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Cinéma & dramas

The Day I died, en un seul mot

2020-12-09

Séoul au jour le jour


Au moment où la pandémie repointait son nez dans le pays, le thriller bien nommé « The Day I Died : Unclosed Case » signé par la réalisatrice Park Ji-wan est arrivé sur des écrans de cinéma désespérés de voir leurs blockbusters passer prioritairement sur Netflix. Ce qui n'est pas un mal en soi : cela donne, par exemple, une chance d'exister à ce petit film concocté par une femme et avec l'actrice vétérante incontournable Kim Hye-soo.


* Trouver la femme

Après une carrière chargée en tant que flic, Hyun-soo interprétée par Kim Hye-soo est devenue détective privée comme on en trouve rarement au pays du Matin clair. Il faut dire qu'elle sort d'un divorce compliqué. Et voilà qu'elle prend en charge un « cold case », une affaire classée sans suite dans le jargon juridique français. Il s'agit du suicide d'une ado jouée par Noh Jeong-ee dont le corps n'a jamais été retrouvé. Mais les choses se compliquent quand notre bonne détective apprend que le père de l'ado nageait en eaux troubles et que la petite avait été gardée au secret sur une île. C’est de la qu'elle a sauté dans une mer agitée par un typhon. Le drame donc.


* Sherlock, sur le retour

En véritable Sherlock des familles, voilà notre détective au brushing impeccable qui découvre indices sur indices. La théorie du complot mondial n'est pas loin, on attend même de voir apparaître quelque chose venu de l'espace. Et dans l'espace, le film l'est vraiment. Car comme d'habitude dans les sitcoms, la flic se prend de sympathie pour la victime voire commence à communiquer par télépathie avec elle. On arrête pas le progrès. Ce qui est finalement assez féminin dans l'inspiration du film tient dans sa noirceur psychologique, un fatalisme absolu, une contrition permanente des personnages sans qu'on sache au fait pourquoi. C'est le fameux « Hell Joseon» a tous les étages.


* Casting de femmes

On l'aura compris, c'est surtout comme écho au mouvement #metoo que ce film a un intérêt. En effet, le casting met essentiellement au premier plan des femmes. Même le rôle principal confié a Kim Hye-soo semble artificiellement créé pour souligner la substitution de rôles normalement et réalistiquement attribués aux hommes. Parmi ces  actrices, on note la performance de Lee Jung-eun, déjà connue pour son rôle dans « Parasite » de Bong Joon-ho. Elle vole la vedette à une Kim Hye-soo peu crédible en divorcée en mal d'enfant et détective de haut vol. Presque sans dialogues, Lee emporte le morceau et tient un crachoir de haute volée à ses collègues. 


* Mélo

Vers la fin du film la tendance au mélodrame atteint son paroxysme. La petite fille aux allumettes de Dickens pourrait aller se rhabiller. Noh Jeong-ee en fait des tonnes en mimant une douleur psychologique dont on s’étonne sans cesse. En effet, l'histoire perd sa cohérence rapidement, on ne parvient pas à vraiment suivre la logique de toute cette affaire. Trop d'indices tue l’enquête comme le disent les agents des renseignements généraux. Mais cela n'est pas une erreur de scénario, c'est plutôt une volonté de la réalisatrice d'en faire des tonnes, faire de l’épate et du sensationnalisme. Comme il s'agit de sa première réalisation, on sent le travail du chef opérateur qui a pris les commandes de l'image du film. Probablement formé à la télévision, il lui reste encore du chemin à faire pour accéder au rang de directeur photo pour film noir. Pour l'instant, on en reste au mélo version féminisée. Le happy end final était prévisible comme dans un film de super héros à la Marvel mais n'efface pas le plomb déversé sur la conscience déjà douloureuse des spectateurs courageusement venus masqués voir ce film. Il ne reste qu'à souhaiter a cette nouvelle réalisatrice, issue de la désormais prestigieuse KAFA, Korean Academy of Film Arts, de s'aventurer vers d'autres horizons plus créatifs sans pour autant renoncer à profiter des espaces libérés par les blockbusters. Surtout que la fermeture annoncée de 20 % des salles gérées par les grosses chaînes devrait donner de la visibilité aux salles indépendantes qui ont survécu. Attendons de voir...

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