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Cinéma & dramas

Love Conquest et la comédie érotique Made in Korea

2020-06-17

Séoul au jour le jour


Les films érotiques sud-coréens ne semblent pas dominer le marché international comparés à leurs cousins nippons, pourtant un second marché local qui préfère la discrétion existe bel et bien. Le film « Love Conquest », sorti en pleine crise sanitaire due au nouveau coronavirus, nous donne l'occasion d'en parler.


* Play-mates et romance

Evidemment, même s'il s'agit de montrer sous tous les angles les deux play-mates du film, Kang Ye-bin et Shin Sae-rom, du côté féminin et Oh Hee-joong, du côté masculin, le film a néanmoins une histoire entre romance et comédie. Donc, le sémillant et bodybuildé Oh Hee-joong a un faible pour une habituée de son club interprétée par Shin Sae-rom. Il se promet de déclarer sa flamme après 1 262 jours. Mais voilà, il découvre que sa dulcinée a une relation avec un autre homme. Déprimé, il se branche sur un site de rencontre « Adventure M » pour obtenir les conseils d'une pro, en l’occurrence la svelte Kang Ye-bin. La leçon d'initiation commence avec la tournée des love-hôtels du quartier... Au niveau du style, on est dans la sitcom, avec des demoiselles à la beauté plastique de salles de gym et de salles opératoires, et peu de vraies scènes érotiques, et, malgré des lieux bien réels comme les très kitch couleurs et gadgets des légendaires love-hôtel sud-coréens, une sorte de motel pour les « amoureux », le film s'étire en longueur.


* Une longue histoire

L'un des plus connus et remarqués films de comédie érotique est le célèbre « Sweet Love and Sex » signé par l'inénarrable Bong Man-dae en 2003. Son meilleur film à ce jour qui fera la tournée de plusieurs festivals internationaux mais ne profita que moyennement au réalisateur - même s'il rempila pour des séries destinées à l'étranger puis le bien plus sage « Artist Bong Man-dae » en 2014. Mais l'archétype du genre était fixé – précisons quand même que le film « Lies » de Jang Sun-woo avait ouvert la voie en 1999 mais, et malgré des scènes nettement comiques, dans un contexte d'auteur moderniste plus que dans le cinéma de genre. La différence entre les anciens films d'hôtesses sud-coréens et ces comédies érotiques modernes tient dans le fait que les femmes y ont un rôle parfois moteur alors que les anciens mélos sur des prostituées ou des « gisaeng » dans les versions en costumes en faisait des souffre-douleur passives (même « Ardor » de la réalisatrice Byun Young-joo, en 2003, restera dans ce cadre dramatique bien que modernisé). Le regretté Park Chul-soo avec « Green Chair » en 2000 puis « BED » en 2012 et « Red Vacance Black Wedding » en 2014 en donnera des variantes plus ou moins reconnues mais toujours satirico-comiques. Le dernier film connu du genre est « What A Man Wants » de Lee Byung-hun, remake esseulé d'un bien plus érotique film tchèque à succès. C'est que le marché « mainstream » local n'est pas la vraie cible de ces films.


* Le second marché

Si la censure sous les dictatures a favorisé la réalisation de « films d'hôtesses » pour des salles de quartier spécialisées, le changement d'optique de cette même censure et la fermeture des salles de quartier a envoyé ce genre de films dans les marchés parallèles des chaînes de love-hôtel puis des DVD et des VOD. Peu coûteuse et en relation avec les réseaux de prostitution à la fois nationaux et internationaux, la production sud-coréenne a prospéré discrètement, ses chiffres n'apparaissant nulle part officiellement, les cinéastes eux-mêmes niant toucher à ce maigre gagne-pain. C'est dans ce cadre que, pour gagner un public féminin, les comédies érotiques ont pu avoir une nouvelle place. Les tentatives de Bong Man-dae et de Park Chul-soo puis Lee Byung-hun pour - comme aux USA avec la série « Sex and the City » - faire entrer la comédie érotique dans le cinéma mainstream n'a pas eu un grand succès. Disons aussi que des auteurs reconnus comme Hong Sang-soo pour « Virgin Stripped Bare By Her Bachelors » ou Park Chan-wook pour « Mademoiselle » ont introduit l'érotisme direct, souvent comique, dans leurs films. Il aura donc fallu un virus mortel pour que, profitant des espaces laissés vides sur les écrans, une nouvelle comédie-érotique réapparaisse dans un sous-mainstream de circonstance.

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