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Cinéma & dramas

Diva vs corona

2020-10-07

Séoul au jour le jour


Après la résurgence de l'épidémie fin août, la plupart des sorties de films avaient été, à nouveau, reportées. Alors que « #Alive » et ses zombies avaient ouvert la voie du retour du public en salles, un mois plus tôt ; qui, cette fois, sera le film qui se risquera à ramener, une seconde fois, les spectateurs au cinéma ? Pour le moment, le risque est pris par « Diva » de la réalisatrice Jo Seul-ye avec le duo d'actrices Shin Min-a et Lee Yoo-young.


* De la phobie aquatique à la piscine pour tous

La réalisatrice Jo Seul-ye, pour son premier film (basé aussi sur son scénario) a eu le nez creux : s'attaquer comme jamais à un contexte aquatique, contexte peu apprécié des sud-Coréens, comme la catastrophe du Sewol en 2014 l'a encore rappelé. Mais ce sera peut-être cette originalité à la fois thématique et esthétique qui fera le succès du film. Pour le moment, l'intrigue est d'abord celle d'un thriller : Shin Min-a interprète une vedette de la natation. Sa meilleure amie, une nageuse aussi, interprétée par Lee Yoo-young sont impliquées dans un mystérieux accident de voiture. A la suite de l'accident, Shin perd la mémoire tandis que sa copine disparaît. Des rumeurs vont bon train autour de cette affaire. Notre nageuse reprend pied et remonte sur les podiums, mais elle est hantée par la peur d'échouer et par l'étrange absence de son amie jusqu'à en devenir folle.


* Emblématique de la compétitivité

Il est clair que le scénario fait de cette rivalité entre nageuses un modèle emblématique du dogme de la compétitivité qui ronge la société sud-coréenne de l'intérieur. Cette compétitivité mise à toutes les sauces est d'autant plus douloureuse à vivre qu'elle est inopérante. Comme les sociologues de la Corée du Sud le notent, la grande majorité des avancements professionnels et des ascenseurs de la hiérarchie sociale sont déjà fixés d'avance en fonction des origines socio-culturelles de chacun. Alors pourquoi tant de bruits et de fureur ? Peut-être pour justement donner le change, masquer l'évidence, comme l'amnésie du personnage de Shin Min-a dans le film semble en être une métaphore. De même, la structure du film en flash-back permet de redécouvrir les relations passées des deux jeunes femmes. Cette structure basée sur le système de dévoilement d'une réalité restée inconsciente, d'une réalité enfin révélée, fonctionne aussi comme une métaphore d'une société baignée dans l'illusion, et une sorte de cauchemar éveillé dont le culte de la compétitivité serait le somnifère et le poison.


* Film de femmes avec des femmes

Il faut noter la performance de la réalisatrice Jo Seul-ye. Dans un contexte d'une industrie du cinéma local presque exclusivement masculine, l'accession à la réalisation de Jo qui a longtemps été scénariste et simple technicienne est un événement notable. Jo est créditée de plusieurs participations à des scénarios de films remarqués : « A Taxi Driver » en 2017, « Vanishing Time » en 2016 ou encore « Ingtoogi » en 2013. Etre crédité pour des scénarios, veut dire aussi qu'elle a du participer à trois fois plus de projets sans l'être. Jo, une proche des frères Park Chan-kyong et Park Chan-wook (qui lui aurait soufflé le titre « Diva ») est aussi, à côté de divers postes de techniciennes, actrice. Elle apparaît dans des petits rôles dans « The Wicked » en 2014, « The Legacy » en 2014 aussi et dans « Ingtoogi » en 2013. Le côté léché des images du film laisse à penser que le chef opérateur Kim Sun-ryung, comme cela arrive souvent pour les premiers films, a eu les coudés franches.


Néanmoins, pour son premier film « Diva » Jo s'est bien entourée d'une revenante pour le grand écran en la personne de Shin Min-a. Après six ans d'absence, l'actrice qui s'est dédiée aux dramas et à la publicité, revient dans un rôle qui la sort de ses personnages de mignonne ingénue ; rôles qui ne l'avaient pas mené bien loin au cinéma. Cela a mieux marché dans les sitcoms télévisées prioritairement destinées à un public féminin. Quoiqu'il en soit, nous sommes bien dans les suites du mouvement #Metoo et la stupéfiante quantité de films mettant en scène des femmes dans des premiers rôles. Reste à voir si cela va marcher au niveau des entrées en salles. La Diva Shin Min-a plonge sans masque ni tuba, ce ne sera pas le cas des spectateurs.

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