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Cinéma & dramas

Voice of Silence : un film qui va faire du bruit?

2020-11-11

Séoul au jour le jour


Le thriller « Voice of Silence » signé de la « jeune » réalisatrice Hong Eui-jong a débarqué avec une aura de film indépendant qui a été remarqué dans les festivals dès l'origine. La présence de la star Yoo ah-in au casting nous taraude alors de questions : est-ce que Yoo s'intéresse aux films indépendants après « Burning » et « #Alive » ? Ou est-ce que ce film n'est pas le film annoncé? Le suspense est entier.


* Une intrigue en résonance avec le COVID-19

Il ne faut pas se le cacher : l'intrigue du film résonne très étrangement au moment où l'épidémie du coronna virus semble s'éterniser et plonger les salles de cinéma dans une ambiance morbide. Car, morbide, cette intrigue l'est au plus haut point. Deux blaireaux sont chargés de « nettoyer » les cadavres laissés par une organisation mafieuse. Ce n'est pas fantaisiste, cela existe réellement dans les grosses organisations criminelles et mêmes dans les services secrets chargés des basses besognes. La Corée du Sud des dictatures s'en souvient bien. Bref, l'un des deux blaireaux, joué par Yoo Jae-myung, a un autre boulot de vendeur d’œufs. C'est la misère, donc ; mais il assume et reste toujours sur une humeur positive. Ce n'est pas le cas de l'autre, joué par Yoo Ah-in. Il reste muet devant la tâche qui ressemble à celle de Sisyphe (mais pas le Sisyphe heureux d'Albert Camus). Mais voilà que les deux lascars doivent s'occuper d'une petite fille de 11 ans, bien vivante. On frôle soudain la comédie surtout quand leur commanditaire meurt et qu'ils se retrouvent avec la petite sur les bras. Heureusement, ils ont aussi une petite sœur pour les aider, et heureusement, la petite, kidnappée à la place de son frère, voit en ces deux blaireaux de nouveaux gentils parents un peu débiles.


* Crime et écran du diable

Bref, on l'aura compris à la lecture de l'intrigue : le scénario est des plus alambiqués. Débuté très solidement comme une histoire morbide mais riche de ramasseurs de cadavre, les choses tournent à la comédie pour finir dans la confusion générale. Cela provient probablement de la genèse du projet. Pour l'instant, il est clair qu'au niveau thématique, il s'agit d'un nouveau film qui présente des gangsters sous un bon jour. On avait vu des thrillers avec des bosses joués par des stars qui flambent comme des héritiers de chaebols. La métaphore promotionnelle était claire sur la vie des riches qu'ils soient gangsters ou chef d'entreprise. Cette fois, il s'agit de la piétaille, de petites frappes attachées aux basses besognes. Le scénario, en leur attribuant un portrait plutôt sympathique, remet une couche sur la tendance actuelle des thrillers sud-coréens à vanter les vertus du crime organisé sur le modèle des films américains. Mais le cinéma n'a-t-il pas été qualifié « d'écran du diable » dès ses débuts ? Et le diable a du succès. Surtout s'il s'habille en Prada, ce qui n'est pas le cas ici, car les rôles féminins manquent cruellement (les deux petites donnent un peu le change, un peu). Ce qui malgré la présence de la star Yoo Ah-in, bankable à lui seul à hauteur d'un million d'entrées, risque de refroidir le public féminin.


* Etrange mixture

S'il s’agit d'un film d'hommes et de petites filles, la réalisatrice de « Voice of Silence » est bien une femme : Hong Eui-jeong. Cette dernière est issue de la KNUA (ou K'art), école nationale du cinéma en Corée du Sud. Elle est probablement diplômée de la section « cinématographie », car son film montre une attention au cadre et à l'esthétique des images qui dépasse les normes locales et explique la lenteur du rythme. Sinon, la présence de Yoo au casting pourrait l'insérer dans la sphère des assistants de Lee Chang-dong. Toutefois, elle a réalisé des court-métrages remarqués comme « Habitat » en 2018. Le scénario de « Voice of Silence », sont premier long métrage a reçu des prix aux festivals de Venise et à Sundance. Il a aussi été vendu sur le marché du film (virtuel) de Cannes en 2020. Du coup, ses producteurs sont étrangers, notamment Afolabi Kuti pour Broedmachine. Une série de petites sociétés de production sont derrière le projet, mais c'est la major locale Next Entertainment World qui assure la distribution. Ce qui fait du film un demi-film indépendant, sans toutefois nier un choix de la star Yoo Ah-in pour un film à la saveur internationale et indépendante.

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