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Cinéma & dramas

O.T.T v.s CDN

2021-11-17

Séoul au jour le jour

ⓒKBS News

Les O.T.T, alias les multinationales de commerce dites « Over The Top » posent quelques questions en ce moment en Corée du Sud. Sont-elles en règles avec nos amis les CDN, alias les Content Delivery Network ? Vont-elles conquérir le monde de l'audiovisuel ? Comment gérer leur expansion exponentielle ? Toutes questions qui ne vous font sûrement pas dormir sur vos deux oreilles comme à l’accoutumée. Essayons d'y voir plus clair. 


* O.T.T au pays du Matin clair

Il faut bien l'avouer, on ne s'y reconnaît plus avec tous ces sigles qui changent tous les six mois en fonction des mots d'ordre venus d'en haut. On parlait il y a quelques mois encore de V.O.D, par exemple. Mais c'est qu'il s'agit désormais de distinguer les « bons » pourvoyeurs de VOD des autres, les « mauvais ». Vous l'avez deviné, il s'agit surtout de parts de marchés et de lutte entre concurrents pour s'accaparer ou conserver leurs chers consommateurs. Voilà donc que des plate-formes étrangères se sont imposées peu à peu sur le marché. On pense à Netflix, mais il y a aussi désormais Disney+ et Apple TV. Bref, on ne sait plus où donner de la tête avec tous ses programmes et tous ces abonnements.


* Netflix Korea

Netflix, géant international mais basé aux Etats-Unis, est le premier à s'implanter en Corée du Sud en 2016. Cela ne s'est pas passé facilement. Il y a d'abord eu des problèmes internes à la compagnie qui affrontait au même moment une crise financière et devait convaincre ses créanciers que ses dettes immenses seraient un jour payées. Venait ensuite une résistance sud-coréenne, la même qui s'était élevée contre l'implantation de distributeurs de films hollywoodiens dans le pays. Pourquoi tant de précautions, alors qu'en Europe les choses se sont déroulés entre gros sous autour d'une table et sans trop de tapage ? C'est que même Netflix ne connaissait pas l'état d'extrême concentration du marché local. La liberté d'entreprise du capitalisme est bien un vieil idéal, juste un étendard à brandir dans les bonnes occasions. En tant que diffuseur, Netflix était bloqué même si les monopoles sud-coréens qui contrôlent Internet se sont mis à table. C'est SK qui passe un premier deal avec lui. Mais l'industrie du cinéma veut sa part. Et Netflix, comme dans d'autres pays d'Amérique du Sud ou d'Asie, propose d'investir dans des productions locale. 


Bingo ! Rapidement, les portes s'ouvrent et le géant américain annonce la production de 80 séries et films made in Korea, la création de 16 000 emplois et 7 millions d'abonnés locaux. Les séries font un tabac : « Kingdom », « Vincenzo », et l'énorme « Squid Game ». Déjà pour les films Bong Joon-ho avait ouvert la voie avec « Okja ». Surtout, Netflix arrive comme une bénédiction pour acheter les blockbusters locaux en mal de sortie à cause de la pandémie. Ce sera le cas de « Time to Hunt » puis de « Space Sweepers ». Pour l'avenir d'autres séries, comme « Hellbound » de Yeon Sang-ho, célèbre réalisateur de « Seoul Station » sont annoncées. Bref, Netflix fait désormais parti du paysage sud-coréen de l'audiovisuel. 


*Disney et Apple

Voyant que le nombre d'abonnés locaux place la Corée du Sud au 7e ou au 8e rang des pays accros aux OTT (la France serait au 5e rang après, notamment, le Brésil et, bien sur les Etats-Unis), Disney+ entre dans l'arène. Disney, qui compte déjà plus de 100 millions d'abonnés dans le monde, est lié à la Fox, aux chaînes ABC et Star, aux produits Marvel, Pixar, National Geographic, Stars Wars, etc. Rien que du lourd. Son provider sud-coréen ou CDN est LG Plus-KT. La date du lancement était le 12 novembre pour les visionnages et les productions sont annoncées à hauteur de 500 millions de dollars. Si Disney reste discret sur ses productions locales, Apple TV qui s'est déjà installé depuis le 4 novembre en association avec SK, annonce de grosses productions : « Pachinko » d'abord, une adaptation du roman de Lee Min-ji sur les Coréens du Japon ou encore la série « Doctor Brain » réalisée par Kim Jee-woon, célèbre auteur de « I Saw the Devil ». Apple annonce déjà sept autres productions locales ; de quoi faire saliver les réalisateurs en manque de producteurs mais aussi d'inquiéter les monopoles locaux qui non seulement perdent de l'audience mais aussi perdent le contrôle des parts de marché. 


* Affaire de gros sous

A la différence de la France où l'Etat, en se basant sur les accords en cours entre chaîne de télévision (comme Canal+) et producteur de cinéma a fixé à environ 25 % de réinvestissement des profits des OTT dans la production locale, en Corée du Sud, ce sont les compagnies privées qui négocient directement et parfois confusément. Ainsi, l'accord Netflix-SK est toujours sur la sellette alors que celui entre Apple TV-SK ne pose pas de problème sauf à l'administration des taxes qui veut aussi sa part. On parle de 46 millions de dollars pour Apple TV. Bref, l'avenir va être mouvementé pour les gros sous, mais ce n'est pas forcément cela qui passionne les spectateurs-consommateurs.

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