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Cinéma & dramas

2021 : vivre avec le virus mais sans cinéma?

2021-12-29

Séoul au jour le jour


Vivre avec le COVID-19 serait-il synonyme de vivre sans salles de cinéma ? La question semble ouverte depuis la fin octobre, les déclarations optimistes du festival de Busan et le début d'un relâchement des règles de contrôle anti-virus et dans les salles de cinéma du pays du Matin clair. Cela devait laisser espérer un embellissement d''une situation devenue très étrange depuis le début de la pandémie, mais qu'en est-il vraiment au crépuscule de l'année ?


* Escape from COVID-19

Si l'on en croit les statistiques officielles, le film qui a fait le plus d'entrées en Corée du Sud sur l'année 2021 est « Escape from Mogadishu » de Ryoo Seung-wan. Ce dernier expert en film d'action n'a pas déçu avec une ou deux séquences habilement menée dans le genre. Le film a progressivement atteint les 3 600 000 d'entrées avec un nombre important d'écrans sans toutefois battre des records en ce domaine. Bon résultat en temps de pandémie mais score très moyen pour un blockbuster calibré pour faire 5 millions d'entrées au minimum. Viennent ensuite les blockbusters aseptisés hollywoodiens, donc sans risque de virus. Citons « Black Widow » et « Eternals » qui approchent les 3 millions d'entrées. Notons le faible score de « Dune » de Villeneuve. La SF reste encore le parent pauvre du jeune public coréen qui préfère les féeries de l'heroic-fantaisy de type Marvel.


* Les bonnes surprises

Si l'on ne tient pas compte des scores au niveau des entrées en salle, quelques films sud-coréens ont marqué l'année. Citons notamment « Minari » de Lee Isaac Chung avec son million d'entrées sur une histoire de migrants coréens en Amérique. Les critiques de la presse nationaliste n'ont pas empêché les spectateurs de prendre le risque du COVID et de faire le succès de ce film indépendant à la gloire modeste des millions de Coréens aux USA.


Autre bonne surprise, le film « The Book of Fish » de l'excellent Lee Joon-ik avec ses 300 000 entrées et son noir et blanc peu apprécié des jeunes générations cyber aliénées. Cette parabole philosophique avec l'un des grands acteurs locaux, Sol Kyung-gu a montré que le 7e art sud-coréen peut parler de sujet adulte et décisif.


Evidemment, après ces deux films un peu esseulés vient la litanie des plantages des films des monopoles qui ont pourtant tout fait pour retarder leur sortie. Citons « Hostage : Missing Celebrity » qui pourtant affichait une performance unique de l'inénarrable Hwang Jung-min. Il y jouait là son propre rôle et cela va le coup d'oeil. Mais le film n'a pas décollé au box-office. De même « The Medium » produit par Na Hong-jin et réalisé par Pisanthanakun qui n'a pa pu capitaliser sur une promotion l'annonçant comme un « The Wailling 2 ».


L'autre grand plantage des films des monopoles de production est « Seobok » de Lee Yong-ju avec les stars Gong Yoo et Park Bo-gum. Ses 300 000 entrées doivent à peine couvrir le cachet de la star Gong Yoo. CJ en est de sa poche même si le film a joué le minimalisme au niveau des décors et des acteurs comme beaucoup de films hollywoodiens ces derniers temps.


* Squid Game et des monopoles frileux

Disons le clairement : les discours optimistes d'un festival de Busan qui a prétendu se tenir comme d'habitude ne se sont pas concrétisés. Une bonne vingtaine de films sont restés dans les tiroirs des sociétés monopolistes de distribution-production alors que ces dernières promettaient un retour à la normale sous peu. Les sorties de novembre se font au compte goutte. Ne parlons pas des films indépendants qui ont eu droit à quelques écrans devant des salles vides. La stratégie choisie par les monopoles comme CJ et Lotte a consisté à limité le nombre de films et à leurs réserver un maximum d'écran. On a donc battu des records assurés avec des films sortant sur les trois quarts des salles du pays. Mais, fort est de constater que cela n'a pas vraiment fonctionné. Ils en sont pour leur argent et ralentissent les sorties.


Il faut dire qu'un autre opérateur est entré massivement dans la partie : Netflix. Le succès planétaire des séries « Squid Game » et « Hellbound » ont remis en question le business de la production locale. Surtout que Apple et Disney ont suivi. Une redistribution des cartes est en cours à un haut niveau, manipulant plus ou moins des campagnes anti-OTT dans le pays. Une affaire de gros sous qui passe au dessus des têtes des spectateurs lambda mais qui n'est pas pour déplaire aux créateurs de films. 


Le réalisateur de « Squid Game » Hwang Dong-hyuk n'a pas caché sa joie en affirmant qu'il lui aurait été impossible de faire ce drama dans le cadre des productions locales. Ces dernières mêmes si elles tentent de soutirer le maximum de bénéfices dans les négociations avec les OTT, ne cachent pas !non plus qu'elles tentent de vendre leurs films aux plate-formes, délaissant ainsi le marché des salles. Ces dernières ne peuvent se plaindre comme en France car elles sont intégrées aux monopoles. Ce bilan ne peut donc être que provisoire ou transitionnel. Un grand marché des perspectives futures s'est ouvert. C'est ce que nous verrons la prochaine fois.

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