La comédie d'action « Collectors » de Park Jung-bae avec Lee Jae-hoon et Jo Woo-jin est une sorte d'Indiana Jones qui viendrait explorer (voire voler) les trésors archéologiques coréens. Courses-poursuites, vols de momies, de couronnes de bijoux et d'autres frivolités déjà vues dans les classiques du genre sont au programme, excepté l'effet de surprise et le grain de folie nécessaire pour faire décoller les stéréotypes.

* Voleurs de tombes

Le toujours sémillant Lee Jae-hoon interprète un voleur de tombes. Il sait même les renifler de loin et refourgue sa camelote à des collectionneurs d'antiquité : si, cela existe. Ici, il est sur la piste d'une statue de bouddha en or, le nec plus ultra de la profession. Mais il a de la concurrence avec des voleurs liés à une grosse compagnie du marché noir des antiquités (c'est la lutte des classes version voleurs de tombes). Lee Jae-hoon n'a plus qu'à réunir une équipe de voleurs d'élite pour débusquer le précieux trésor avant la concurrence. Le problème du scénario est vite de trouver ce qui pourrait bien empêcher cette bande d'acteurs frétillants et dynamiques de parvenir à ses fins. Le public aussi aimerait presque qu'ils échouent tellement l'histoire est cousue de film blanc dès le départ.

*Film de groupe et Lee Won-hee

Le risque des films basés sur un nombre important d'acteurs est d'accumuler lourdement les clichés autour de personnages customisés à outrance. C'est un peu le cas ici. Par exemple, l'actrice Shin Hye-sun, est bien charmante mais simple potiche tout au long du film. La vedette Lee Jae-hoon se contente de poser avec son sourire en biais car il sait que le film est, avant tout, un showcase de ses différents profils destinés à ses fans. L'excellent comique Lee Won-hee est le seul à tirer son épingle du jeu. Sa frimousse d'ours mal léché aux yeux de serpent alcoolisé fait merveille. Dachimawa Lee, son autre nom, est connu pour ses rôles importants dans « Die Bad », « Three Extremes », « Crying Fist » ou encore « M ». Malheureusement cantonné dans des sous rôles de comiques comme dans l'inénarrable « Makgeolli Girl », il sort de temps à autre de sa boîte de zébulon comme dans la série à succès des « Along with the Gods ». Bien qu'il se donne à fond dans « Collectors », il ne peut rien changer à son rôle par trop limité.

* Les trésors de l'archéologie coréenne

Finalement, ce film est surtout un symptôme de l'expansion de l'archéologie scientifique en Corée du Sud. En effet, l'archéologie a d'abord été une histoire de chercheurs d'or et de voleurs qui ont rempli les musées européens pendant des années. Les Coréens n'étaient pas sur les rangs, à l'époque. L'archéologie scientifique, celle qui ne s’intéresse pas qu'aux trésors ni qu'aux accessoires des princes et princesses, est apparue en Europe au début du vingtième siècle. En Corée du Sud, pour des raisons politiques et historiques, le chemin a été plus long. Mais grâce à une nouvelle génération de chercheurs et d'historiens, et grâce à la nouvelle industrie touristique, le pays du Matin clair a commencé à sérieusement creuser pour retrouver les vestiges du passé. Fini donc les textes historiques alambiqués et vénérés comme un culte, voilà venu l'ère des traces concrètes du vécu des gens du passé.

Le film tente, malgré tout (vieille habitude) une politisation de l'archéologie en allant en Chine chercher des histoires. Mais, il se rétracte très vite et se recentre sur Séoul, notamment, sur les tombes royales de Seolleung. Malheureusement, ce n'est qu'un décor de carton-pâte. On aurait bien voulu voir les vrais lieux. Mais ce sera peut-être pour une prochaine fois. En attendant, le film a commencé à creuser un trou dont on est pas près de voir le fond.