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Cinéma & dramas

Deliver us from evil or not?

2020-08-19

Séoul au jour le jour


« Deliver Us From Evil » est un polar signé Hong Won-chan avec les stars Hwang Jung-min et Lee Jung-jae, et - dans un film peu propice aux personnages féminins - l'apparition toujours attendue de Choi Hee-seo, connue pour « Anarchist from the Colony ».


* L'intrigue

L'intrigue de « Deliver Us From Evil » ressemble, au début, au célèbre « Killer » de John Woo. Un mercenaire réputé joué par Hwang Jung-min s'apprête à se retirer des voitures, lorsqu'un kidnapping a lieu à Bangkok qui l'oblige à régler cette dernière affaire. Mais le frère de sa dernière victime, un yakuza à demi-fou joué par Lee Jung-jae ne veut pas le laisser filer, et veut sa vengeance. Il va alors coller sans relâche aux basques du tueur repenti. Belle excuse pour une série de scènes d'action – souvent au ralenti et au stop-motion – agrémenté de courses-poursuites en voiture et de bastonnades sanglantes à l'arme blanche, comme souvent, prises de kung-fu comprises. 


*L'international

On l'avait annoncé après les oscars : l'industrie sud-coréenne du film repart à la conquête du monde. « Deliver Us From Evil » est clair à ce sujet : les lieux sont variés avec la Corée, le Japon et surtout la Thaïlande qui occupe 80 % du film. Les langues aussi sont variées avec le coréen, l'anglais, le tagalog, le japonais, etc. Les cinéastes sud-coréens sont souvent remarquables quand ils tournent à l'étranger. L'exotisme leur inspire une liberté qu'ils n'ont pas dans les décors de Corée du Sud. On se souvient de « Too Young to Die » et de « Cut runs deep » qui se déroulaient aux Etats-Unis, ou encore de « Day and Night » et « A Korean in Paris » qui se déroulaient en France, et « Yellow Sea » qui se déroulait dans la province autonome de Yanbian. Au-delà de la conquête de marchés, cette ouverture esthétique à l'international, dans les lieux, les langues et les ambiances est prometteuse pour les films à venir.


*Surenchère du genre

Les effets de ralenti dans le style stop-motion ne sont pas les seuls à recycler des fragments esthétiques venus des classiques du film noir. Dépassant la mauvaise copie, l'édulcoration ou le clin d’śil, la surenchère dans le genre est la loi qui semble être la nouvelle dynamique en vogue. Mais ce n'est pas aisé d'innover au niveau formel (le contenu narratif étant scellé depuis longtemps). Ici, le boulot a été refilé à l'un des deux plus célèbres chef opérateurs du cinéma local Hong Kyung-pyo. Il est derrière la caméra de plusieurs films majeurs de l'histoire du cinéma sud-coréen : « Phantom the Submarine » en 1999, « The Foul King » de Kim Jee-woon, « Natural City », le Blade Runner coréen signé Min Byeong-cheon, « Snowpiercer » et « Parasite» de Bong Joon-ho, etc. Comme c'est un deuxième film tardif réalisé par Hong Won-chan (auteur de « Office » en 2015), il est très possible que Hong Kyung-pyo soit à la manśuvre sur la plupart des scènes. Ses références vont de « Only God Forgive » de Nicolas Refn pour les vues de Bangkok à « Asura » de son collègue Lee Mogae en passant par des films plus navrants comme « Extraction ». De manière générale, la compétition entre les deux chef op. Lee Mogae et Hong Kyung-pyo est une saine émulation pour le travail sur les couleurs et les lumières dans le cinéma local qui passe plus souvent au niveau esthétique des films noirs internationaux des années 1970-80.


*Duel d'acteurs

Si on peut inscrire « Deliver Us From Evil » dans un genre international précis, il garde une saveur très hollywoodo-coréenne avec le choix de mettre en avant essentiellement un duel d'acteurs, un duel de superstars. Hwang Jung-min, même en gangster redoutable parvient à inclure quelques moments comiques. Lee Jung-jae en rajoute dans sa customisation (tatouages, balafres, coiffures, etc) au point – lui aussi – de produire quelques effets comiques involontaires. 


Choi Hee-seo, toujours excellente, vient défendre la cause des femmes avec quelques apparitions. Ce trop plein de valeurs sures (Mowg à la musique), et cette confrontation peu probable entre Hwang et Lee, auraient pu s'améliorer si des femmes avaient joué des rôles importants. Cet oubli, habituel pour les scénaristes et réalisateurs de films d'action est une faute pour le film Noir classique – héritier du romantisme noir - où le rôle de la femme fatale est essentiel. C'est ce qui, peut-être, affaiblira le succès du film qui est, de toutes façons, garanti par la nouvelle stratégie des distributeurs, c'est-à-dire par sa projection sur presque tous les écrans du pays. 

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