de décor à cette histoire, et dont l'aspect apocalyptique joue beaucoup pour cela. Le film a obtenu le prix spécial du jury au festival de Rotterdam.

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