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Cinéma & dramas

Suddenly in the Dark Night : Giallo coréen 80's

2022-08-24

Séoul au jour le jour


Pour poursuivre notre série à succès des classiques du cinéma de Corée du Sud, nous allons nous intéresser à « Suddenly in the Dark of the Night », un thriller chamanique avec la star montante de l'époque Kim Young-ae. Le réalisateur n'est autre que le célèbre Go Young-nam. Entre Giallo à l'italienne et films de fantôme d'Asie, Go se posait-là comme un rival de Kim Ki-young.



* Femme au foyer et déesse ensorcelante

Disons-le d'emblée : il s'agit d'un film qui tourne autour du personnage d'une femme au foyer - interprétée par Kim Young-ae . Son mari est un professeur de biologie passionné par la chasse aux papillons rares. Pas de quoi fouetter un chat, jusqu'ici, sauf qu'il est attendrissant de voir dans ces rudes années de dictature militaire, un mari et ses potes se marrer en matant des photos de papillons. Même l'épouse semble trouver cela ridicule. Mais voilà qu'une des photos montre une statuette de femme en blanc aux longs cheveux noirs. Trouver l'erreur, c'est ce que demande l'épouse à son mari. Celui-ci lui raconte des bobards car nous avons vu dès avant le générique qu'il s'était aventuré dans une étrange grotte au bord de la mer et qu'il avait été surpris par quelques chose. Le mystère s'épaissit mais voilà qu'entre en jeu une jeune servante pour brouiller encore plus les cartes.



* Classe laborieuse, classe dangereuse

A partir de l'arrivée de la pauvre servante nous retombons en territoire connu dans le cinéma coréen. Les films de Kim Ki-young en sont pleins depuis son célèbre « The Housemaid » en 1960. Ici, la jeune femme est plus que la dangereuse prolétaire venue subvertir la parfaite famille bourgeoise confucianiste, elle est aussi fille de chamane et détient une statuette qui ressemble à celle de la photo ramenée par le mari. Et oui, semble dire le film, les pauvres comme cette soubrette sont aussi des adeptes de la magie noire, magie qui va servir à séduire le parfait mari et pousser sa parfaite épouse à liquider la servante. Et ceci, quitte a affronter la terrible statuette magique soudain incarnée dans le corps de la défunte.



* Drame de la jalousie et éducation des femmes

Entre possession magique et libido débridée, nous ne sommes pas loin de l'inspiration gothique anglaise tendance « giallo » italien. Pourtant, si on adopte un point de vue local, il s'agit avant tout d'un drame psychologique autour de l'éducation des femmes aux foyers un peu trop portées à soupçonner leurs époux d'infidélité. La scènes des bons pères de famille admirateurs de papillons revient à l'esprit augmentée d'une connotation sexuelle à peine sibylline. Ces collectionneurs se montrent attentif à la beauté, et surtout celle des jeunes filles. C'est le cas du mari qui, dans une scène surprenante, s'approche, une clef à la main, de la servante (il vient de garer sa voiture) qui est à demi dévêtue endormie lascivement sur son canapé ; juste avant que son épouse ne l'interpelle ; on se demande bien quelle porte il voulait ouvrir chez la belle endormie. L'épouse commence à cauchemarder des scènes où sont maris se livre à diverses performances érotiques avec la servante. Et comme l'épouse finit statufiée en diablesse chamanique, on peut conclure sur le message psycho-social suivant : à trop vouloir réprimer la libido de leurs époux, les femmes au foyer finissent par devenir des mégères qui torturent les jeunes filles innocentes et risquent de finir à l'asile psychiatrique. De cette affaire, d'ailleurs le mari, s'en sort sans une égratignure, lavé de tous soupçons.


* Go Young-nam entre érotisme et films de genre

Le réalisateur prolifique Go Young-nam, auteur de plus de 100 films, a touché à tous les genres à l'époque des quotaquickies (films à petits budgets tournés pour remplir les quotas d'importation). Ici, l'idée est celle d'introduire quelques scène érotiques dont Go avait le secret dans une intrigue de famille et de servante bien connue. A cela s'ajoute l'histoire de fantôme. Go introduit de nombreuses citations de l'époque : The Shining avec le défonçage d'une porte à la machette, Suspiria avec une longue scène en bleue et rouge dans la nuit et sous la pluie dans laquelle la statuette devenue femme démoniaque martyrise l'épouse qui lui résiste. Et surtout les papillons venues à la fois du célèbre films hongkongais « Butterflies murder » et d'un film de Kim Ki-young « Killer Butterfly » tourné peu avant. Mais Go a aussi ses obsessions et il parsème le film de travellings voyeurs hitchckockiens et de plans fantasmagoriques comme celui de la démoniaque déesse sortant des eaux ou de la chute au ralenti de la pauvre Kim Young-ae. A ce propos, c'est cette dernière qui est mise en valeur tout au long du film. Comme dans un Giallo, la femme est le vrai sujet ; vue sous toutes les coutures, Kim Young-ae, qui plus tard jouera dans le meilleur film coréen de ces dix dernières années « Cart », a ce visage fin, ce regard sensible et des lèvres qui en feront rêver encore plus d'un durant des années.

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